02/06/2017
Un saint homme - A. WIAZEMSKY
Comme tout le monde, je traverse des moments heureux et d'autres douloureux que je garde pour moi. Tout au plus, je me contente d'un laconique "c'est une période pas facile". Il respecte mon désir de silence et ne cherche pas à en savoir plus. Si cela lui arrive, c'est sous une forme détournée et à l'occasion des vœux du 1er janvier: "Je vous souhaite... plus de hauts que de bas..."
J'aurais pu ne jamais lire ce livre, mais voilà, la vie (ou bien le destin, le sort, ou ce que vous voulez) en a décidé autrement. Le libraire a sans doute aussi sa part de responsabilité dans l'histoire. Partie avec une liste de livres bien précise dans mon sac, je n'en ai trouvé aucun sur place. C'est un peu dépitée que j'ai fait trois fois le tour de la boutique, mes yeux errant d'une couverture à l'autre. J'ai soupesé des livres de poche, j'ai lu des quatrième de couverture, j'ai scruté les rayonnages jusqu'à ce que mon regard s'arrête sur celui-ci. C'était le dernier exemplaire. J'en avais entendu parler un peu à la radio et à la télé, me souvenant de la venue d'Anne Wiazemsky sur le plateau de la Grande Librairie. Le titre m'avait alors intrigué. Mes mains furent comme attirées par l'ouvrage. C'était celui-ci que je devais emporter.
Et quelle chance d'avoir pu acheter le dernier exemplaire. Ce livre fut une vraie rencontre avec l'auteure, que je ne connaissais pas bien. Pour moi Anne Wiazemsky, c'était un écrivain, point. Or, cette femme a eu une vie riche. Elle a été actrice et a été mariée à Jean-Luc Godard. (Ce que j'ignorais totalement.) Elle est venue à l'écriture assez tardivement. Assez tardivement, certes, mais son don pour raconter des histoires remonte à bien longtemps, du temps où elle vivait en Amérique latine, à Caracas plus précisément. C'est là qu'elle fut encouragée à écrire, notamment par son professeur de français, le père Deau, auquel elle rend hommage dans ce livre. Un livre dans lequel elle évoque par ailleurs son lien de parenté avec François Mauriac, l'auteur de Thérèse Desqueyroux.
Cependant, si j'ai bien lu entre les lignes, Anne Wiazemsky n'a jamais crié sur les toits que Mauriac était son grand-père. Et il n'apparaît qu'en filigrane dans ce texte. Ici, l'auteure nous raconte son amitié indéfectible pour son professeur de français. Un lien ténu mais solide qui a traversé les années. Elle décrit la personnalité du père Deau, un homme attachant et plein d'énergie qui a su déceler chez la jeune fille son attrait pour la littérature et ce don pour raconter des histoires.
Et je peux vous dire qu'elle sait extrêmement bien mener sa plume. Elle embarque le lecteur sur les ondes de ses souvenirs et de ses sentiments sans pour autant tomber dans l'autojustification. Elle n'avait pas pour intention d'écrire son autobiographie même si elle retrace de nombreux moments de sa vie. Ca sonne juste et ça chamboule. Une belle histoire qu'elle nous raconte-là.
Un saint homme - Anne WIAZEMSKY - Gallimard - 2017
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28/05/2017
Les dimanches poétiques (199)
"Le charme le plus grand d'Anne (qui semble bien ignorer la coquetterie féminine!), c'est bien cette confiance qu'on lit dans ses yeux. Confiance exigeante envers ceux qu'elle aime, car il faut être attentif à ne pas la décevoir. Âme sans replis et sans détours, et pourtant compliquée, où les racines du bien voisinent - comme en chaque homme - avec celles du moins bien et du mal."
Anne WIAZEMSKY Un saint homme
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14/05/2017
Les dimanches poétiques (198)
"La retraite est révolte. Gagner sa cabane, c'est disparaître des écrans de contrôle. L'ermite s'efface. Il n'envoie plus de traces numériques, plus de signaux téléphoniques, plus d'impulsions bancaires. Il se défait de toute identité. Il pratique un "hacking" à l'envers, sort du grand jeu."
Sylvain TESSON Dans les forêts de Sibérie
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03/05/2017
Descendre la PAL. Cap ou pas cap?
