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28/10/2025

La machine à écrire #26

Cette semaine dans l'Inventeur du Siècle nous vous présentons Bernard Leloup et sa machine à beurrer les tartines. 

Monsieur Leloup, comment vous est venue l'idée d'une machine à beurrer les tartines? Je regardais ma mère beurrer ses tartines et avec ses mains déformées par la polyarthrite rhumatoïde elle avait beaucoup de difficultés. J'ai cherché comment je pouvais l'aider. C'est de là qu'est venue l'idée d'une machine à beurrer les tartines. Machine d'utilité publique puisque toutes les personnes souffrant de la polyarthrite rhumatoïde pourraient en bénéficier tout comme nos aînés dont les gestes ne sont plus aussi précis et qui présentent des difficultés de préhension. 

Est-ce que vous espérez commercialiser prochainement votre produit? Oui, je l'espère. J'ai contacté plusieurs sociétés susceptibles de produire la machine mais je n'ai pas encore eu de réponse. 

Avez-vous déposé un brevet d'invention? Eh bien non, pas encore. 

Mais votre machine est bien au point? Disons qu'elle beurre les tartines mais si le beurre n'est pas à température ambiante, le couteau fait des trous dans la tartine, que le beurre soit demi-sel ou bien doux.

Cela dépend uniquement du beurre ou bien également de la texture du pain? Bien sûr, si vous prenez du pain avec une mie trop aérée il y a plus de chance pour que la tartine soit trouée.

N'est-il pas possible d'ajuster le mouvement du couteau à la texture du pain? J'y ai pensé et j'ai contacté un ingénieur travaillant dans le domaine des machines à pain pour résoudre cette problématique. 

Et où en sont les avancées à l'heure actuelle? J'ai le secret espoir que nous réussissions très prochainement à corriger ce défaut pour lancer une production d'ici le mois de mars prochain. 

Exercice tiré du n°6 de La Machine à Ecrire: imaginez une interview de l'inventeur d'une machine à beurrer les tartines pas tout à fait au point. 

26/10/2025

Les dimanches poétiques (381)

"Il me semble que je t'aimerais infiniment qui que tu sois, assise, muette ou alitée. Mais tout de toi n'est plus là. De quoi notre lien est-il fait? La peau de nos corps, les volutes de l'âme, la tessiture de nos voix? A ce stade, je dirais la décision des yeux. Ton coeur pourrait battre, tes poumons se soulever, ta main me serrer, si tu ne regardes plus avec les yeux, c'en sera fini. Je ne saurai plus qui tu es ni qui je suis. Car beaucoup de ce que je sais de toi, c'est la danse de tes yeux qui me l'a confié. Car une grande part de nous, peut-être l'entièreté, c'est ce que l'on est dans les yeux de l'autre. Si tu vois encore mais que tu cesses de regarder, nous disparaîtrons. Et l'amour avec."

Cédric SAPIN-DEFOUR in Où les étoiles tombent (Ed. Stock - 2025 - p. 50)

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17/10/2025

La machine à écrire #24

Qu'y avait-il dessous qu'il ne connaissait pas déjà? Qu'y avait-il sous ce tapis de nuages qu'il n'avait jamais vu? Seule la perspective changeait. Et aujourd'hui elle se limitait à un amas de coton. Il devinait les villages de la vallée, le cours d'eau serpentant au milieu, les avancées et les reculs de la montagne de part et d'autre. Il savait très précisément où se situait l'auberge où il avait déposé ses affaires.

Cela faisait maintenant trois semaines qu'il arpentait les chemins de randonnée alentour. Il connaissait ce territoire grâce à ses yeux, mais aussi grâce à ses jambes, lesquelles avaient enregistré les dénivelés, les sentiers pierreux, les berges humides de la rivière. Il le connaissait par la langue et par l'écoute. Il avait beaucoup appris lors de ses discussions avec l'aubergiste. Il le connaissait aussi par le goût. Déguster des Wiener schnitzel, du schweinsbraten, de l'apfelstrudel et des Kaiserschmarrn avait participé à sa connaissance du lieu et de ses us et coutumes.

Mais peut-être qu'en venant dans cette contrée, qu'en grimpant jusqu'à ce rocher, c'était lui-même qu'il cherchait à connaître. Sa lignée était originaire d'ici. Il avait fait le chemin inverse de ses aïeux. Des aïeux qui avaient dû quitter la vallée.  Personne n'avait voulu lui dire pourquoi ils étaient partis. C'était un secret bien gardé. Un secret qui avait cependant empoisonné sa vie. Un secret rendant les êtres de cette famille ternes, mornes et sans joie alors que cette vallée insufflait tout l'opposé. 

Exercice tiré du n°5 de La Machine à Ecrire: observez le tableau de Caspar David Friedrich Le Voyageur contemplant une mer de nuages et imaginez ce qui se cache sous les nuages. 

