11/03/2018
Il avait flairé le danger
Après trois semaines passées à Molfetta, Francesco et Marcella étaient retournés à Rçme. Cependant ni l'un ni l'autre n'avait réintégré son ancien logis. Berghetti était persuadé que leurs logements étaient surveillés et que leurs lignes téléphoniques avaient été placées sur écoute. Ils voulaient passer au travers des radars. Francesco avait changé de numéro de portable. Marcella n'utilisait plus le sien. Elle n'appelait pas Tiberio qui lui aussi était sûrement surveillé.
Le frère de Berghetti leur avait trouvé un appartement dans la via dei Sabini, à deux pas de la fontaine de Trevi. Un duplex récemment rénové, aux murs blancs, au mobilier design et à l'électroménager dernier cri. Il occupait les deux derniers étages de l'immeuble avec un accès privé à la terrasse. Marcella s'était installée dans la chambre du haut et Francesco avait choisi celle du bas, ce qui lui permettait d'avoir toujours un œil sur la porte d'entrée.
Ils sortaient toujours en plein jour avec lunettes de soleil et casquettes, et un appareil photo en bandoulière. Ils se faisaient passer pour des touristes. Francesco ne parlait pas. C'est Marcella qui s'adressait aux commerçants dans un mauvais italien entrecoupé de mots français. Mais elle en avait assez de se cacher. Elle voulait retourner chez elle, dans la via di Santa Dorotea. Francesco évoquait le danger pour la garder éloignée de Tiberio mais il avait remarqué que son humeur avait changé. Lui non plus ne pouvait pas rester indéfiniment caché. A la fac ses collègues devaient s'inquiéter. Il n'avait pas donné de nouvelles depuis des lustres. Et aurait-il le temps de leur en donner?
Alors qu'ils flânaient près de la fontaine de Trevi Francesco remarqua deux cols romains qui s'avançaient vers eux. Il saisit la main de Marcella. Elle ne comprit pas tout de suite pourquoi il la tirait ainsi par le bras. Berghetti marchait de plus en plus vite. Il avait flairé le danger. Le prêtre à la casquette lui avait laissé un mauvais souvenir la dernière fois qu'il l'avait croisé. C'était à l'université. Il lui avait logé une balle dans le mollet. Francesco et Marcella se mêlèrent à un groupe de touristes faisant des selfies et prirent quelques clichés en surveillant discrètement les deux curés.
Textes précédents:
Il rêvassait devant la vitrine
Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°297 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.
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Les dimanches poétiques (220)
"Clachan Fells enregistre les plus importantes hauteurs de neige de la région mais ce n'est pas seulement ça. L'obscurité les suit. Elle vient tout recouvrir. Chaque jour elle mangera un peu plus de lumière jusqu'à ce qu'un matin, à leur réveil, ils s'aperçoivent que le soleil ne se lèvera plus. Stella a l'impression de se trouver au début de cette longue route et que tout le monde est parti. Le monde entier est gelé et il ne reste plus personne à part elle et les oiseaux tournoyant dans le ciel."
Jenni FAGAN Les buveurs de lumière
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06/03/2018
Les arbres arboraient déjà quelques bourgeons
Sarah n'irait pas à Osaka pour tenter de retrouver Alexandre, enfin Simon. Elle ne ferait pas cette folie. Elle avait décidé d'attendre. Elle espérait simplement une autre carte postale, lui confirmant qu'il était bien là-bas. D'ailleurs, où le chercherait-elle une fois rendue sur place? Osaka était une grande ville. Sarah ne parlait pas du tout le japonais et se débrouillait moyennement en anglais. Attendre était sans aucun doute la meilleure chose à faire même si Simon occupait constamment son esprit, la privant de ses mots pour mettre un point final à son roman.
A Combloux la neige avait fondu et laissé la place à une herbe détrempée et chétive. Le sol épongeait lentement l'eau. Le radoucissement s'était amorcé mi-mars, noircissant les montagnes à mesure que le manteau blanc partait. Il y avait eu quelques belles journées et les arbres en avaient profité. Ils arboraient déjà quelques bourgeons duveteux et doux comme de la soie. Sarah les caressait nonchalamment lors de ses balades vespérales sur le chemin qui montait derrière le chalet. Toby, lui, faisait le fou et s'écroulait de fatigue devant la cheminée quand ils rentraient. Ces promenades qui d'habitude lui apportaient l'inspiration l'emportaient davantage du côté du Japon que vers les personnages de sa fiction. Le dernier chapitre du livre lui donnait du fil à retordre. Elle avait beaucoup de mal à se concentrer, n'étant pas complètement à ce qu'elle faisait.
