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25/05/2020

Lettres à Dominique Rolin (T2) - Ph. SOLLERS

L'écriture est tout: elle force, elle traverse, elle démasque, elle règle, elle gagne à tous les coups. Voilà ce qu'on fait, nous autres! Ils ne se doutent de rien, ou de pas grand-chose, ce qui est quand même stupéfiant. Ca se passe pourtant sous leurs yeux, en toute impunité, ou presque. De temps en temps, ils ont un doute... Vite effacé, ce serait trop énorme. Oui, oui, l'Ecriture avec un grand E, biblique!

Le thème de l'écriture est très présent dans les lettres de Philippe Sollers adressées à Dominique Rolin. On sent l'émulation entre ces deux jongleurs de mots, l'incroyable culture générale qui se dégage de ces missives, les encouragements de l'un envers l'autre, dans une bienveillance jamais feinte et où ne pointe jamais une once de compétition. Ils sont complémentaires, font vivre et grandir leur oeuvre mais aussi celle de l'être aimé. Et je me demande si chacun aurait pu accomplir un tel parcours d'écrivain sans leur rencontre? Parce que c'est avant tout une histoire d'amour qui se joue-là. Certes, il est beaucoup question d'écriture, mais elle n'aurait pas été la même sans cette admiration respective et cette passion amoureuse. Parce que c'était lui. Parce que c'était elle. Elle avait vingt ans de plus que lui et avait déjà eu plusieurs vie quand ils se sont rencontrés en 1958. Ils étaient fous. Et ils ont bien fait d'y croire.

On mesure au fil de la lecture l'attachement et la passion qu'il y a entre ces deux êtres. C'est beau, romanesque, un peu foutraque. Il y a beaucoup de néologismes et notamment des mots d'un code amoureux qu'ils se sont créés. Un code amoureux pour tromper les autres, car Philippe Sollers est marié depuis les années 60 à Julia Kristeva. Y avait-il un accord tacite entre eux dès le départ ? que sa relation avec Dominique Rolin n'était pas négociable? Pour les curieux, notons qu'ils ont co-écrit "Du mariage considéré comme un des beaux-arts". Mais je digresse!

Pour tout vous dire, je n'avais pas envie de quitter cet ouvrage. J'ai dû annoter quasiment toutes les pages et me suis prise à rêver d'une âme soeur avec laquelle j'aurais cette complicité d'écriture et de partage. Cette passion amoureuse sans pour autant être liés par les liens du mariage. Simplement liés par le corps et les mots... Et autant vous dire que je prévois de lire le premier tome qui rassemble une partie des lettres que l'auteur a envoyées sur la période 1958-1980 et bien sûr de lire celles que Dominique Rolin lui a adressées.

Lettres à Dominique Rolin 1981-2008 - Philippe SOLLERS - Ed. Gallimard - 2019

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04/01/2020

Une année de lecture

Je fais habituellement un bilan de mes lectures s'étalant du 1er août d'une année au 31 juillet de l'année n+1 mais en 2019 je n'ai rien rédigé. Premièrement le mois d'août a été chargé et deuxièmement je n'avais pas le goût à la rédaction d'articles l'été dernier (et plus largement l'année dernière). Une autre raison qui pourrait expliquer cette absence de bilan lectures en août est le constat que ce bilan était très mauvais...

En effet, du 1er août 2018 au 31 juillet 2019 je n'ai lu que vingt-quatre livres contre trente-neuf l'année précédente. C'est quand même quinze livres de moins... Fatigue et panne lecture n'ont sans doute pas aidé et  expliquent en partie ce bilan catastrophique. Peut-être aussi quelques mauvais choix de livres, dont les histoires ne m'ont pas emballée, mal construites à mon goût. En tout cas très peu de "page-turner" cette année.

Le montant total de mes lectures s'élève donc sur un an à 346,50 euros mais je n'ai réellement dépensé que 167 euros car beaucoup de livres m'ont été prêtés par des amis et certains livres lus résultaient de partenariats.

