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19/04/2020

Sur les négatifs

Francesco avait réussi à installer une chambre noire dans l'appartement de la via Dei Sabini. Il aimait l'argentique et l'odeur des produits pour révéler les images. Les premières photos développées montraient les deux curés qu'ils avaient vus près de la fontaine de Trevi. Et il y avait bien là l'un de ceux qui étaient venus le trouver à l'université pour lui faire peur, le terroriser. L'autre, il ne l'avait jamais vu. Mais c'était peut-être un autre complice, un religieux dévoué à la même cause, et dont il faudrait aussi se méfier.

Les photos suivantes étaient des portraits de Marcella. Elle avait très bien joué son rôle de touriste devant la fontaine. Il avait fait plusieurs clichés. Ce serait de merveilleux souvenirs pensa-t-il quand elle ne serait plus à ses côtés. Elle ne resterait pas indéfiniment avec lui et regagnerait un jour son appartement de la via Santa Dorotea. Mais il n'arrivait pas à imaginer la vie sans elle. Sans cette jeune femme qui l'avait secouru un soir d'été. Il était bien avec elle. Ils s'entendaient à merveille. Marcella l'avait pris dans ses filets bien involontairement. Elle n'avait jamais cherché à lui plaire. Francesco ne voulait pas imaginer la vie d'après. Comme il ne voulait pas s'avouer qu'il était tombé amoureux. À bientôt 56 ans il savait qu'il ne pourrait pas la retenir, elle qui en avait à peine 40. 

Texte précédent:

Il avait flairé le danger

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier L'écriture au temps du corona: jour 4 initié par BricàBook. Il n'est pas libre de droit, la photo de Barna Kovacs, non plus.

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Les dimanches poétiques (256)

"Les Allemands et les Austro-Hongrois qui étaient en France le 3 août 1914, c'étaient autant d'hommes et de femmes qui passèrent instantanément du statut d'étrangers à celui d'ennemis. Et il y en avait des milliers éparpillés sur le territoire, assignés à résidence dans le meilleur des cas, tabassés dans le pire. Les trains étant réquisitionnés, ils ne pouvaient pas repartir vers l'Est. Qu'ils soient curistes ou courtiers, ouvriers ou touristes, qu'ils soient là pour le travail ou par amour, sans rien y pouvoir ils étaient tous bloqués, et si l'un deux s'était risqué à monter dans l'un des wagons chargés de militaires, il n'aurait pas survécu."

Serge JONCOUR in Chien-Loup (Ed. Flammarion - 2018)

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12/04/2020

Les dimanches en photo (139)

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05/04/2020

Les dimanches poétiques (255)

"J'avais grimpé au coeur d'un arbre et je regardais, ébloui, la féerie du monde. Qui aurait pu se douter, face à tant de beauté, à l'intelligence si parfaite de toutes ces couleurs, à cette explosion de vie, que nous avions rendu en quelques années cette planète malade? Il y a cent mille ans, des hommes avaient regardé comme moi, peut-être perchés dans des arbres, ce spectacle grandiose. Etions-nous trop prétentieux, trop bêtes, pour dédaigner ainsi cette beauté, pour la saccager?"

René FREGNI in Dernier arrêt avant l'automne (Ed. Gallimard - 2019)

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31/03/2020

Mars en quelques mots #42

Jazz therapy. Encore et encore // Essayer de ne pas déprimer malgré les mauvaises nouvelles rapportées par les médias // Vie sociale au ralenti  // Rêver d'une vieille connaissance (décédée il y a bientôt 7 ans) et me retrouver assise à côté d'elle sur un banc en pierre face à une mer calme... // Me dire que ma PAL me sera d'un grand secours les jours off! // Sinon j'ai mon piano... // Un an de plus // J'ai bien fait de fêter mon anniversaire avec un peu d'avance vu les circonstances // Lire, faire du ménage, cuisiner... On essaie de remplir au mieux les journées off // Bonbons et gâteaux... C'est bon pour le moral // Qui dit vrai ? // Pratiquer une sorte de politique de l'autruche // L'amalgame d'une dent qui saute à cause d'un raisin sec (Et c'est pas demain que je vais pouvoir aller chez le dentiste...) // Lessivée, rincée, essorée // Fini la panne de lecture (le bon côté des choses) // Ne pas se projeter. Ne plus faire de projets // Être en suspens // Mais de nouveau l'envie d'écrire. Pour tenir un journal du confinement, mais pas seulement... 

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29/03/2020

Les dimanches en photo (138)

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28/03/2020

Dans l'esprit et dans le coeur

Sarah glissa la cassette dans l'auto-radio. La bande grésillait un peu. Puis, après quelques secondes, la voix des Bee Gees emplit l'habitacle de la voiture: I know your eyes in the morning sun, I feel you touch me in the pouring rain... 

La-dite cassette était arrivée dans une grande enveloppe avec un dossier épais d'une dizaine de pages. L'ensemble avait été posté au Japon trois semaines plus tôt. Quand Sarah avait vu la provenance du courrier son coeur s'était emballé. C'était Alexandre. Oui, c'était bien lui. Après huit mois de silence il lui donnait des nouvelles. Il était maintenant installé à Nagoya. Il visitait la ville et les environs. L'Europe lui manquait, l'Italie lui manquait, son passé lui manquait mais il n'envisageait pas de rentrer. C'était encore trop tôt.

Dans la lettre qui accompagnait la cassette et le récit, il avait expliqué les raisons de son départ. Il disait aussi pourquoi il lui avait envoyé cette cassette. Celle-ci, vestige de son passé à Combloux, l'avait accompagnée sa vie durant. Il n'y avait dessus que des titres des années 70 et 80, ses titres préférés de l'époque. Ces chansons étaient un lien avec les siens, du temps où il vivait encore avec eux. A chaque fois qu'il les écoutait il pensait aux moments qu'ils avaient passé ensemble. Cette cassette était une façon de ne pas les oublier. Il espérait à présent que grâce à cette cassette Sarah ne l'oublierait pas.

Comme le disait si justement Kundera "Il faut arroser les souvenirs comme des fleurs en pot". Cette cassette serait l'eau qui raviverait l'image d'Alexandre dans l'esprit de Sarah. Dans l'esprit et dans le coeur. Il lui avait aussi demandé d'être patiente.

Texte précédent:

Mettre de la distance avec le passé

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier L'écriture aux temps du corona jour 7. Il n'est pas libre de droits. La photo, de Tobias Tullius, n'est pas libre de droits non plus. La phrase imposée à insérer au texte est tirée d'une oeuvre de Milan Kundera: "Il faut arroser les souvenirs comme des fleurs en pot".

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