14/10/2025

La machine à écrire #23

Cigare / Manège / Mer / Palmiers / Pollo asado con patatas fritas / Vent chaud / Melon jaune / Plage / Méduses / Sieste / Un pan, por favor / Feux d'artifice / Caoutchoucs / Hijo de la luna / Glaces / Sangria / Vacances / Enfance / Col du Somport / Short bleu / Tissu madras / Bronzée / Smoothie à la vanille / El Perello / Chaleur / Sable / Mercat de la Boqueria / Patatas bravas / Peau salée / Serviette de bain / Frontière / Monastère de Poblet / Paella / Location de voiture

Exercice tiré du n°5 de La Machine à Ecrire : dans son recueil Le goût des mots, Françoise Héritier recense des mots qui, dans un apparent désordre, établissent des correspondances de sons, d'odeurs, de saveurs... Composez à votre tour un registre de mots (une liste) qui vous évoquent le bout du monde, qu'il s'agisse de mots réels ou de néologismes. 

07/10/2025

La machine à écrire #22

Mon Très Cher Ami,

Je désire te redire combien nos conversations me manquent, tout comme nos balades dans Kensington Gardens bras dessus, bras dessous le samedi matin.

Je désire revivre ces moments délicieux auprès de toi, me perdre dans tes yeux pleins de soleil, sentir ton épaule contre la mienne.

Je désire t'embrasser de la façon qui te plaît, poser doucement mes lèvres contre les tiennes, mon regard plongeant dans le tien.

Je désire humer à nouveau l'odeur de ta peau, mettre mon nez dans ton cou, glisser mes doigts dans tes cheveux pour remettre en place ta mèche rebelle.

Je désire retirer les boutons de cette chemise qui emprisonne ton corps, glisser mes doigts sur ton torse chaud, caresser les courbes de ton ventre.

Je désire te retirer ce pantalon qui bride ton sexe, qui bride ton désir, qui entrave notre corps à corps.

Je désire tes mains sur mes reins, ton torse contre mes seins, te sentir en moi comme si nous ne faisions plus qu'un.

Je désire ardemment ton retour. Ne sois pas trop long.

Ton impatiente

Victoria

Exercice tiré du n°5 de La Machine à Ecrire: écrivez une lettre d'amour, réelle ou imaginaire, dont tous les paragraphes commencent par "je désire...".

03/10/2025

La machine à écrire #21

Mon souhait? Eh bien, aller à Santorin.

Un bon génie a dû m'entendre. Me voilà en train d'admirer les trois cloches de Fira. Le soleil est au zénith. Un léger vent venu de la mer Egée rend la chaleur supportable. Le blanc des constructions est aveuglant sous les rayons d'Hélios. Je suis à quelques mètres de la caldeira. J'ai la sensation d'être dans cette carte postale reçue il y a une dizaine d'années. 

Je chemine à présent vers le centre de la ville. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste est ouverte. J'entre. Les icônes sont splendides; le travail des artistes si minutieux. J'allume un cierge avant de ressortir pour découvrir la ville. Je flâne de boutique en boutique, je repère où prendre un repas ou un rafraîchissement. Le moderne se mêle au rustique. Ca sent les vieilles pierres, l'encaustique, mais aussi le béton ciré. 

Un peu plus tard dans la journée je m'installe à une terrasse pour savourer ce moment précieux: la chance d'être là, de réaliser un rêve; oublier la réalité le temps d'un aller. Et ne pas penser qu'il y aura fatalement un retour.

Exercice tiré du n°5 de La Machine à Ecrire: vous pouvez vous téléporter n'importe où dans le monde, mais seulement une fois (aller-retour). Où allez-vous? Pourquoi? 

19/09/2025

La machine à écrire #20

Elle suit un chemin bien précis. Ce n'est pas la première fois qu'elle fait le trajet. Elle sait où se trouve le pain et emporte à chaque visite dans la maie une miette plus ou moins grosse. 

Elle longe d'abord la plinthe et se dirige vers le pied arrière gauche de la boîte qu'elle escalade jusqu'à l'ouverture. Là, elle se faufile dans l'interstice de quelques millimètres situé juste dessous la charnière du couvercle. Combien de pas pour arriver jusqu'ici? Quel effort physique engendré? On la dit capable de porter des charges allant jusqu'à soixante fois son poids. Une capacité due à ses caractéristiques anatomiques. 

Je la vois ressortir avec une miette aussi grosse qu'elle. Malgré la déclivité le petit bout de pain reste bien calé sur son dos. Elle redescend à une vitesse folle. Un humain serait bien incapable d'en faire autant. Une fois arrivée au pied de la maie elle longe à nouveau la plinthe puis rentre dans un trou situé juste avant la boiserie de la porte. Où peut-elle bien aller par-là? Aurait-elle creusé un nid dans le bois avec ses congénères?

Exercice tiré du n°5 de La Machine à Ecrire: imaginez ce que serait le parcours d'une fourmi dans votre cuisine. N'oubliez pas que pour elle, tout est immense! Mais qu'elle peut aussi se faufiler dans des espaces minuscules.