10/06/2018
Les dimanches poétiques (226)
"Trop de bruits, de rires, de mouvements. Il s'en veut mais parfois même la joie l'épuise. La vie elle-même. Dans son battement, son activisme forcené, sa vitesse, son grouillement permanent. Il ne supporte plus tout ça très longtemps. Il lui faut de longues plages de calme et de silence, de repos. Comme on reprend son souffle. Il a besoin de tellement plus de temps, de lenteur. C'est comme si depuis quelques années, la vieillesse l'envahissant, son propre rythme avait ralenti. Tandis que la vie des autres lui paraît réglée sur un mode très rapide."
Olivier ADAM Peine perdue
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03/06/2018
Les dimanches en photo (107)
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27/05/2018
Les dimanches poétiques (225)
"- Vous voyez, certains ont l'alcool mauvais, ce n'est pas mon cas. Je suis généralement connu dans les environs pour être une sympathique viande saoule, un peu tatillonne parfois, mais inoffensive et drôle apparemment, parfois contre mon gré. En revanche j'ai la presse mauvaise, très mauvaise. Alors, quand j'ai dépassé la dose critique, j'écrase le journal en boule et je le jette dans la cheminée pour faire flamber mon fiel. Pourtant, je ne peux pas m'en passer. A chaque fois, je me dis que c'est la dernière, et le lendemain je me retrouve au kiosque à acheter mon mille-feuilles de tourments. Ce besoin de constater la laideur et la bêtise de mes contemporains m'échappe totalement, mais j'y reviens tout le temps, c'est probablement une définition assez précise de la drogue. Vous vous droguez?"
Olivier BOURDEAUT Pactum salis
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23/05/2018
Pactum salis - O. BOURDEAUT
Certains disent que le deuxième roman d'Olivier Bourdeaut est moins bien que le premier. Personnellement j'ai beaucoup aimé cette histoire, non seulement pour ce qu'elle nous raconte, mais aussi pour la langue (très) travaillée que l'auteur nous livre. C'est finement ciselé, les bons mots sont légion. Le ton est à la fois drôle et sarcastique, espiègle et mélancolique.
L'histoire se déroule dans les marais salants guérandais. Un cadavre est découvert dans un œillet. Seuls les pieds dépassent. Est-ce un homme? une femme? Les informations sont distillées avec parcimonie au fil des pages. Des pages pendant lesquelles Olivier Bourdeaut nous raconte ce qui aurait pu conduire à cette scène digne des meilleurs polars.
Il met en présence deux hommes. D'un côté il y a Jean, le propriétaire d'un marais salant, célibataire et peu bavard. De l'autre Michel, un agent immobilier parisien qui passe ses vacances à la Baule. Ce sont ses premières vraies vacances depuis plus d'une dizaine d'années, depuis qu'il a commencé à travailler. Deux mondes s'opposent. On pourrait parler de Michel de la Ville et de Jean des Champs. Mais ce serait trop simple. L'auteur nous livre ce qui a amené chacun des protagonistes là où il est aujourd'hui et dans quelles conditions se passe la rencontre entre ces deux hommes. Ou peut-être devrais-je dire, entre ces deux caractères. Parce que l'un et l'autre ont quand même un fichu caractère et sont de sacrés emmerdeurs. Mais malgré tout, les deux hommes vont sympathiser. Par jeu? Par provocation? Allez savoir! L'amitié sera-t-elle un pacte de sel entre ces deux-là?
Ce fut un très bon moment de lecture. J'ai beaucoup ri et j'ai marqué au crayon plein de passages. Olivier Bourdeaut est vraiment un auteur à suivre.
Pactum salis - Olivier BOURDEAUT - Ed. Finitude - 2018
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20/05/2018
Une odeur âcre de papier froid et froissé
Baptiste regarda une deuxième fois dans le bac pour être bien sûr qu'il n'avait pas eu la berlue. Il y avait là toutes sortes de papiers: des livres de poche, des magazines, des brochures, de vieux annuaires, des carnets de notes... Tous jetés pêle-mêle dans ce container entreposé dans le garage. Baptiste n'y avait jamais vraiment porté attention. D'ailleurs il ne se rendait pas souvent dans le garage quand il venait à Combloux.
Pourquoi son père avait mis tout ça dans ce bac? C'aurait été plus simple de s'en débarrasser au fur et à mesure. S'en servait-il pour allumer le feu? Son paternel se fichait pas mal de la littérature et les bouquins ne l'intéressaient pas. Frison-Roche et Stendhal avaient peut-être crépité ensemble dans l'âtre...
Simon, pendant ses deux années d'études post-bac, avait entassé des centaines de bouquins dans sa chambre. Lorsqu'il était décédé le père Vittoz avait décidé de tout garder puis, il en avait eu assez de vivre dans le passé. Les livres de Simon avaient disparu. Baptiste pensait que les ouvrages de son frère avaient été donnés.
Il se dégageait du container une odeur âcre de papier froid et froissé, d'encre en décomposition. Ca piquait les narines. Baptiste se détourna et rabaissa le couvercle.
S'il voulait vendre la maison rapidement il devait se dépêcher de la vider. Une armée de souris ne viendrait sûrement pas à bout de toutes ces pages. Il fallait trouver une solution plus efficace. Baptiste entreprit de tout brûler.
Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°304 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits.
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Les dimanches en photo (106)
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16/05/2018
L'annonce - M.-H. LAFON
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce livre de Marie-Hélène Lafon. J'ai à peine lu la quatrième de couverture lorsque j'ai acheté ce livre. J'avais simplement envie de découvrir cette auteure.
L'histoire est banale. Paul, agriculteur à la quarantaine bien sonnée, passe une annonce dans un journal pour trouver une femme qui accepterait de partager son quotidien. Annette répond. Elle n'a pas tout à fait quarante ans. Elle est mère d'un garçon de onze ans.
Le premier vit dans le Cantal. La deuxième habite le nord de la France. Ils arrivent à un âge où il n'est plus question d'être difficile, de faire la fine bouche. L'âge où on arrondit les angles et où on ne s'énerve plus pour des broutilles. L'adaptation à la région ne sera pas simple mais Annette serre les dents. Elle sait qu'elle pourra donner ici un avenir à son fils, loin du père biologique de celui-ci, alcoolique et qui a fait plusieurs séjours en prison.
La langue est belle mais le style m'a un peu décontenancée par moments. J'ai eu du mal avec la ponctuation. Ou plutôt avec l'absence de ponctuation. Cette dernière est ce qui donne du rythme à un texte, lui insuffle une vitalité. Et du coup j'ai trouvé certains paragraphes un peu plats même si l'histoire vaut la peine qu'on s'y arrête.
L'annonce - Marie-Hélène LAFON - Ed. Folio - 2016
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