Je regardais ma PAL il y a quelques jours et j'y ai vu des bouquins qui y figurent depuis une éternité. Des bouquins dont je repousse toujours la lecture: est-ce le sujet qui me fait peur ou me rebute, ou est-ce le nombre de pages un peu trop conséquent? Le nombre de pages, je ne crois pas, puisque j'ai lu dernièrement des livres de plus de 500 pages. Alors peut-être le sujet... A moins que ce ne soit les auteurs. Parmi ces ouvrages Pelures d'oignon de Günter Grass (prix Nobel de littérature en 1999), Trois jours chez ma mère de François Weyergans (académicien), et les Lettres à Olga de Vaclav Havel (dissident tchécoslovaque et président de la République tchèque de 1993 à 2003). Que du beau monde, mais aussi du lourd. On ne lit pas ces auteurs comme on lit Marc Lévy. Je ne dis pas que les livres de ce dernier ne sont pas bien, mais ce n'est pas le même genre de littérature. De même les livres de Harper Lee et John Kennedy Toole ne se lisent pas comme un bouquin de Guillaume Musso ou Patricia Highsmith.
J'aimerais faire descendre ma PAL cette année et ne plus y voir ces titres mais je suis tentée par plein de nouveautés. Sans compter les livres qu'on me prête. Arriverais-je à limiter mes achats en librairie et à lire ce que m'offre ma PAL? S'il me reste 30 livres à lire au 31 décembre 2017 et que ceux cités ici sont partis, on pourra dire que l'objectif est atteint.
Ouvrage fort intéressant mais commencé il y a plusieurs années et que je n'arrive pas à terminer...
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09/04/2017
Les dimanches poétiques (197)
"Recevoir ces diapositives m'a rappelé les leçons que m'a enseignées le pôle Sud. Je ne sais toujours pas quel usage faire de cette sagesse. Peut-être en fin de compte n'ai-je rien appris qui puisse m'aider à vivre. Et que sais-je de la mort, alors que celle de ma mère plane constamment en suspens au-dessus de moi telle une ombre menaçante? Depuis l'Antarctique, je n'ai fait qu'attendre. Je n'ai pas eu le courage de vivre, par crainte de nouvelles blessures. Quand la confiance est brisée, difficile de la retrouver."
Karen VIGGERS La mémoire des embruns
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05/04/2017
Revue de lectures #3
Fleurs sauvages de Kimberley FREEMAN: une histoire qui se passe sur deux périodes. La première au début du 20ème siècle. La seconde au début du 21ème siècle. On suit tout d'abord Beattie Blaxland de Glasgow à l'Australie. Puis, on suit sa petite-fille qui elle aussi quitte l'Europe pour l'Australie. Mais les deux femmes partent pour des raisons bien différentes. Deux destins singuliers et deux femmes fortes qui m'ont beaucoup plu.
La Sonate à Bridgetower d'Emmanuel DONGALA: il s'agit ici de redécouvrir un violoniste virtuose complètement oublié. Tout le monde connaît la Sonate à Kreutzer (œuvre qu'il n'a pourtant jamais jouée) mais personne ne sait qu'elle a d'abord été écrite pour un autre violoniste, George Bridgetower. Beethoven avait dédié cette partition à George, musicien mulâtre d'exception, ovationné à Paris, Londres et Vienne. Cependant, suite à une brouille à propos d'une femme dont Beethoven était éperdument amoureux, il la dédia à Kreutzer, lequel la trouva trop complexe pour l'interpréter. Un roman pour les amoureux de la musique!
Sur les chemins noirs de Sylvain TESSON: les médecins lui avaient dit qu'il ne remarcherait probablement pas et que la rééducation prendrait des mois. La rééducation, Sylvain Tesson a décidé de la faire à sa façon, en entreprenant la traversée de la France par les chemins noirs, tracés en tout petit sur les cartes. Après une chute qui lui a brisé les os et l'a en partie défiguré, Sylvain Tesson nous raconte ce chemin de la reconstruction physique et morale, puisant au plus profond de lui-même pour effectuer chaque nouveau pas. On y découvre un homme meurtri mais aussi le portrait d'une France hyper-rurale qu'on ne soupçonne pas, cachée au fond des bois, au détour d'une colline, ou bien à l'encoignure de prairies. Tout cela écrit dans un joli français.
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19/02/2017
Les dimanches poétiques (194)
"A Moustiers, sous le commandement de la chapelle d'Entre-Roches, rivée à sa falaise, je bus un double café noir et tombai sur le quotidien La Provence. Oh! la tristesse des titres! Et que je massacre les adorateurs du soleil en Irak, et que je détruise un temple grec, et que je foute du pétrole dans la mer profonde et bleue que barattent les baleines en sautant bizarrement. L'homme manquait de tenue. L'évolution avait accouché d'un être mal élevé et le monde était dans un désordre pas croyable."
Sylvain TESSON Sur les chemins noirs
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