31/12/2017
Les dimanches poétiques (215)
"Personne ne reliait Dravelle à la catastrophe mais j'étais certain de sa responsabilité. Il avait échappé aux enquêtes, aux poursuites. Il était vivant. Il touchait sa pension, il marchait dans la rue en homme libre. Et puis c'était lui, avec Mainate, qui étaient responsables de la mort de Jojo. Ils l'avaient envoyé à la mine. Deux salauds en embuscade au bar "Chez Madeleine", qui faisaient passer les jeunes de leur première à leur dernière bière."
Sorj CHALANDON Le jour d'avant
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18/12/2017
Il n'en croyait pas ses yeux
Pietro n'en croyait pas ses yeux. Il avait devant lui l'un des plus beaux textes rédigé en slavon liturgique. Il n'était même pas certain que la bibliothèque du Vatican renfermait un tel trésor, et pourtant elle comptait plus d'un chef-d'oeuvre sur ses étagères. Où Francesco Berghetti avait bien pu dénicher ce texte? Il lui avait apporté une heure auparavant, lui demandant de le traduire rapidement, et qu'il passerait le récupérer le lendemain avec la traduction.
Pietro ne perdit pas une minute. Il ajusta la lampe au-dessus du bureau afin que la lumière ne soit pas trop crue, chaussa ses lunettes puis, avec religiosité, s'avança pour ausculter avec attention le feuillet que Berghetti lui avait remis.
Ce texte faisait l'objet de rumeurs et alimentait beaucoup de légendes. Tout le monde en parlait mais personne ne l'avait jamais vu. Pietro lui-même avait longuement débattu avec des historiens pour savoir s'ils ne cherchaient pas une chimère. Ils avaient émis les thèses les plus folles quant à l'endroit où le feuillet se trouvait, si toutefois il n'avait pas été détruit, les églises ayant connu de nombreux pillages.
Durant sa carrière Pietro avait étudié beaucoup de textes, et encore plus depuis qu'il était directeur du département d'études slaves de l'Université de Bologne. Il avait exhumé des rayons des manuscrits en vieux slave, avait lu la moitié des ouvrages en cyrillique conservés dans la bibliothèque de la faculté, mais n'avait jamais vu à Bologne de texte en slavon, qui plus est liturgique. L'unique moment où il avait eu l'occasion d'en voir, et encore sur feuilles polycopiées, avait été lors de son année passée à Paris. Il avait alors fait beaucoup de versions et se débrouillait plutôt bien mais bien qu'il eut un très bon professeur à l'époque, l'un des meilleurs d'Europe, il ne lui faudrait pas moins de toute une nuit et d'une journée pour décortiquer le texte que Berghetti lui avait confié.
Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°288 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits. La photo, prise par Leiloona, n'est pas libre de droits non plus.
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17/12/2017
Les dimanches poétiques (214)
"Deux cœurs qui s'aiment, animés d'une même passion, vivent dans un autre univers; ils parlent un autre langage; sans se voir ils s'entendent, sans communiquer ils se comprennent; ils se devinent."
Sophie COTTIN Claire d'Albe
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12/12/2017
On la trouvait plutôt jolie - M. BUSSI
Le dernier polar de Michel Bussi a paru début octobre. C'est le onzième. Et, foi de Do, c'est l'un des meilleurs de l'auteur. Contrairement à ses autres bouquins, il traite d'un sujet d'actualité. Il y a, bien sûr, une intrigue policière en toile de fond mais c'est à mes yeux un roman social et géopolitique. Michel Bussi nous parle des migrants de la Méditerranée, des conditions de passage vers un avenir meilleur, du trafic organisé autour de ce flux migratoire, et de l'intégration des migrants dans notre société.
A travers l'histoire de Leyli, qui vit dans le quartier prioritaire des Aigues Douces à Port-de-Bouc, l'auteur nous conte le parcours d'une femme cabossée par la vie, tout d'abord au Mali, puis au Maroc, d'où elle émigrera vers la France après diverses péripéties et coups du sort. Leyli est jolie, et les hommes ne sont pas insensibles à ses charmes. Une beauté à double tranchant. Elle va en rencontrer beaucoup des hommes. Parfois contre son gré. De ces rencontres, plus ou moins consenties, vont naître trois enfants: Bamby, l'aînée, Alpha, un garçon qui joue les gros durs, et Tidiane, le petit dernier, âgé d'une dizaine d'années.
Mais Leyli cache un secret. Un secret que je ne peux pas vous révéler car sinon je vous donne une clé essentielle du roman, laquelle a été placée dans le dernier tiers de l'histoire pour justement nous balader avant. Ce fut un excellent moment de lecture car, si l'intrigue est extrêmement bien menée, j'ai aussi beaucoup aimé le portrait des différents personnages, et notamment ceux faits des hommes, qui ne sont pas ménagés. Michel Bussi les a bien chargés et on pourrait croire que le roman a été écrit par une féministe. Ceci étant dit, il y a quand même des hommes fréquentables dans ce bouquin. Mais pas beaucoup.
Un livre à lire en tout cas.
On la trouvait plutôt jolie - Michel BUSSI - Ed. Presses de la Cité - 2017
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11/12/2017
Cold Winter Challenge 2017
Je ne participe pratiquement plus aux challenges lecture organisés sur le Web si ce n'est à ceux qui sont illimités dans le temps ou qui durent au moins une année civile. Mais l'autre jour, en furetant sur Instagram, j'ai repéré le Cold Winter Challenge. Il offre plusieurs possibilités de participation et notamment quatre catégories pour répondre aux goûts de chacun. Et je me suis dit, pourquoi pas.
