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11/03/2012

Les dimanches poétiques (69)

Mon rêve familier - Paul Verlaine

  • Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
  • D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
  • Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
  • Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
  • Car elle me comprend, et mon coeur transparent
  • Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
  • Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
  • Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
  • Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
  • Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
  • Comme ceux des aimés que la vie exila.
  • Son regard est pareil au regard des statues,
  • Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
  • L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

04/03/2012

Les dimanches poétiques (68)

"Il allait lui arriver quelque chose de nouveau. La vie, la vie passée, il en avait gaspillé trop d'instants. Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'agissait de l'or du temps. Maintenant, il n'en resterait que des souvenirs de pacotille. Il en eut assez de contempler le vide. Debout. Il se rasa, se doucha. Il se prépara un petit déjeuner d'hôtel. Oranges pressées et croissants. La radio était réglée sur une station de jazz. Le téléphone sonna. Il ne répondit pas. Dehors, l'aube lui parut légère. Il entra dans le premier bistrot qui ouvrait et but un café au comptoir. En sortant, il leva les yeux vers le ciel. Du bleu partout."

Eric NEUHOFF Mufle

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21/02/2012

Aimer...

"Parfois, c'est ça aussi, l'amour: laisser partir ceux qu'on aime."

Joseph O'CONNOR

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19/02/2012

Les dimanches poétiques (67)

"Une fuite, la vie dans les bois? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l'habitude donnent à l'élan vital. Un jeu? assurément! Comment appeler autrement un séjour de réclusion volontaire sur un rivage forestier avec une caisse de livres et des raquettes à neige? Une quête? Trop grand mot. Une expérience? Au sens scientifique, oui. La cabane est un laboratoire. Une paillasse où précipiter ses désirs de liberté, de silence et de solitude. Un champ expérimental où s'inventer une vie ralentie."

Sylvain TESSON Dans les forêts de Sibérie

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12/02/2012

Les dimanches poétiques (66)

  • Âme ou soeur
  • Jumeau ou frère
  • De rien mais qui es-tu
  • Tu es mon plus grand mystère
  • Mon seul lien contigu
  • Tu m'enrubannes et m'embryonnes
  • Et tu me gardes à vue
  • Tu es le seul animal de mon arche perdue

 

  • Tu ne parles qu'une langue aucun mot déçu
  • Celle qui fait de toi mon autre
  • L'être reconnu
  • Il n'y a rien à comprendre
  • Et que passe l'intrus
  • Qui n'en pourra rien attendre
  • Car je suis seule à les entendre
  • les silences et quand j'en tremble

 

  • Toi, tu es mon autre
  • La force de ma foi
  • Ma faiblesse et ma loi
  • Mon insolence et mon droit

 

  • Moi, je suis ton autre
  • Si nous n'étions pas d'ici
  • Nous serions l'infini...

 

  • Lara FABIAN Tu es mon autre 

06/02/2012

Wislawa Szymborska s'est éteinte

La poétesse polonaise Wislawa Szymborska est décédée mercredi 1er février à Cracovie à l'âge de 88 ans. Prix Nobel de littérature en 1996, elle était l'auteur d'une vingtaine de recueils de poèmes plus ou moins philosophiques portant sur des questions morales de notre époque dans un style étudié. Indépendante d'esprit, elle est toujours restée à l'écart de la vie politique, comme bon nombre d'intellectuels polonais pour qui la dimension spirituelle de la vie prévaut sur le reste.

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Sous une petite étoile

  • Que le hasard m'excuse de le dire nécessité,
  • et qu'elle-même m'excuse si malgré tout j'ai tort.
  • Que le bonheur supporte que je le prenne sans façons.
  • Que les morts me pardonnent ces souvenirs fanés.
  • Et le temps, les univers manqués par seconde.
  • Pardon à l'amour ancien si le nouveau est premier.
  • Guerres lointaines, permettez ces fleurs dans le salon.
  • Plaies ouvertes, excusez mes égratignures.
  • Que les clameurs montant des abîmes pardonnent ce menuet.
  • Et les gens dans les gares - mon sommeil matinal.
  • Sois indulgent, espoir harcelé, laisse-moi rire parfois.
  • Oubliez, déserts, que je n'accoure avec une cuillerée d'eau.
  • Et toi, vieil épervier, toujours dans la même cage
  • fixant depuis des lustres le même point dans l'espace
  • veuille bien m'absoudre encore, fusses-tu empaillé.
  • Pardon à l'arbre abattu pour les quatre pieds de la table.
  • Pardon aux grandes questions pour les petites réponses.
  • Vérité, ne fais point trop attention à moi.
  • Gravité, j'implore ta miséricorde.
  • Souffre, mystère de l'être, que j'arrache des fils à ta robe.
  • Ne m'en tiens pas rigueur, âme, de ne t'avoir trop souvent.
  • Que me pardonne le tout de ne pouvoir être partout.
  • Que me pardonnent tous de ne pouvoir être chacun.
  • Je sais: tant que je vis, je n'ai aucune excuse,
  • car je me fais ainsi obstacle à moi-même.
  • Pardonne-moi, langue, d'emprunter des mots pathétiques
  • et de faire l'impossible pour qu'ils paraissent légers.

05/02/2012

Les dimanches poétiques (65)

"Le suicide m'attriste. J'ai l'idée d'un gâchis, d'un aveuglement, d'un attentat. On ne fait pas assez la distinction entre la vie que l'on mène et la vie que l'on porte. La vie que l'on mène est, somme toute, secondaire, variable, changeante, soumise à des aléas, déterminée. Elle peut être heureuse ou malheureuse, mais elle ne doit pas remettre en cause la vie que l'on porte - il y a, peut-être, des exceptions; je n'en suis pas sûr. La recherche du bonheur occupe beaucoup les gens. C'est normal, c'est humain. Le bonheur n'est pas mon propos.

Cependant, il existe des moments d'harmonie, de connivence. C'est comme un murmure à l'oreille de l'âme, un fil fin traversant le chas de l'être. On se fond. On s'amenuise et on grandit à la fois. On respire le vent, toutes fenêtres grandes ouvertes. On se balance aux trapèzes, on se pend aux anneaux, les nuages sont nos muscles. On coule dans le lit du monde sur des coussins de pulpe. La musique s'échappe des galets. Une cheminée brûle au coin d'un rêve, les flammes nous lèchent les tempes. Il fait frais et chaud. Un pinceau de soie nous peint les veines d'une couleur douce. Nos battements de paupières sont des tunnels enchantés. La lumière du jour est une confidence. Les étoiles nous piquent le visage."

Laurent GRAFF Selon toute vraisemblance

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