Malgré ce mauvais bilan, quelques ouvrages sont quand même à retenir. Tout d'abord Madame Pilynska et le secret de Chopin d'Éric-Emmanuel Schmidt. C'est à la fois fort et léger. Un roman qui ne laisse pas indifférent. J'ai aussi beaucoup aimé Les huit montagnes de Paolo Cognetti. Une sorte de roman initiatique. Le chemin des fugues de Philippe Lacoche, roman de terroir d'une causticité délectable, m'a bien plu. La Révolte de Clara Dupont-Monod, récit historique romancé mettant en scène Aliénor d'Aquitaine, m'a emmenée sur des terres inconnues et m'a contée la vie d'une femme au destin peu ordinaire. Avec Le suspendu de Conakry de Jean-Christophe Rufin j'ai fait connaissance avec un consul qui a tout de l'anti-héros mais qui néanmoins a de vraies qualités d'enquêteur. Enfin, je suis partie dans l'archipel des Orcades avec L'écart d'Amy Liptrot. L'histoire d'une descente aux enfers et d'une renaissance. Un roman très minéral, où le vent déplace tout sur son passage, où les embruns bouffent la pierre et les visages.

Même si ce bilan est moins bon que le précédent, il n'y a eu aucun abandon. Je vais essayer de faire mieux cette année. Et si je compte un livre de plus au compteur, ce sera déjà une petite victoire.

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29/08/2018

Une année de lecture

Août sonne l'heure des bilans. Et notamment du bilan lecture. Pour la septième année consécutive j'ai calculé le nombre de livres lus et le coût de ceux-ci. Et le bilan est à peu près identique à celui de l'an passé et me satisfait étant donné les circonstances. Oui, il a fallu trouver du temps et bien souvent la fatigue m'emportait dans les bras de Morphée bien avant que je n'ai parcouru deux pages. Parfois je n'avais même pas l'envie d'ouvrir un bouquin...

La bonne nouvelle c'est que j'ai lu sept livres de plus que l'année dernière, soit trente-neuf livres au total. Le coût de ces lectures s'est élevé à 530 euros. Ceci étant dit je n'ai dépensé que 185 euros. On m'a prêté beaucoup de livres et plusieurs m'avaient été offerts ou bien résultaient de partenariats.

Neuf livres m'ont particulièrement plus tant par leur sujet que par leur construction. Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee, Une trop bruyante solitude de Bohumil Hrabal, Quand sort la recluse de Fred Vargas, On la trouvait plutôt jolie de Michel Bussi, La gouvernante française d'Henri Troyat, Le jour d'avant de Sorj Chalandon, Ce qu'on entend quand on écoute chanter les rivières de Barney Norris, Pactum salis d'Olivier Bourdeaut, et Un été avec Homère de Sylvain Tesson.

De très belles découvertes pour la plupart même si tous les livres lus cette année ne furent pas tous des coups de cœur. Aucun abandon. Il est vrai que j'ai tendance à persévérer lorsqu'une lecture me plaît moyennement mais cela m'est déjà arrivé par le passé de laisser tomber certains ouvrages. Donc un bilan très positif. J'espère faire aussi bien cette année.

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02/08/2018

Un été avec Homère - S. TESSON

littérature,l'iliade et l'odyssée,homère,un été avec homère,sylvain tesson,actu,actualitéLa lumière possède une chair, un velouté, une odeur. Lorsqu'il fait chaud, on l'entend bourdonner. Elle tourbillonne dans les arbres et révèle chaque rocher, souligne le relief, allume ses étincelles sur la mer. Il faudrait étudier scientifiquement les phénomènes atmosphériques, hydrographiques et géologiques qui confèrent à la lumière grecque cette immanence, cette douloureuse limpidité.