Voici les catégories proposées:
- la magie de Noël (lire un livre qui a un lien avec cette fête, de près ou de loin);
- flocons magiques (lire un livre fantasy, fantastique... pas forcément en lien avec Noël);
- marcher dans la neige (lire un livre de nature writing, de littérature de voyage);
- stalactites ensanglantées (lire un polar/thriller qui se passe durant l'hiver, ou pendant une période froide).
Pour participer, rien de plus simple. Il faut lire un livre dans au moins une catégorie entre le 1er décembre 2017 et le 31 janvier 2018. Ensuite libre à vous de partager votre lecture sur votre blog si vous en avez un ou sur les réseaux sociaux. Vous pouvez aussi participer dans votre coin.
Ce Cold Winter Challenge existe depuis 2012. Il a été initié par Antonine et Margaud liseuse en fait un excellent résumé sur son blog.
Ma PAL n'est pas finalisée puisque sur les trois titres que je veux lire pour ce challenge je n'en ai qu'un seul dans ma bibliothèque. J'ai soumis les deux autres titres au père Noël. J'aurais peut-être une bonne surprise parmi les paquets déposés sous le sapin...
Alors, vous participez?
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10/12/2017
Une procession de fourmis
L'avion mangeait peu à peu les passagers et les bagages. Le gros oiseau blanc déglutissait lentement ceux qui arrivaient en haut des marches. Des hommes en gilets fluorescents scrutaient la longue file qui cheminait sur le tarmac. On aurait dit une procession de fourmis qui s'en allaient de leur plein gré vers l'oiseau affamé.
Les agents fluorescents s'assuraient qu'aucune fourmi ne déviait de la file, qu'aucune n'allait tenter un geste insensé, ou bien faire demi-tour. L'avion ne pouvait pas être retardé. Il n'était plus l'heure de regretter. Plus l'heure de se demander si elles avaient fait le bon choix. Le choix de tout quitter.
Quand Madalina et les siens avaient su qu'un avion serait affrété le lendemain ils avaient préparé immédiatement leurs valises. Fuir le pays était peut-être l'unique chance pour eux d'être à nouveau libres. Ils se terraient dans leur appartement depuis des mois, osant à peine sortir pour trouver de quoi manger. Le pays était affamé. Le moindre haussement de voix était réprimé. Sortir du pays leur permettrait de témoigner, de dire au monde entier que les droits de l'homme étaient bafoués, que la presse était muselée, que les écrivains étaient pourchassés, et que leur président se prenait pour le "génie des Carpates". Il fallait que tout cela cesse. Madalina saluait le courage de ces hommes qui avaient décidé de s'emparer d'un avion pour sauver une poignée de leurs compatriotes sachant que des milliers d'autres, telles des fourmis, seraient piétinés.
Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°287 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits. La photo, prise par Leiloona, n'est pas libre de droits non plus.
22:30 Publié dans Textes originaux | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écriture, atelier d'écriture, écrivain, littérature, actu, actualité | Facebook |
06/12/2017
Un clafoutis aux tomates cerises - V de BURE
Je crois qu'avec l'âge je deviens de plus en plus égoïste. Je ne prends plus le temps de m'arrêter sur les peines de ceux qui ne sont pas moi. Peut-être parce que, du temps, il m'en reste si peu. Je me rends compte que beaucoup de choses me deviennent indifférentes. On dirait qu'à mesure que la vie se rétrécit le cœur se dessèche. Comme le reste, les sentiments s'usent. La colère se tempère, l'affection s'assoupit, la compassion s'étiole. Le bruit du monde ne nous parvient plus que de très loin, vague écho d'une vie qui ne nous concerne plus.
Je n'aurais sans doute jamais lu ce livre si on ne me l'avait pas prêté. Je ne connaissais pas l'auteur. Véronique de Bure n'en est pas à son coup d'essai. Elle a déjà écrit plusieurs ouvrages parmi lesquels Une confession (Stock 2009) et Un retraité (Stock 2011). Un clafoutis aux tomates cerises traite de la vieillesse - tout particulièrement du 4ème âge - et du temps qui passe.
Ainsi nous partageons le quotidien de Jeanne, nonagénaire qui vit encore toute seule dans sa maison à la campagne. Elle nous livre ses impressions sur les petits événements qui surviennent dans sa vie, celle de ses voisins, et celle de ses amis. Sous forme de journal intime qu'elle tient sur une année on découvre ses petits ennuis de santé, les péripéties de sa voisine Marcelle, les coups du sort qu'endurent ses amies, les mises en garde de ses enfants qui s'inquiètent beaucoup pour elle alors qu'elle, elle ne voit pas le danger. Elle fait quelques retours en arrière, nous parle de ses souvenirs de la guerre, évoque son mari et les débuts de son mariage.
Mais Jeanne trouve le temps long. Elle ne comprend plus grand chose de ce qui se passe aujourd'hui. Il y a certes les parties de bridge avec les copines, la messe le dimanche, la visite des enfants de temps en temps mais elle vieillit et les autres aussi. Plus le temps passe, plus elle enterre de monde. La voisine perd la boule, ses amies tombent malade... Bref, elle se demande combien de temps cela va-t-il encore durer.
Parler de la vieillesse n'est pas simple et l'angle choisi par l'auteur est original. Jeanne est une petite bonne femme attachante avec tous les tics et les problèmes d'une personne âgée. Elle a du mal à se mobiliser, quelques pertes de mémoire, des problèmes d'auditions. Un regard assez pertinent sur le 4ème âge qui peut permettre à de grands enfants de mieux comprendre leurs parents.
Un clafoutis aux tomates cerises - Véronique de BURE - Ed. Flammarion - 2017
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