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20/08/2023

Elle n'avait pas renoncé

Marcella n'avait pas renoncé à l'idée de retrouver Tiberio. Et elle s'était décidée à retourner à Venise pendant les mois d'été. Flavio était parti quelques jours avec ses grands-parents et elle en avait profité. Elle avait glissé quelques affaires dans un sac et avait roulé presque sans s'arrêter jusqu'à la cité des Doges.

Arrivée sur place elle avait pensé interroger les gens du quartier mais ne voulait pas éveiller les soupçons. Elle s'était donc résolue à glisser un mot dans chaque boîte aux lettres du Rio dei Bareteri, en espérant que peut-être Tiberio le lirait. Le temps était orageux. Elle craignait que l'encre des enveloppes prennent la pluie mais elle n'avait pas renoncé à son projet. Elle s'y était rendue en fin de matinée et une à une, elle avait glissé les enveloppes dans chaque boîte à lettres qui se présentait. Arrivée au n°6, qui comportait trois boîtes différentes, elle s'aperçut que les boîtes des étages 1 et 2 avaient été condamnées. Quelqu'un les avait fermées avec du scotch de réparation de couleur grise. Elle en déduisit qu'il n'y avait que le rez-de-chaussée qui était occupé. Etait-ce le propriétaire de l'immeuble qui y vivait? Ou bien un locataire? Elle aurait donné cher pour pouvoir entrer car aucun nom n'était indiqué. Mais il n'y avait pas de sonnette pour s'annoncer. Elle n'allait quand même pas revenir à la nuit tombée pour essayer de crocheter la serrure. Et puis c'était risqué. Un bateau des carabinieri était posté  tout près. Elle se ferait vite repérer. 

Elle était rentrée à Rome le jour même et se sentait apaisée. Ne restait plus qu'à attendre un signe de Tiberio. Mais voudrait-il se manifester?

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12/02/2023

A chaque fois plus triste

Marcella s’était rendue plusieurs fois à Venise dans l’espoir de trouver Tiberio. Entreprise insensée. S’il avait vraiment voulu qu’elle le retrouve il lui aurait envoyé des indices, aurait semé des petits cailloux ici et là, l’aurait mise sur la voie. Elle n’avait que le souvenir des maisons sur la photo que Gianni lui avait transmise. Elle essaya de se rappeler où elles pouvaient se situer dans le quartier que Tiberio avait évoqué un soir d’été. 

La première fois que Marcella était retournée seule à Venise, elle n’avait pas su par où commencer. Elle avait donc décidé de s’imprégner de l’ambiance du quartier, de noter dans sa tête les boutiques qui y étaient installées. Elle avait scruté les visages des passants qu’elle croisait, avait ausculté chaque silhouette dans l’espoir de reconnaître un corps familier. Puis, elle avait trouvé l’endroit dont Tiberio avait parlé. Quatre immeubles le long du Rio dei Bareteri. Elle n’avait pas osé trop s’attarder devant, craignant le regard des habitants. 

Elle ne voulait rien précipiter non plus car elle sentait au fond d’elle un peu de colère et que la colère est toujours mauvaise conseillère. Elle avait le sentiment que Tiberio l’avait abandonnée. Avait-elle dit ou fait quelque chose qui l’aurait poussé à disparaître?  Cette question tournait en boucle dans sa tête. Il n’avait en tout cas rien laissé paraître. 

La deuxième fois qu’elle s’était rendue à Venise, elle s’était attardée devant les quatre bâtiments. Elle avait regardé le nom sur les boîtes à lettres mais aucun nom ne correspondait à celui de Tiberio. Au n°6 il n’y avait même pas de noms, simplement le numéro des étages inscrit sur chaque boîte. Il n’y avait pas de sonnette non plus. Sur la boîte du rez-de-chaussée était également inscrit “Etage 0” en plus de l’acronyme “RDC”. Qui pouvait confondre le rez-de-chaussée avec le premier étage? En Angleterre cela aurait été possible, mais pas en Italie. Marcella trouva cela inapproprié. 

