09/08/2011
Cyrano de Bergerac - E. ROSTAND
J'avais vu il y a quelque temps l'adaption cinématographique de cette pièce par Jean-Paul Rappeneau et j'étais tombée sous le charme des répliques imaginées par Edmond Rostand tout autant que du personnage de Cyrano. Homme vaillant, aussi brave que téméraire, il est capable à lui seul d'affronter cent soldats mais ne peut se résoudre à dire à la femme qu'il aime - la précieuse Roxane, sa cousine - que tout son être est en émoi quand il la voit. Pourtant, ce ne sont pas les vers qui lui manquent. Cet homme-là est habité par la muse des mots.
Mais Cyrano se trouve laid et ce à cause de son grand nez dont il ne manque pas une occasion de se moquer. Il ne permet cependant à personne d'en dire du mal et les contrevenants en sont pour leurs frais.
Un jour où Roxanne lui donne rendez-vous chez Ragueneau - pâtissier-rôtisseur et poète à ses heures - Cyrano pense lui remettre une lettre dans laquelle il lui avoue son amour. Mais la dame de son coeur est venu lui demander son aide car l'homme qu'elle aime - Christian de Neuvillette - doit intégrer la garnison des cadets dans laquelle se trouve Bergerac. Cyrano, blessé au plus profond de l'âme, ne donne pas la lettre à Roxane, prend sur lui et promet à celle-ci qu'il veillera sur Christian.
Christian n'a d'yeux que pour Roxane mais il comprend très vite que le charme ne durera pas longtemps car pour plaire vraiment à la jolie dame, il faut savoir parler d'amour. Et le pauvre Christian ne sait dire que des platitudes... Cyrano, sachant très bien qu'il ne pourra conquérir le coeur de Roxane, propose une alliance à Christian. Il lui dictera des lettres d'amour et lui soufflera ses discours. La magie va opérer. Roxane va aimer follement Christian pensant que les mots qu'il lui dit le soir sous son balcon sont les siens. Comment se méprendre à ce point...
Les amoureux se marient à la barbe du comte de Guiche qui convoite Roxane. Celui-ci, furieux d'avoir été berné, décide d'envoyer Christian à la guerre. Les cadets de Gascogne vont donc partir pour Arras. Le siège de la ville est dur et affame les troupes. Mais un jour, alors que les cadets sont sur le point de se faire attaquer par les Espagnols, Roxane débarque avec des vivres. Christian est très surpris de la voir arriver, tout autant que Cyrano.
La jolie dame a bravé tous les dangers pour retrouver son amant qui lui envoie des lettres jusqu'à deux fois par jour... Sauf que Christian n'a jamais rien envoyé. C'est Cyrano qui tous les jours a franchi les lignes ennemies pour poster les courriers enflammés. Bergerac prévient Neuvillette qui se rend vite compte que celui que Roxane aime est l'auteur des lettres. Il demande à Cyrano de tout avouer à sa cousine mais celui-ci ne peut s'y résoudre, persuadé que cela briserait l'amour de la jeune femme. Christian s'en va donc se faire tuer sur le champ de guerre... Après le drame Roxane se retire dans un couvent où Cyrano lui rend visite chaque samedi et lui raconte les nouvelles du dehors. Cela pendant quatorze années.
Puis un jour Bergerac, qui s'est mis à dos beaucoup de personnes, est pris dans une embuscade et est gravement blessé. Alors qu'il aurait dû garder le lit, il se lève et va voir Roxane comme si de rien n'était en prenant soin de cacher sa blessure. A bout de forces il parvient à rejoindre le couvent et comme à l'accoutumée vient s'asseoir auprès de sa cousine pour lui conter sa gazette. Il sait que c'est la dernière fois qu'il la voit et ne veut pas l'inquiéter mais celle-ci se rend compte que quelque chose ne va pas, notamment lorsqu'il se met à lire la dernière lettre de Christian qu'elle garde en permanence sur son coeur. Une lettre qu'il parvient à lire alors qu'il fait bientôt nuit... Une lettre qu'il connaît sur le bout des doigts. Roxane met au jour la supercherie. C'est Cyrano qu'elle a aimé pendant toutes ces années à travers Christian.
