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19/02/2018

Mettre de la distance avec le passé

Simon avait finalement embarqué pour Osaka. Après une escale en Egypte, le cargo avait fait route vers l'Orient. Pendant quinze jours il avait vécu au rythme des matelots avec en bruit de fond la mer et le grincement des conteneurs entassés sur le pont. Pourquoi avait-il fui ainsi? Voulait-il mettre davantage de distance avec son passé? Mettre davantage de distance entre lui et Combloux, entre lui et les Edelweiss, entre lui et Sarah? Il ne savait plus trop pourquoi il lui avait envoyé une carte de Gênes. Ils se connaissaient à peine. Et très mal. Mais il avait eu l'impression qu'elle le comprenait. Certes, il lui avait menti sur son identité et les raisons de sa présence à Combloux mais il pensait qu'elle avait lu en lui. Lorsqu'elle avait posé ses yeux sur lui il avait eu le sentiment qu'elle avait vu tout ce qu'il avait essayé de lui cacher.

Il marchait beaucoup dans la ville. Osaka fourmillait de vie et de rues plus étonnantes les unes que les autres. Il aimait ces petites échoppes de bois qui étaient légion dans le quartier qu'il s'était choisi. Elles proposaient de la nourriture à toute heure de la journée avec ces mêmes vendeurs à la gouaille perçante, pantins interchangeables qui travaillaient sans répit du lundi au dimanche. L'odeur de cuisine, mêlée à celle de l'asphalte, produisait quelque chose d'assez écoeurant. Pourtant, il n'était pas le dernier à y acheter quelque chose pour se caler le ventre. Comme les autres il s'installait sur les bancs adossés aux façades pour manger ces petits pains en forme d'escargot dont tout le monde raffolait, sa chevelure brune ne contrastant pas avec celle des autochtones. Il s'en dégageait une sombre clarté; un oxymore capillaire qui faisait des envieux.

Lorsqu'il n'arpentait pas la ville il restait à la pension et écrivait. Beaucoup. Il noircissait les pages à une vitesse folle. Il couchait sur le papier ce qu'il portait en lui depuis toutes ces années. Le moment était venu de se délester de ce fardeau. Et au fond de lui il savait à qui il enverrait son récit.

Textes précédents:

Il avait la mine grise

Une seule et même personne

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°295 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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Commentaires

Ah mais tu as écrit finalement ! Bravo d'avoir joué le jeu et super ton texte et cette histoire. Un style différent que celui que tu as l'habitude de nous transmettre à travers ton histoire suivie chaque semaine. J'aime beaucoup.

Écrit par : Nady | 27/02/2018

J'alterne entre les histoires. Mais cette semaine (atelier n°296)
j'ai réussi à écrire une suite à ce texte... Je ne sais pas si la prochaine photo me permettra de rédiger la suite de cette suite... LOL

Écrit par : La plume et la page | 07/03/2018

ah ok ! il me faut suivre attentivement alors ;-)

Écrit par : Nady | 07/03/2018

J'ai publié mon texte hier soir, si cela t'intéresse... pour la suite de l'histoire.

Écrit par : La plume et la page | 07/03/2018

Les commentaires sont fermés.