Je n'irai pas jusqu'à dire que tout ce que touche Sylvain Tesson se transforme en or, mais quel plaisir de le suivre sur les traces d'Homère et de ces personnages de l'Iliade et de l'Odyssée. Il nous embarque dans une aventure lumineuse. Qui de nous a réellement trouvé plaisir et compris les enjeux de ces deux grands poèmes lorsque nous devions les étudier en classe? Pour ma part, ils étaient nimbés de mystère jusqu'à il y a peu. Jusqu'à ce que j'ouvre le livre de Sylvain Tesson.

Mes amis, quel voyage! A travers neuf grandes parties l'aventurier philosophe nous restitue l'essence de l'Iliade et de l'Odyssée. Après avoir évoqué les conditions dans lesquelles il a écrit ce livre, Sylvain Tesson nous fait entrer dans le vif du sujet. Ainsi le premier texte nous plonge au cœur de la guerre de Troie. Le second nous raconte le retour en ses terres d'Ulysse, jamais cité dans l'Iliade mais qui y a joué sa part, notamment en suggérant la ruse du cheval.

La guerre peut être belle mais elle est aussi hideuse. De même, la nature peut montrer ses beautés mais elle sait aussi se déchaîner pour montrer qu'il faut la respecter. On ne l'utilise pas à ses fins impunément. Les hommes en font l'amère expérience. Et Tesson fait un parallèle avec notre époque. Il souligne avec vigueur cette tendance de l'homme à utiliser les ressources que la planète nous offre comme si elles étaient inépuisables. Cette façon que l'humain a de polluer et de produire toujours plus, alors qu'il devrait se contenter de ce qu'il a. Et la planète est d'ailleurs en train de nous le faire payer: réchauffement climatique, pluies acides, montée des eaux... L'homme ne sait décidément pas se conduire. L'Iliade et l'Odyssée sont terriblement d'actualité. Ces textes sont d'une incroyable modernité.

En conclusion, ce fut un agréable moment de lecture même si le texte est parfois ardu. Au final je suis réconciliée avec Homère qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable lors de mes études dans le secondaire...

Un été avec Homère - Sylvain TESSON - Ed. des Equateurs / France inter - 2018 

11/06/2018

La play-livres

Alors que je musardais sur le blog de l'Irrégulière je suis tombée sur ce questionnaire. Elle l'avait elle-même trouvé sur le blog de Mind The Gap. N'ayant pas beaucoup de temps pour chroniquer mes lectures en ce moment (qui du reste ne sont pas nombreuses puisque j'ai le rythme de lecture d'une tortue depuis quelques semaines) je me suis dis que ce pouvait être sympa de répondre à ce questionnaire pour faire bouger un peu mon blog.

 

1. Quel est le dernier livre que vous vous êtes offert?

Eh bien en fait ce n'est pas un livre, mais deux livres que je me suis offert! Un été avec Homère de Sylvain Tesson, parce que j'adore sa plume et que ça va me réconcilier avec l'Odyssée, Ulysse et tous les protagonistes de cette épopée que je trouvais assez barbante lorsque je devais l'étudier en cours. Et puis Madame Pylinska et le secret de Chopin d'Eric-Emmanuel Schmidt. Pour Chopin et la Pologne... et aussi parce que ce titre m'intriguait!

 

2. Et le dernier livre que vous avez offert?

Je crois que c'était L'homme-joie de Christian Bobin... J'offre peu de livres. Je sais, c'est un tort.

 

3. L'île déserte est de retour, vous pouvez embarquer l'intégrale d'un auteur classique et d'un auteur actuel, qui choisissez-vous?

Si je suis coincée un bout de temps sur cette île je vais choisir des auteurs prolifiques... En auteur classique de choisirai Emile Zola ou bien Jules Verne. Si Isaac Bashevis Singer entre dans la catégorie des auteurs actuels, je le choisis bien évidemment. Ses écrits sont tellement variés que je ne pourrai pas m'ennuyer.

 

4. Quel livre offrir à une personne que vous n'aimez pas?

Si je ne l'aime pas je me demande si je lui offrirais un livre...

 

5. Enfin, le livre qui est pour vous l'histoire d'amour la plus forte?

Peut-être Jane Eyre de Charlotte Brontë. Et En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut.