Le temps était maussade le jour où elle y était allée. Elle était un peu plus apaisée mais elle n’avait pas vraiment avancé. Le temps lui manquait pour chercher. Elle avait confié Flavio à ses grands-parents et avait promis qu’elle serait de retour rapidement. Elle avait dû se résoudre à renoncer. Il fallait rentrer. Sur le chemin du retour une vague de tristesse l’avait submergée. Elle avait pleuré. Être si près du but et ne pouvoir le toucher…    

La troisième fois qu’elle s’y était rendue, la journée était splendide. Le ciel était d’une rare beauté et l’eau de la lagune avait des teintes bleu irisé. Elle n’avait pas rejoint le quartier tout de suite, préférant flâner un peu le long du Grand Canal. Puis, à nouveau, elle s’était dirigée vers les quatre immeubles repérés. Elle les avait contournés pour arriver cette fois-ci de l’autre côté. Mais pas de miracle, rien n’avait changé. Aucun indice supplémentaire. Aucune silhouette familière. Elle ne l’avait pas trouvé.

Marcella était rentrée à Rome encore plus triste que la fois précédente et se demanda si elle ne devait pas faire une croix sur la cité des Doges, renoncer définitivement à y aller. Ou bien devait-elle simplement éviter ce quartier? Savoir que Tiberio pouvait s’y balader était douloureux rien que d’y penser. Savoir qu’il était vivant et qu’elle ne pouvait pas lui parler… 

Se sentant diminué Tiberio avait-il voulu la protéger, la laisser vivre sa vie sans soucis? Ou bien ne supportait-il pas qu’elle le voit affaibli, les traits tirés par la maladie? Elle aurait aimé lui dire que la maladie et la mort font partie de la vie, qu’ils se seraient battus ensemble, qu’il y aurait eu des moments de répit. Ils se seraient tenu lieu de tout et auraient compté pour rien le reste.

Une autre hypothèse avait cependant germé depuis peu dans son esprit. Marcella trouvait que Tiberio ressemblait beaucoup à un de ses oncles mort accidentellement pendant la guerre d’Algérie. Elle avait trouvé quelques photos de lui dans un vieil album chez ses parents. C’était en fait un demi-frère de son père. On lui en avait peu parlé. Il n’y avait que sa grand-mère qui l’évoquait avec des gens qu’elle connaissait. Lorsque le corps avait été rapatrié en France le cercueil était scellé. Et si cet oncle n’avait pas été tué? S’il avait changé d’identité? S’il avait eu des enfants? 

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21/10/2018

Les dimanches en photo (114)

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18/03/2017

Vacances à Brindisi

Clélia suivait de près son cousin sur le chemin du glacier. Les enfants zigzaguaient entre les serviettes de bain et les châteaux de sable. Tous les après-midi, pendant que duraient les vacances, ils allaient se rafraîchir le palais chez Aldo. Ils le connaissaient bien. Il était toujours là, fidèle au rendez-vous chaque été avec son scooter aménagé, sa grosse moustache, son énorme cigare et ses chemises à fleurs. Ils n'avaient jamais vu de glacier comme lui. En juillet et août c'était le roi de Torre Santa Sabina, petite bourgade au nord de Brindisi où les plages se remplissaient de monde à mesure que le soleil prenait des forces.

Clélia et Flavio arpentaient cette plage depuis qu'ils savaient marcher. Ils avaient leurs habitudes et retrouvaient beaucoup de copains qu'ils s'étaient fait au fil des années. Tous les étés leurs parents se retrouvaient dans la maison de famille. Après le décès de son épouse Tiberio avait hésité à revenir. Il avait eu peur des souvenirs mais avait-il le droit de priver Flavio de ces vacances qu'il affectionnait tant? Et puis Fabiano, son frère, lui avait dit que ça pourrait lui faire du bien et que cela vaudrait sans doute mieux que rester enfermé à Venise. Son déménagement pour Rome avait été une excellente décision. Il y avait retrouvé l'amour. Depuis deux ans il venait à Brindisi accompagné de Marcella. Elle lui avait redonné le sourire et elle s'entendait merveilleusement bien avec Flavio. Elle ne remplacerait certes pas sa mère mais le gamin l'avait adoptée en quelque sorte.

