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08/03/2015

Les dimanches poétiques (151)

"Le bonheur est bref. Je l'ai toujours su. Entreras-tu jamais dans ma vie? Je suis terriblement vivante. Tu me sens retenue. J'avance voilée. Si tu savais à quel point je me retiens. Je ne voulais pas d'amour car il provoque le chaos et il m'affole. Je souhaitais seulement être contre toi. Tout contre. Trouver des raisons de te haïr. Et ça n'a pas été compliqué.

J'avais espéré qu'un homme comme toi me dirait les choses les plus vraies et les plus profondes, doucement. J'ai attendu que tu me parles avec tendresse et passion.

J'attends toujours."

Patrick POIVRE D'ARVOR Fragments d'une femme perdue

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04/03/2015

Fifty shades of... what?

Février ce furent des nuances. Des nuances de gris, paraît-il. Des nuances que je n'ai pas vues et que je n'ai pas cherché à voir non plus. J'ai vu en revanche des nuances de douleur, sur des visages. Des nuances d'angoisse aussi, de gens qui attendent des diagnostics. Puis, des yeux cernés, fatigués.

J'ai vu des nuances de grades. Des nuances entre ceux qui décident et ceux qui exécutent. Et des externes qui s'emmerdent tellement dans des services qu'ils essaient l'appareil d'écho portatif sur eux-mêmes. Fifty shades of heart diseases...

Il y a aussi eu des nuances d'énervement. Mon raisonnement et ma façon de travailler font que je voie d'emblée les nuances d'un projet quand d'autres partent tête baissée dans une direction sans prêter attention au décor ni au contexte. J'apprécie les nuances du temps. Rien ne sert de courir.

Enfin, il y a eu quelques nuances de joie. Une mélodie entendue à la radio. Un bon mot. Des rayons de soleil.

Et aujourd'hui 4 mars, ce sont des nuances de sérénité. Le chat endormi sur le coussin. The Common Linnets dans le lecteur CD. La perspective d'une balade en ville cet après-midi après avoir réglé une formalité au gros H. Fifty shades of happiness!

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28/02/2015

Février, ce fut...

Voir une orchite le samedi et le dimanche changer des pansements américains après orchidectomie / Traverser l'un des plus gros services d'urgences de France et voir que quasiment tous les box sont occupés / Des nounours en guimauve enrobés de chocolat au lait / Une bonne soirée avec des amis / De beaux gants en cuir / Des petites victoires / Se classer 5ème à une dictée et gagner un bon d'achat à faire valoir dans une librairie (Et faire mentalement la liste des livres qui me tentent.) / Mercredi 18 : grand soleil / Se mettre dans la peau d'une chirurgienne assez imbuvable qui officie aux urgences. Rôle à contre-emploi / Des roses blanches / Du rôti de lotte au chorizo et lard fumé, avec une sauce crème à la tomate, whisky et piment / Un mal de gorge tenace / Constater que les hommes eux aussi rougissent... Hmmm!

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Deux livres (parmi tant d'autres) qui me tentent en ce moment

27/02/2015

Laisser tourbillonner son esprit

"Merci", avait dit Marcella  à la serveuse qui lui tendait une assiette parée d'une grosse part de gâteau au chocolat qu'elle venait de choisir. Puis, elle avait pris le café latte posé sur le comptoir pour aller s'installer sur une banquette située dans le fond du salon de thé. Marcella aimait les banquettes tendues de velours, moelleuses, dans lesquelles on pouvait s'enfoncer pour oublier le monde autour et laisser tourbillonner son esprit. D'ailleurs elle aimait laisser vagabonder son esprit, tel un goéland qui sillonne le ciel sans but précis. Et cela très précisément quand elle avait des décisions à prendre.

Quand elle se posait beaucoup de questions sur un sujet, elle n'était pas du genre à méditer dessus. Elle n'essayait même pas de trouver une piste de réflexion. Les idées se présentaient à elle par surprise, parfois par hasard, toujours de façon inattendue. Il lui suffisait simplement d'accumuler assez d'infos sur le sujet et de laisser fonctionner son cerveau tout seul. Sans qu'elle s'en rende compte, ses méninges faisaient des connections et reliaient les différents éléments entre eux. Marcella faisait partie de ces personnes (peu nombreuses) qui avaient un raisonnement global. On ne pouvait même pas dire que c'était de l'inspiration. C'était plutôt comme des tisons qui attendaient qu'on souffle dessus pour que le feu reprenne.