 

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01/06/2018

Si j'avais un perroquet... - B. CHABOT

41OBRqQiwjL._SX195_[1].jpgEtienne me parla de notre époque et de ses tares, de la possession matérielle, de l'obsession de l'image..., et critiqua le tout vertement. "Nous sommes dans une société où l'on ne se préoccupe que de grossir des seins, des lèvres, du cul, des sourcils, des biceps... C'est affligeant. Et pourquoi pas grossir du cerveau, pour changer un peu? L'humanité est en train d'écrire un chapitre de l'Histoire bien pitoyable..."

Ce livre m'a beaucoup fait rire. Je ne connaissais pas du tout l'auteure mais j'espère qu'elle ne va pas s'arrêter là. Blandine Chabot est franco-québécoise. Elle a le chic pour nous faire passer du rire aux larmes. C'est loufoque, un peu déjanté mais aussi plein d'émotion et intelligent.

Imaginez que vous empruntiez à la bibliothèque de votre quartier un livre de Françoise Sagan dans lequel se trouve un petit papier sur lequel est écrit: "Jean-Philippe 514555-2062 Appelle quand tu veux!" Toute femme raisonnable mettrait ledit papier à la poubelle. Mais Catherine, célibataire depuis deux ans après une rupture douloureuse, y voit un signe du destin. Bon, il faut dire aussi qu'elle a un petit côté fantasque. Et bien sûr elle va appeler, au risque que ce Jean-Philippe la prenne pour une folle... L'initiative sera-t-elle payante?

Je vous conseille vraiment ce roman, ça change de ce qu'on a l'habitude de lire, avec un petit côté feel good.

Si j'avais un perroquet je l'appellerais Jean-Guy (parce que Coco c'est déjà pris) - Blandine CHABOT - Ed. Cherche Midi - 2018

17:30 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

23/05/2018

Pactum salis - O. BOURDEAUT

livres, littérature, pactum salis, olivier bourdeaut, actu, actualitéCertains disent que le deuxième roman d'Olivier Bourdeaut est moins bien que le premier. Personnellement j'ai beaucoup aimé cette histoire, non seulement pour ce qu'elle nous raconte, mais aussi pour la langue (très) travaillée que l'auteur nous livre. C'est finement ciselé, les bons mots sont légion. Le ton est à la fois drôle et sarcastique, espiègle et mélancolique.

L'histoire se déroule dans les marais salants guérandais. Un cadavre est découvert dans un œillet. Seuls les pieds dépassent. Est-ce un homme? une femme? Les informations sont distillées avec parcimonie au fil des pages. Des pages pendant lesquelles Olivier Bourdeaut nous raconte ce qui aurait pu conduire à cette scène digne des meilleurs polars.

Il met en présence deux hommes. D'un côté il y a Jean, le propriétaire d'un marais salant, célibataire et peu bavard. De l'autre Michel, un agent immobilier  parisien qui passe ses vacances à la Baule. Ce sont ses premières vraies vacances depuis plus d'une dizaine d'années, depuis qu'il a commencé à travailler. Deux mondes s'opposent. On pourrait parler de Michel de la Ville et de Jean des Champs. Mais ce serait trop simple. L'auteur nous livre ce qui a amené chacun des protagonistes là où il est aujourd'hui et dans quelles conditions se passe la rencontre entre ces deux hommes. Ou peut-être devrais-je dire, entre ces deux caractères. Parce que l'un et l'autre ont quand même un fichu caractère et sont de sacrés emmerdeurs. Mais malgré tout, les deux hommes vont sympathiser. Par jeu? Par provocation? Allez savoir! L'amitié sera-t-elle un pacte de sel entre ces deux-là?

Ce fut un très bon moment de lecture. J'ai beaucoup ri et j'ai marqué au crayon plein de passages. Olivier Bourdeaut est vraiment un auteur à suivre.

Pactum salis - Olivier BOURDEAUT - Ed. Finitude - 2018