Tiberio et Fabiano avaient demandé aux enfants de leur rapporter des glaces. Ils les regardaient s'éloigner vers le scooter d'Aldo. La plage était assez longue et elle était divisée en plusieurs sections, chacune marquée par un panneau un peu spécial. Ils ressemblaient à des dessins d'enfants. Sur l'un était représenté une maison aux traits simples et aux couleurs vives. Un peu plus loin un bateau. Il y en avait environ une dizaine, tous différents, pour permettre aux touristes, et plus particulièrement aux enfants, de se repérer plus facilement. Tiberio et Fabiano optaient toujours pour le même coin de plage afin de ne pas brouiller les repères des enfants. Ils s'installaient toujours près du panneau représentant la maison.

Clélia faisait de grandes enjambées pour ne pas perdre de terrain sur Flavio. Son cousin avait de grandes jambes. Elle avait souvent un peu de mal à le suivre. Il lui arrivait même de courir après lui. Mais elle se dépêchait aussi pour atteindre plus vite la boîte à délices d'Aldo. Le choix de glaces était impressionnant et elle avait envie de goûter à tout. Elle en choisissait une nouvelle chaque jour...

Textes précédents: ..., N°1, N°2, N°3, N°4, N°5

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°258 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits. La photo, de Fred Hedin, n'est pas libre de droits non plus.

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09/08/2014

A l'ombre de la cathédrale

C'est dans un état de lassitude que Marcella et Tiberio avaient quitté Rome pour quelques jours de repos à Sienne. Des vacances bien méritées car depuis plusieurs mois ils n'avaient cessé de courir l'un et l'autre pour aider Berghetti. Et les affaires étaient loin d'être terminées.

Mais dans leur pension à l'ombre de la cathédrale, ils avaient tout de suite fait le vide. Le Duomo, majestueux, à l'architecture mêlant le roman et le gothique, semblait les protéger. C'est le premier monument qu'ils avaient visité dans la ville. La cathédrale était réputée pour son Pavimento, un carrelage dans le cœur racontant l'histoire du peuple juif. Il avait été commencé au Trecento. Cette beauté, visible de fin août à fin octobre, n'était pas la seule richesse de la ville. Le baptistère situé en contrebas de la cathédrale, qui retraçait la vie de Saint Jean-Baptiste, était une autre merveille. Un cercle de cordons délimitait d'ailleurs la zone accessible tout autour afin que les visiteurs n'aillent pas tripatouiller les sculptures et les détériorer. Le baptistère avait été construit au XIVè siècle dans la continuité du Duomo. L'endroit était couvert de magnifiques polychromes où se mêlaient la Passion du Christ et sa douleur sur la croix ainsi qu'une kyrielle d'anges qui volait ici et là. Mais ce n'était pas encore le plus bel endroit.

C'est dans la bibliothèque Piccolomini que Tiberio et Marcella avaient été réellement émerveillés. Les murs offraient au regard des fresques du Pinturicchio exceptionnellement bien conservées.  Les fresques n'étaient pas éclairées par des lucarnes mais par de grands vitraux qui coulaient jusqu'au sol. Tous les visiteurs restaient bouche bée. La splendeur du lieu les laissait sans voix. Tout comme les théologiens scholastiques venus faire des recherches à Sienne que Tiberio et Marcella avaient croisés. Les étudiants se déplaçaient beaucoup à travers l'Italie et l'Europe pour trouver matière à insérer dans leur mémoire de fin d'études et passaient tous par Sienne.

