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07/02/2010

Les dimanches poétiques (4)

L'AUTOTOMIE - Wislawa SZYMBORSKA

Face au péril, la néréide se divise en deux;

se laissant à demi dévorer par le monde,

se sauvant avec l'autre moitié.

Elle bifurque soudain en naufrage et salut,

en amende et promesse, en ce qui fut et ce qui sera.

Au milieu de son corps éclate un précipice

au deux bords aussitôt étrangers l'un à l'autre.

Sur l'un des bords la mort, sur l'autre la vie.

Ici le désespoir, là le courage.

S'il y a balance, aucun plateau ne tremble.

Si la justice existe, la voici.

Mourir ce qu'il faut sans dépasser la mesure.

Renaître ce qu'il se doit du reste sauvegardé.

Nous savons, nous aussi, nous diviser, c'est vrai.

Mais uniquement en corps - et chuchotement brisé.

En corps - et poésie.

Ici la gorge, de l'autre côté le rire,

léger, vite étouffé.

Ici le coeur lourd, là non omnis moriar,

trois petits mots telles trois plumes de l'envol.

L'abîme ne nous scinde pas.

L'abîme nous entoure.

szymborska[1].jpg
Wislawa Szymborska est une poétesse polonaise née le 2 juillet 1923. Elle a reçu le prix Nobel de littérature en 1996.
Petite pensée aussi aujourd'hui pour Charles Dickens qui est né le 7 février 1812.

31/01/2010

Les dimanches poétiques (3)

Feuilles mortes - Serge BOSCHER

Les feuilles mortes sont l'épaisseur des regrets,

Inutiles mais beaux dans leur chute achevée.

Le vent peut les mouvoir sur la branche élevée;

Il ne les atteint plus quand elles sont tombées.

La douleur de mourir oublié peut retarder la Mort.

Pour devenir poussière en celle du chemin

Il faut abandonner l'espoir aux mille branches,

Ne plus croire au bonheur et que notre revanche

Réside en ce printemps que forgeront nos mains.

P1020035 Poeme la plume 31 janv 2010.jpg

24/01/2010

Les dimanches poétiques (2)

A mon heure dernière

quand ma paupière sera fermée

je veux que l'on m'enterre

sous la sombre ramée.

Au marbre noir d'ébène

aux lettres d'or

aux croix argentées

je préfère un vieux chêne

de taillis sous futaie,

afin que parfois à l'aurore

je puisse entendre encore

"baliveau, baliveau!"

Chant traditionnel - Ecole des Eaux et Forêts - XIXe siècle / Mon père travaillait à l'Office National des Forêts; il s'est éteint en 2008. C'est un poème pour lui.

P1100958 la plume 24 janv 2010.jpg

17/01/2010

Les dimanches poétiques (1)

La blanche neige - APOLLINAIRE G.

Les anges les anges dans le ciel

L'un est vêtu en officier

L'un est vêtu en cuisinier

Et les autres chantent

Bel officier couleur du ciel

Le doux printemps longtemps après Noël

Te médaillera d'un beau soleil

     D'un beau soleil

Le cuisinier plume les oies

     Ah! tombe neige

     Tombe et que n'ai-je

Ma bien-aimée entre mes bras