Il n'était pas nécessaire qu'elle se fixe des objectifs.  Pas de bataille à mener pour trouver des solutions. Son cerveau établissait lui-même, avec souplesse, la meilleure stratégie pour résoudre les problèmes. 

Son mode de raisonnement n'était pas toujours compris et il était parfois assimilé à une forme de culot car bien souvent Marcella n'avait pas d'explication à donner quand on lui demandait de justifier ses conclusions. Des conclusions qui s'avéraient être les bonnes, ce qui ne manquait pas d'agacer ses collègues et ses amis. Quelques supérieurs hiérarchiques, qu'elle ne voyait pour ainsi dire jamais - des hypocrites - avaient essayé de comprendre comment elle arrivait aux bonnes conclusions mais elle était incapable de donner la moindre explication.

Ce texte a été rédigé pour les Plumes d'Asphodèle. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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22/02/2015

Les dimanches poétiques (150)

"Je m'arrêtai soudain, interloqué. Un souvenir furtif venait de se planter dans mon cerveau comme une flèche au milieu d'une cible.

Le vieux laquais aux cheveux gris, dans le bureau du notaire. Il m'avait proposé le seul repas que j'aurais été incapable de refuser, comme s'il connaissait mes goûts depuis des années, et avait ajouté sur le ton de la connivence: "Les cailles farcies et les gâteaux de Savoie ne constituent sans doute pas un repas idéal le soir." C'était au mot près la réflexion que m'avait faite Holmes un soir après dîner.

Simple coïncidence?

Un peu plus tard, l'homme à la bûche. Il avait glissé une grosse bûche dans l'âtre et s'était adressé à moi, comme si nous étions de vieux amis: "Un bon feu de cheminée apaisera vos rhumatismes, docteur Watson. Je sais de quoi je parle."

Comment ce bonhomme savait-il que j'avais des rhumatismes? Avait-il simplement repéré la présence de ma canne à côté de mon fauteuil? M'avait-il surpris en train de me masser les genoux?"

Bob GARCIA Le testament de Sherlock Holmes

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15/02/2015

Elle ne l'avait pas entendu approcher

Le professeur Berghetti était arrivé derrière Marcella sans qu'elle ne l'entende approcher. Habituellement elle reconnaissait son pas rapide et sa façon de faire claquer ses talons quand il s'immobilisait. Occupée à photocopier des documents sur la machine installée dans le couloir, elle n'avait pas remarqué sa présence et s'était retrouvée tout contre lui en ouvrant un tiroir qu'elle voulait recharger en feuilles blanches. Elle avait senti un tissu plier sous son dos, juste entre l'angle inférieur de la scapula et le processus transverse de la huitième vertèbre dorsale. Elle avait également senti comme un bouton mais ne pouvait affirmer que c'en était un. Il n'avait pas bougé. C'est elle qui s'était avancée pour le laisser passer, rentrant son ventre et ses fesses et se collant à la photocopieuse.

Repensant à la scène un peu plus tard Marcella se rappelait qu'il n'y avait personne dans le couloir et qu'il avait largement la place de passer sans entrer dans son espace intime. Sa tasse à café à la main il s'en allait jusqu'à la salle de pause où se trouvait la cafetière. Comme un félin il s'était approché à pas feutrés. Cependant Marcella aurait dû sentir sa présence. Hypersensible aux sons, aux odeurs et aux mouvements, elle aurait dû remarquer qu'il était près d'elle et s'était étonnée de cette situation étrange. Comment réussissait-il (car ce n'était pas la première fois qu'il lui faisait le coup) à se faire oublier de la sorte? Il était certes un petit peu plus petit qu'elle mais il n'était pas du genre à passer inaperçu. Il avait une façon unique de déplacer l'air en marchant.

Habituellement Marcella évitait de se trouver trop près de lui. Elle évitait comme elle pouvait les contacts corporels car elle craignait de s'embraser. Francesco Berghetti était incandescent. Quand il s'approchait trop elle ne pouvait plus bouger, sentant son corps défaillir. Elle n'osait pas imaginer ce qu'il se passerait s'ils se retrouvaient face à face, à quelques centimètres l'un de l'autre...

Ce texte n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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13/02/2015

L'île aux mimosas et ses allées caillouteuses

J'irai finalement en Vendée aux vacances de printemps. La résa est faite. Petit séjour sur l'île aux mimosas du 27 avril au 2 mai. Hâte de retrouver les allées caillouteuses du Bois de la Chaize, les marais salants, et les pistes cyclables pour se balader du nord au sud de l'île les cheveux au vent. Hâte de retrouver sa faune et sa flore, ses paysages sauvages.

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