En sortant du Duomo Marcella et Tiberio s'étaient installés à une terrasse de la Piazza del Campo où ils avaient commandé un Crodino. Le serveur leur avait apporté le soda dans des grands verres décorés d'une fine tranche de citron. Mais le réconfort que leur avait procuré la boisson avait été de courte durée. En quelques secondes à peine le ciel était devenu tout noir et ils durent courir pour se réfugier à l'intérieur du bar. La pluie battante résonnait sur toutes les façades. Le pavé rouge de la place, surnommée le coquillage pour sa ressemblance avec la Saint-Jacques, luisait sous l'eau ruisselante et les éclairs de l'orage. Marcella avait cherché quand elle avait assisté à un tel déluge à Rome mais en vain. Elle ne s'en rappelait pas. Un oubli qui l'avait contrariée car elle avait d'habitude une bonne mémoire. Les sollicitations de Berghetti ces derniers mois, qui lui avaient pompé la moelle comme un vampire aurait sucé jusqu'à sa dernière goutte de sang, l'avaient affaiblie. Elle avait maigri et elle n'était pas allée chez le coiffeur depuis des semaines. Ses cheveux étaient de toutes les longueurs. Sa coupe avait besoin d'être rafraîchie.

Après l'orage Tiberio et Marcella étaient allés à la Torre del Mangia. L'édifice, construit dans la première moitié du XIVè siècle, mesurait 102 mètres de haut. Ils avaient pris le chemin de la tour comme beaucoup d'autres touristes. Des touristes qui étaient légion à cette époque de l'année. Malgré l'heure tardive beaucoup d'entre eux s'y étaient arrêtés. On disait que sous les quatre angles de la tour des pierres portant des inscriptions latines et hébraïques avaient été déposées. Ceci conduisait la majorité des visiteurs à poser les mains sur les quatre angles de la tour. L'immortalité des légendes favorisait les pratiques les plus curieuses mais pas seulement sur ce site.

Au Museo Civico, qu'ils avaient visité quelques jours plus tard, les Italiens se signaient devant la Vierge à l'enfant de Simone Martini dans la Sala del Mappamondo. C'était la plus grande salle du musée, située au premier étage du Palazzo Pubblico, et de loin la plus belle. Marcella était restée en admiration devant les fresques pendant au moins une demi-heure. A l'entrée du musée, délimitée par une grosse corde ressemblant à une liane, elle avait récupéré une brochure pour comprendre toutes les subtilités du lieu et avait suivi consciencieusement la visite.

Tiberio et Marcella s'étaient beaucoup promené à pied dans la ville. Ils avaient arpenté les ruelles et avaient musardé dans les quartiers les plus éloignés de la pension où ils avaient réservé. Main dans la main ils s'étaient imprégnés de l'ambiance de Sienne.

Même s'ils vivaient dans le péché, aux yeux des passants ils avaient l'air d'un couple marié depuis des années. De leurs deux identités ils avaient réussi à n'en faire qu'une. Les épreuves des dernières semaines n'y étaient sans doute pas pour rien.

Ce texte a été rédigé pour l'édition n°33 des Plumes d'Asphodèle. Il n'est pas libre de droit, la photo non plus.

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16/09/2013

Elle était devenue un joli papillon

Marcella avait une grâce extraordinaire et des yeux à faire fondre la terre entière. Divine! C'est ce que pensait Tiberio. Elle était la perfection incarnée; jolie, mais aussi douée d'un esprit logique d'une rare subtilité.

Elle n'avait pas des goûts de luxe et n'était pas obnubilée par le fric. Elle avait juste un foulard en soie que ses parents lui avaient offert à un Noël. Les yachts et les petits avions privés ne la faisaient pas rêver. Vraiment, elle détestait le clinquant, le bling-bling, enfin, tous les signes extérieurs de richesse. Il ne lui serait jamais venu à l'idée de mettre les pieds dans un casino ou d'envisager une destination paradisiaque pour ses vacances. Elle ne rêvait pas non plus de montres Cartier ou de bagues Repossi. Elle aimait la fantaisie et achetait des bijoux bon marché. Des boucles d'oreilles et des colliers de pacotille que les marchands glissaient dans des paquets en papier kraft. Elle s'était faite arnaquée une fois dans un magasin près du supermarché mais elle n'avait pas pour autant cessé d'acheté ce genre de bijoux.

