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20/03/2022

Les dimanches poétiques (292)

"Nous avons tous besoin d'aller chez le médecin, à la pharmacie, sinon pour nous-mêmes, du moins pour accompagner nos enfants, à la consultation des nourrissons, ils sont pesés, ils sont mesurés, on entreprend immédiatement de nous classer, de nous situer, de nous transformer en points sur des graphiques, nous sommes évalués par rapport à la moyenne, vaccinés contre presque tout sauf la tristesse, les déceptions, la mort."

Jon Kalman STEFANSSON in Lumière d'été, puis vient la nuit p. 291-292 (Ed. Grasset - 2020)

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27/02/2022

Les dimanches poétiques (291)

"On dirait parfois que les matins de janvier font passer le temps en tressant des cordes. Il vaut alors mieux rester chez soi, n'aller nulle part, se blottir bien au chaud en espérant que le monde nous oublie."

Jon Kalman STEFANSSON in Lumière d'été, puis vient la nuit p.109 (Ed. Grasset - 2020)

06/02/2022

Les dimanches poétiques (290)

"- Oh, tu sais, Maria, j'ai appris à vivre avec ce chagrin-là. Je crois qu'il y a des bras irremplaçables. J'ai essayé d'en trouver d'autres dans lesquels me nicher. Ca n'étreint pas pareil. Ca ne renferme pas autant d'amour. Ce sont des dupes. Des fakes. Il y a des manques impossibles à combler. Et des plaies qui, même après avoir cicatrisé, font aussi mal que le jour de la chute dès lors que notre regard se pose sur elles et en ravive le souvenir."

GIULIANO Serena in Mamma Maria p. 171 (Ed. Cherche Midi - 2020)

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23/01/2022

Les dimanches poétiques (289)

"- Tu te trompes ! La perte d'un être aimé est comme une maladie. Peut-être plus cruelle, car infiniment solitaire. Avec ses pics de souffrance, ses retours en arrière, ses piétinements et l'espoir d'en "guérir" un jour... C'est dans le corps que le manque de l'absent s'inscrit autant que dans l'âme. Le deuil incarné, physique. C'est la chair vivante de celle ou de celui qui reste qu'il torture à l'infini. Ne plus entendre, voir, sentir, toucher le cher disparu est d'abord une épreuve des sens !"

Noëlle CHÂTELET in Laisse courir ta main p. 73 (Ed. du Seuil - 2021)

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16/01/2022

Les dimanches poétiques (288)

"La nuit n'est jamais complète.

Il y a toujours puisque je le dis,

Puisque je l'affirme,

Au bout du chagrin

Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée.

Il y a toujours un rêve qui veille,

Désir à combler,

Faim à satisfaire,

Un coeur généreux,

Une main tendue, une main ouverte,

Des yeux attentifs,

Une vie, la vie à se partager."

Paul ELUARD

 

02/01/2022

Les dimanches poétiques (287)

"Avant d'apprendre des choses compliquées, apprenez à lire les lettres d'amour envoyées par le vent et la pluie, la neige et la lune."

Ikkyu, maître de thé japonais

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05/12/2021

Les dimanches poétiques (286)

"Mon amour,

tu sais, les choses sont très difficiles pour moi aussi: il faut d'une part écouter le "malheur", c'est-à-dire toute la légende douloureuse, illusoire, terrorisée (ma mère) des corps dans la nuit - et, d'autre part, préparer le saut nouveau, agrandir l'écart... Je m'appuie entièrement sur toi. L'aventure, ça a été de sortir l'un et l'autre de nos cercles infernaux (familiaux, reproductifs) pour aller à l'air libre, cet air que personne, en principe, ne peut respirer ni accepter que quelqu'un respire. Nous devons toujours nous souvenir que personne ne peut supporter "la sortie". Personne, ou alors des exceptions rarissimes, mais à ce moment-là ce n'est plus "quelqu'un", c'est autre chose, la même  étincelle, peut-être, mais où? On est uniques. [...]"

Philippe SOLLERS in Lettres à Dominique Rolin 1958-1980 (Ed. Gallimard - 2017)

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