Simon lui donnerait-il de ses nouvelles prochainement? Reviendrait-il un jour en France? Elle avait tant de questions à lui poser. Elle voulait savoir pourquoi il avait fait un trait sur son passé et changé d'identité. Elle voulait comprendre et peut-être aussi l'aider. Même s'il essayait de ne rien laisser paraître, il avait paru torturé. Il n'avait pas fondé de famille, ne semblait pas aimer et être aimé. Elle voulait savoir ce qui s'était passé, l'obligeant à disparaître aux yeux de sa famille et à fuir son pays.
Textes précédents:
Mettre de la distance avec le passé
Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°296 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.
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04/03/2018
Les dimanches en photo (101)
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28/02/2018
Février en quelques mots #17
Bizarre cette prescription de morphiniques... // Partir au boulot sous la neige et rentrer sous le soleil // Faire cette fameuse prise de sang en espérant que la CRP ne s'envole pas // Un petit tour aux urgences // Epuisée et beaucoup de mal à récupérer // Essayer de se garder du temps pour avancer sur un projet d'écriture // La moitié de la France paralysée par la neige // "Ne jamais dire jamais, il y a toujours quelque chose à tenter" (Cette phrase des Choristes fait écho en moi...) // Numéro masqué plusieurs jours de suite... Mais pas de message... // Faire un cake aux fruits secs // Administrations, paperasse, coups de fils... Ca me bouffe mon énergie! // Promenade au pays d'Emma Bovary // Y penser. Beaucoup. Mais se dire que c'est sans issue... // Le beau Pierre un jour de soleil // Une deuxième bibliothèque (Ca devenait urgent!) // Tentée par ce concours d'écriture organisé par le magazine LiRE et Librinova // Des Kinder (Ferrero aura ma peau!) // La vie est une succession d'imprévus... (A quoi bon faire des projets?)
27/02/2018
Ce qu'on entend quand on écoute chanter les rivières - B. NORRIS
Je n'imagine pas une vie digne de ce nom qui ne s'enchevêtre pas à une autre comme le lierre. Le quotidien prend du relief et de l'importance quand on fait rire l'autre, quand on l'émeut, quand on crée à deux un motif plus riche. Pour moi, c'est la seule véritable beauté en ce monde.
Ce qu'on entend quand on écoute chanter les rivières est ma troisième lecture pour le Prix des lecteurs de l'Armitière. C'est un très beau premier roman. Barney Norris, jeune dramaturge anglais, nous emporte avec sa plume qui décrit merveilleusement les sentiments humains et les ressentis de plusieurs personnes qui vont se croiser lors d'un accident. Cinq personnes au total, impliquées à divers degrés, qui prennent chacune leur tour la parole dans des parties bien distinctes.
La première s'appelle Rita, une vieille dame fleuriste et vendeuse d'herbe à l'occasion, cabossée par la vie, au sens propre comme au sens figuré. Il y a ensuite Sam, jeune homme timide qui fait l'expérience des premiers émois amoureux. Vient ensuite un vieil homme dont la femme est morte à l'hôpital le jour-même de l'accident. Puis il y a cette femme de soldat, esseulée, au bord de la dépression, qui se bourre de cachets et qui s'en veut. Enfin, nous faisons la connaissance de Liam, un trentenaire qui a du mal à trouver sa place dans la vie.
Chaque personnage prend la parole et nous raconte sa vie avant ou après l'accident, nous raconte l'enchaînement des événements, ce qui l'a conduit à être là au moment du drame. Et l'auteur pointe avec subtilité les hasards et les coïncidences que nous réserve la vie. Il y a de très beaux passages. Un texte fort. A lire!
Ce qu'on entend quand on écoute chanter les rivières - Barney NORRIS - Ed. du Seuil - 2017
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25/02/2018
Les dimanches poétiques (219)
" Je sens que je suis prêt à partir, à me mettre en quête d'une autre vie, à prendre ma vie en main, à commencer pour de bon. Puis je me promène dans Lizzy Gardens, alors que le ciel s'ouvre comme une fleur et que le monde bleuit à la lueur de l'aube; je traverse les rideaux de bruine sous les arbres qui ont retenu la rosée entre leurs bras aimants toute la nuit et la reposent délicatement à l'arrivée du matin."
Barney NORRIS Ce qu'on entend quand on écoute chanter les rivières
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