Ses parents étaient des petits bourgeois de province avec des manies et des idées de petits bourgeois. Elle aurait pu s'habituer au luxe. Mais non. Au fil des années elle était devenue la rebelle de la famille, décidant un beau jour de quitter la maison familiale pour aller travailler à Rome et subvenir toute seule à ses besoins. Elle voulait voler de ses propres ailes. La jeune fille, prise dans une chrysalide immaculée, s'était transformée en un joli papillon. La métamorphose avait été extraordinaire. Un changement qu'aujourd'hui encore elle ne regrettait pas. Elle avait fait de fabuleuses rencontres à Rome depuis qu'elle s'y était installée et elle était devenue femme. 

Marcella était la conception que Tiberio se faisait de la femme avec laquelle il voulait faire sa vie. Elle était parfois un peu tempétueuse et il y avait bien quelques bourrasques entre eux mais quel couple ne connaît pas des tourments? Il envoyait dans les cordes ceux qui disaient que leur histoire ne tiendrait pas. Foutaises! pensait-il.

D'ailleurs, il avait prévu de fêter le premier anniversaire de leur rencontre. Une célébration qu'il voulait intimiste, juste elle et lui. Il savait qu'elle avait horreur des cotillons et qu'elle n'apprécierait pas une grande fête avec des amis. Pour cet anniversaire ils s'envoleraient vers Madère. Marcella avait parlé de cette île à plusieurs reprises et Tiberio était certain que cela lui plairait de visiter Funchal.

Ce texte a été rédigé pour les éditions 109 et 110 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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29/08/2013

Ils n'avaient cessé de regarder la mer

En faisant les cartons pour le déménagement Tiberio avait retrouvé une boîte qu'il avait héritée de son père. Elle contenait des photos et une coupure de journal faisant l'éloge d'un arrière-grand-père à la fois coureur des mers, diplomate et écrivain. Il avait parcouru la terre sous toutes les latitudes, avait sillonné les océans du nord au sud et croisé sous les tropiques et les parallèles. Il revenait en Italie pour mieux repartir vers d'autres contrées, d'autres découvertes.

Cette passion des voyages était née à Brindisi. De la maison familiale, ses frères et lui n'avaient cessé de regarder la mer qui s'étendait à leurs pieds et ça leur avait donné des idées. L'Adriatique était une porte sur des cultures nouvelles, sur des gens aux univers bien différents du leur et surtout, elle offrait le départ pour de magnifiques aventures extra-terrestre.

Cet arrière-grand-père, qui se prénommait Alessandro, n'avait rien d'un va-t-en-guerre. Il déplorait même le néant auquel certains territoires avaient été réduits sous le joug d'envahisseurs qui étaient arrivés un jour par bateau alors que leur premier objectif était de faire le tour du monde. Des colonisateurs qui se repéraient à des cartes astrales et qui faisaient souvent fausse route, mettant le pied là où on ne les attendait pas.

Alessandro, lui, voulait juste mesurer la grandeur du monde, visiter les pays qu'il voyait sur sa mappemonde. Une mappemonde en couleurs que Tiberio avait récupérée. Son arrière-grand-père était un sacré animal. Il avait rêvé d'un futur pluriel, de vies entrelacées où le bonheur et le partage s'égrèneraient au fil des vents. Mais après avoir baroudé pendant vingt ans, il était revenu s'établir à Brindisi, une ville macrocéphale qu'il avait eu peine à reconnaître.

La fin du voyage avait été peu glorieuse. Il avait dû emprunter de l'argent à ses frères pour survivre. Puis, il s'était vu proposer un poste de diplomate en Suisse après avoir raconté dans les soirées de la bonne société ses voyages au long cour. Passé maître dans l'art de promouvoir la culture italienne, on lui avait alors suggéré de postuler dans des cercles littéraires. Mais comme beaucoup d'hommes il avait négligé de répondre et avait continué sa route vers Venise. Il y rencontra Aurelia Medici, une jolie jeune femme fortunée qu'il ne tarda pas à épouser et qui lui donna trois enfants.

Texte original rédigé pour les Plumes à thème n°14 initiées par Asphodèle. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus. Le thème de cette édition était le"monde".

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