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06/01/2013

Les dimanches poétiques (90)

- "Dommage que les écrivaillons n'aient pas été là pour le voir, ceux qu'on a jetés sur le bûcher où on brûlait leurs bouquins. Le beau, c'est de réduire à néant ce qui est laid, bon à rien, subversif. Ce qui ne se laisse pas mettre au pas.

Elle comprit qu'il n'attendait pas de réponse.

- Le beau, c'est ce qui bouleverse notre routine. Ce qui renverse tout ce qu'on croyait savoir. Ce qui secoue tous les sens, comme si des écailles te tombaient des yeux. Tu te réveilles enfin de ce qui n'était qu'un rêve dans le noir."

Arnost LUSTIG  Elle avait les yeux verts

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19/12/2012

Elle avait les yeux verts - A. LUSTIG

livres, littérature, arnost lustig, guerre 39-45, histoire, actu, actualitéVoilà un roman à la fois dur et poignant sur le sort des prostituées du Feldbordell 232 Est sur la rivière San, situé quelque part en Pologne. Et plus particulièrement sur le sort de Hanka Kaudersova, dite Fine. Un livre où l'on découvre l'horreur des camps de concentration, la logique implacable du système nazi et l'aveuglement des hommes dans les doctrines sorties de l'esprit d'un fou.

Hanka Kaudersova, Tchèque et de confession juive, va faire preuve d'un instinct de survie incroyable. Alors qu'elle nettoie le cabinet du Dr Krueger qui vient d'être renvoyé au front, elle apprend que son remplaçant va recruter des prostituées. Elle décide de rester avec les candidates et ment sur ses origines juives. Blonde aux yeux clairs, elle affirme au Hauptsturmfürher qu'elle est aryenne et catholique, et qu'elle a 18 ans au lieu de 15. Il y a soixante candidates. Seulement trente-six sont retenues. Fine est finalement sélectionnée. Mais sait-elle vraiment ce qui l'attend au Feldbordell 232 Est?

Douze à quatorze fois par jour, 6 jours sur 7 (et parfois aussi le dimanche), elle va devoir faire l'amour (si on peut appeler cela faire l'amour) avec des hommes qu'elle n'aime pas, ne sachant pas comment s'y prendre et dans une cellule au confort plus que sommaire. Les conditions de vie au Feldbordell 232 Est sont épouvantables. Les latrines sont à l'extérieur, le chauffage est plutôt médiocre, et les rations de nourriture déplorables. Il lui arrive souvent de manger des pommes de terre gelées, parfois même des épluchures tellement la faim la tenaille.

Et Fine va endurer cela pendant 21 jours, jusqu'à ce que les Allemands, proches de la défaite, évacuent le camp. Et parmi ces hommes qui vont la toucher, quelques officiers assez ignobles, imbus de leur personne et persuadés du bien fondé des doctrines d'Hitler. Des hommes jouant à la roulette russe avec elle, petite chose fragile toujours sur le qui-vive.

C'est un livre difficile. L'auteur, Arnost Lustig, a été déporté à 15 ans à Terezin, Buchenwald et Auschwitz. Le roman fourmille de détails sur l'univers concentrationnaire. Une histoire qui vient compléter les nombreux ouvrages écrits sur cette période noire de l'Europe.

Elle avait les yeux verts - Arnost LUSTIG - Ed. LGF/ Le Livre de Poche - 2012

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