Je crois que jamais une pièce sur l'amour ne vaudra celle-ci. Edmond Rostand était un génie.
Cyrano de Bergerac - Edmond ROSTAND - Ed. Hatier/Poche (texte intégral) - 2005
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07/08/2011
Les dimanches poétiques (49)
Cyrano (frappant sa poitrine).
... un seul mot de tous ceux que j'ai là!
Tandis qu'en écrivant...
(Il reprend la plume.)
Eh bien! écrivons-la,
Cette lettre d'amour qu'en moi-même j'ai faite
Et refaite cent fois, de sorte qu'elle est prête,
Et que mettant mon âme à côté du papier,
Je n'ai tout simplement qu'à la recopier.
(Il écrit.)
Edmond Rostand Cyrano de Bergerac Acte II, scène 3
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31/07/2011
Les dimanches poétiques (48)
"Quiconque oublie le temps cesse de vieillir. L'oubli triomphe du temps, ennemi de la mémoire. Car le temps, en définitive, ne guérit toutes les blessures qu'en s'alliant à l'oubli."
Katharina HAGENA Le goût des pépins de pomme
Lyons-la-Forêt
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17/07/2011
Les dimanches poétiques (47)
Oceano Nox - Victor Hugo
Oh! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis?
Combien ont disparu, dure et triste fortune?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfoui?
Combien de patrons morts avec leurs équipages?
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots!
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée,
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots.
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues!
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus
Oh! que de vieux parents qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus!
On demande "Où sont-ils? Sont-ils rois dans quelque île?
Nous ont'ils délaissés pour un bord plus fertile?"
Puis, votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.
On s'entretient de vous parfois dans les veillées,
Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées,
Mêle encore quelque temps vos noms d'ombre couverts,
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goémons verts!
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas la barque et l'autre sa charrue?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encore de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur.
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont!
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires?
O flots! que vous savez de lugubres histoires!
Flots profonds redoutés de mères à genoux!
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous...
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10/07/2011
Les dimanches poétiques (46)
"Si les circonstances avaient été différentes - ce qui n'est, évidemment jamais le cas - , j'eusse pris grand plaisir à ce petit tour d'après dîner, car l'air était embaumé de senteurs de violettes, et la brise chantait ainsi qu'une trompette sous un ciel généreusement pourvu d'étoiles."
P. G Wodehouse Toujours prêt, Jeeves?
Le Parc de Clères
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22/05/2011
Les dimanches poétiques (45)
"Toujours dans l'avion revenant de Corse, il dit à Charles Jaigu et Philippe Ridet, journalistes au Figaro et au Monde: "Je suis quand même une source inépuisable pour vos articles de merde!" Nous notons tous les trois en même temps, et ils conviennent à regret que moi seule aurai l'usage de cette sortie."
Yasmina REZA L'aube le soir ou la nuit
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08/05/2011
Les dimanches poétiques (44)
Billet doux - François Etienne Sicard (Lettres de soie rouge)
Les ronces de mon coeur fleurissent sur les pages
Que vos yeux alanguis lisent chaque matin,
Quand vos doigts attendris caressent le chagrin
De mon âme ébahie à votre badinage.
D'une rose cueillie au fruit du maraudage,
Je vous offre l'orgueil et le parfum divin
Dont je bois le venin pour oublier enfin,
Votre absence infinie et ma furieuse rage.
Mais bientôt épuisé par la peine d'aimer,
Je vous pardonne tout, et jette à vos genoux
Ma fierté de seigneur, vous donnant un baiser.
Galammant éconduit, j'imagine vos yeux,
Parés de leurs éclats si proches des bijoux,
Me reprocher aussi ce langage précieux.
(La photo n'est pas libre de droits.)
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