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13/01/2013

Les dimanches poétiques (91)

"Mais si je devais ne retenir qu'une seule question parce qu'à la fois ouverte et précise, allégorique et concrète, je la chiperais aux joueurs de pétanque: "Tu tires ou tu pointes?" D'ailleurs, je l'ai posée plusieurs fois à des personnalités qui ne l'attendaient évidemment pas. La plupart marquèrent de l'embarras avant de faire des réponses souvent intéressantes parce que révélatrices de leur manière de fonctionner.

Celui qui tire va droit au but. Il ne tergiverse pas, il ne finasse pas, il frappe. Assez fort et assez juste pour dégommer l'autre, faire un carreau et prendre sa place. "

Bernard PIVOT Oui, mais quelle est la question?

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06/01/2013

Les dimanches poétiques (90)

- "Dommage que les écrivaillons n'aient pas été là pour le voir, ceux qu'on a jetés sur le bûcher où on brûlait leurs bouquins. Le beau, c'est de réduire à néant ce qui est laid, bon à rien, subversif. Ce qui ne se laisse pas mettre au pas.

Elle comprit qu'il n'attendait pas de réponse.

- Le beau, c'est ce qui bouleverse notre routine. Ce qui renverse tout ce qu'on croyait savoir. Ce qui secoue tous les sens, comme si des écailles te tombaient des yeux. Tu te réveilles enfin de ce qui n'était qu'un rêve dans le noir."

Arnost LUSTIG  Elle avait les yeux verts

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09/12/2012

Les dimanches poétiques (88)

"Dire qu'il y avait là, à la même heure, des parents à qui Noël n'apportait aucune joie! des hommes, des femmes, ne sachant pas tout ce qu'un simple mot, vieux de deux mille ans, contient de tendre poésie! Noël! Noël! fête des grands, fête des petits, le plus joli jour de l'année!

Plusieurs fois dans la matinée, Yvette habilla, déshabilla sa patiente poupée. Toujours quelque raison d'apporter un changement à sa toilette.

Ah! Yvette! qu'il suffisait de peu de chose pour la rendre heureuse!"

André DUMAS Ma petite Yvette

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02/12/2012

Les dimanches poétiques (87)

- "Tout d'abord, il faut savoir écouter les hommes. Laissez-les parler, même s'ils dissertent sur un sujet où vous êtes plus compétente. Surtout si vous l'êtes! Et si vous ne l'êtes pas, absorbez leurs paroles comme une manne divine. En chaque homme sommeille un prophète. Pour un peu que sa Liebe Mama l'ait délaissé enfant, vous êtes une révélation. Avec votre minois de Sainte Vierge, cela ne devrait pas être un problème."

Yannick GRANNEC La Déesse des petites victoires

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18/11/2012

Les dimanches poétiques (86)

"I believe happiness is only possible if you follow your feeling, your intuition, your real desires. Only unhappiness is gained by acting in accordance with duty, or obligation, or guilt, or the desire to please others. You must accept happiness when you can, not selfishly, but remembering you are a part of the world, of others, not separate from them. Should people pursue their own happiness at the expense of others? Or should they be unhappy so others can be happy? There's no one who hasn't had to confront this problem."

Hanif KUREISHI The Buddha of Suburbia

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11/11/2012

Les dimanches poétiques (85)

" - Et des branleurs beaucoup du leur. Ils garderont jusque dans la tombe leur carte de presse utilisée jusqu'au bout, au-delà de la durée légale. Pour moi, selon le mot de François Mauriac, un journaliste est d'abord un homme qui réussit à se faire lire. En cette période de vacances, j'entends ou je lis des messages sur les animaux abandonnés au bord des routes. Dans mes souvenirs de jeunesse reviennent les livres et les légendes sur un animal solitaire, la Bagheera de Kipling, Kazan, le chien de James Oliver Curwood, son roi Grizzly. A l'inverse, un homme solitaire est un suspect, asocial, orgueilleux. La meute ne le chasse pas, elle se contente du renouvellement des pièges.

- Tu n'es pas un gibier aveugle comme une taupe.

- J'ai l'horreur du vide et je n'aime pas les souterrains. Je suis plus un homme de tranchée qu'un sapeur de galerie de mines. Je suis tombé dans des champs de barbelés tressés par des articles trop longs, quand le lecteur se perd, trop personnels quand il s'agit d'uniformiser l'opinion, trop lettrés quand on se contente de lire monsieur Guy Lux dans le texte."

Michel CAFFIER Porte-plumes au vent

28/10/2012

Les dimanches poétiques (84)

"Je cherchais de nouveau une oeuvre absolue, unique, je rêvais d'un livre qui pourrait par sa beauté refaire le monde. Et j'entendais la voix de ma grand-mère me répondre, compréhensive et souriante, comme autrefois, à Saranza, sur son balcon:

- Tu te rappelles encore ces étroits appartements en Russie qui croulaient sous les livres? Oui, des livres sous le lit, dans la cuisine, dans l'entrée, empilés jusqu'au plafond. Et des livres introuvables qu'on vous prêtait pour une nuit et qu'il fallait rendre à six heures du matin précises. Et d'autres encore, recopiés à la machine, six feuilles de papier carbone à la fois; on vous en transmettait le sixième exemplaire, presque illisible et appelé "aveugle"... Tu vois, il est difficile de comparer. En Russie, l'écrivain était un dieu. On attendait de lui et le Jugement dernier et le royaume des cieux à la fois. As-tu jamais entendu parler là-bas du prix d'un livre? Non, parce que le livre n'avait pas de prix! On pouvait ne pas acheter une paire de chaussures et se geler les pieds en hiver, mais on achetait un livre..."

Andreï MAKINE Le testament français

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