22/08/2025
La machine à écrire #14
Elle ressemble à madame Meillant. Il me semble bien que c'est elle. Et moi qui pensait être tranquille au fin fond du Finistère pour passer quelques jours de vacances! Loin de mon cabinet, loin de mes patients, à savourer quelques moments sans avoir à poser un diagnostic, à prescrire des antibiotiques et à rédiger des certificats de décès. Parce qu'à Médréac j'ai plus de patients âgés que de jeunes gens. Les anciens n'ont pas envie d'être coupés de leur environnement, d'être coupés du lieu qui les a vus naître. Ils veulent rester le plus longtemps possible chez eux; au diable la maison de retraite! Et surtout, ils n'ont pas vraiment les moyens d'y aller à la maison de retraite. Les jeunes, ils s'enfuient à la ville. Médréac, ça ne les fait pas vraiment rêver.
Elle est en train de se faire malmener par un pêcheur du cru qui semble lui disputer la table où elle s'est installée. Il a l'air d'être un habitué du lieu. Je ne sais pas ce qu'elle lui a dit mais j'entends qu'il la traite de "cruche bornée". Il est tout rouge et on dirait que de la fumée va lui sortir par les oreilles. Pourvu qu'il ne fasse pas une attaque. M'est avis qu'il ne boit pas que de l'eau quand il vient ici. Le patron sort du comptoir et fait remarquer à madame Meillant que la table est réservée. Elle a l'air piqué et semble furieuse. Elle se lève et ramasse ses affaires. Je me planque derrière mon journal. Manquerait plus qu'elle me reconnaisse et vienne faire la causette...
Exercice tiré du n°4 de La Machine à Ecrire: point de vue interne (2ème personnage, secondaire). Faites vivre l'histoire à travers un personnage périphérique. Peut-être un témoin ou un acteur passif de l'événement.
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17/08/2025
Les dimanches poétiques (375)
Les maux du corps sont les mots de l'âme,
ainsi on ne doit pas chercher à guérir le corps
sans chercher à guérir l'âme.
PLATON
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10/08/2025
Les dimanches poétiques (374)
On change sa vie sur un coup de tête ou après mûre réflexion.
Nombreux sont ceux qui caressent ce rêve.
Peu osent franchir le pas.
A n'importe quel âge de la vie, tout être humain a le droit de relancer les dés.
Pourquoi pas vous?
Lorraine FOUCHET
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05/08/2025
La machine à écrire #10
En tournant la tête pour lui dire "bonsoir" je le surprends à m'observer. Il répond à mon salut et sourit. Mon regard reste accroché au sien. Lequel de nous deux baissera les yeux le premier? Une fraction de seconde pendant laquelle mon coeur accélère. L'intensité est telle que je me sens vidée lorsque nos yeux se quittent. Vidée parce que je n'ai rien voulu lâcher et lui non plus.
Pourquoi m'observait-il ainsi? S'est-il demandé si je l'avais reconnu? S'est-il demandé si je me souvenais de son coude dans mon dos, si je me souvenais de son coude dans mes côtes, si je me souvenais de la douleur ressentie? Lui rappelais-je un moment qu'il aurait préféré oublier? Qu'a-t-il éprouvé pendant cette fraction de seconde?
Exercice tiré du n°4 de La Machine à Ecrire: imaginer un moment d'une haute intensité émotionnelle qui, dans la réalité, ne dure certainement qu'une fraction de seconde.
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03/08/2025
Les dimanches poétiques (373)
Aimer, c'est savoir dire je t'aime sans se parler.
Victor HUGO
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01/08/2025
La machine à écrire #9
Je me revois assise, levant la tête vers cet homme. Je lui dis que j'ai mal. La scène se passe dans une salle de classe de l'école primaire. Ecole qui sera nommée quelques années plus tard Les Prunus. Il me répond que ce n'est rien et enchaîne sur autre chose. Il est assis derrière un bureau, rédige une ordonnance destinée à un ophtalmologue. Je suis comme dans un état second. Il me dit que c'est important, de bien donner l'ordonnance à mes parents pour qu'ils m'emmènent chez le spécialiste, pour corriger ma vue, mes yeux, ces "petites émeraudes". J'ai six ou sept ans. Peut-être huit.
La lumière du jour me parvient du fond de la salle par de hautes et grandes fenêtres. Mon corps et moi faisons deux. Que s'est-il passé dans l'autre pièce? Que s'est-il passé dans cette bibliothèque transformée le temps d'une journée en cabinet médical? Les murs sont tapissés d'étagères pleines de livres. De la moquette recouvre le sol. L'endroit est feutré. La porte est fermée.
Une enfant fait confiance à un médecin. Une main sur mon épaule gauche et puis une douleur. Et lui derrière moi. Je suis en petite tenue. Je ne pleure pas. Je ne dis rien. Je me tiens debout avec cette impression qu'on a violé mon intimité. Est-ce que mes petites camarades ont ressenti elles aussi cette désagréable sensation?
Toujours assis derrière le bureau il tend l'ordonnance en espérant que la gamine de la campagne, certainement pas destinée à un grand avenir, dont les parents ne déménageront sûrement pas, ne comprenne pas ce qui s'est passé. En espérant que je ne me souvienne de rien. En espérant que la douleur ne persiste pas. En espérant que nos chemins ne se recroisent jamais.
A-t-il oublié cette école aux briques rouges et aux huisseries blanches? M'a-t-il oubliée? Nous a-t-il oubliées? A-t-il cherché à savoir ce que j'étais devenue? Et lui qu'est-il devenu? A-t-il continué à travailler pour la médecine scolaire? A-t-il travaillé dans des établissements spécialisés accueillant des enfants? Peut-être qu'il était marié. Peut-être qu'il avait des enfants... N'a-t-il jamais eu honte?
Exercice tiré du n°4 de La Machine à Ecrire: penser à un décor de notre enfance. Un lieu qui a compté pour nous, un endroit, un espace chargé de souvenirs. Une fois ce décor trouvé, composer un récit au présent.
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29/07/2025
La machine à écrire #8
Le bruit du ressac se propage. Les vagues frappent les roches noires qui encerclent la plage de l'Ecluse avant de venir mourir sur le sable. Le bouillonnement de l'eau s'amplifie. Le vent prend de la vitesse et s'engouffre maintenant dans les branches des arbres enracinés sur la pointe du Moulinet. Leurs feuilles jouent une musique sombre. La nuit se faufile. Les pleurs des goélands fendent l'air par intermittence. On dirait des enfants qui n'arrivent pas à s'endormir, inquiets de ce que l'obscurité charrie. Et toujours en fond sonore le bruit de l'eau, des rouleaux qui vont et viennent de plus en plus vite sous les assauts du vent.
J'entends des pas près de moi et des jappements. Je me retourne. Un homme et son chien, un Beagle, passent à quelques mètres. L'animal se colle à son maître, il semble avoir froid, pousse des petits cris plaintifs qui ressemblent à une supplique. Il voudrait rentrer.
Je les regarde s'éloigner. Les pas de l'homme résonnent sur la façade du Casino. Je quitte moi aussi la plage. Le bruit bourdonnant du vent devient insupportable.
Exercice tiré du n°4 de La Machine à Ecrire: choisir un tableau ou une photographie et travailler l'univers sonore uniquement.
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