Les dimanches poétiques (18)

"Le fjord était prodigue, mais il réclamait parfois son tribut. Une barque s'attardait; sur la côte, l'attente commençait. Les heures, les jours passaient, l'espoir s'amenuisait. Alors, le fjord dévoilait sa face hideuse et pouvait s'abreuver aux larmes des veuves. La mère nourricière se faisait mangeuse d'hommes. Pourtant, les marins remettaient inlassablement les barques à l'eau."

Bruno d'HALLUIN Jon l'Islandais

Sur la côte d'Albâtre

Jon l'Islandais - B. d'HALLUIN

Voilà un beau roman. Un très beau roman, même. Bruno d'Halluin nous fait voyager entre Bristol, l'Islande, les Açores et des terres situées vers le couchant à travers l'histoire de Jon (prononcer Yonn) Thorsteinsson. L'histoire se situe à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle

Enlevé en Islande, Jon est placé comme domestique chez un armateur de Bristol, Thomas Barstaple. Jon n'a alors que 7 ans mais a juré qu'il retournerait un jour en Islande pour retrouver sa mère. Ses menues courses à l'extérieur de la maison des Barstaple le conduisent inévitablement vers les rives de l'Avon et de la Frome où les bateaux déchargent leurs cargaisons. A force de traîner, il finit par nouer des amitiés et retrouve un Islandais qui comme lui a été amené de force en Angleterre.

Jusqu'au jour où Jon se fait attraper par son patron alors qu'il était sorti en pleine nuit. Il est envoyé travailler à la tannerie où les tâches sont rudes mais le jeune Islandais n'oublie pas la promesse qu'il s'est fait: retrouver sa mère. Avec la complicité de quelques Anglais, les Norrois volent une vieille coque et partent en direction de l'Islande. Ils échoueront sur les côtes islandaises. Jon parvient ensuite à rejoindre le village où vivait sa mère mais il apprend qu'elle est partie aux Açores retrouver son oncle...

Le héros s'appelle Jon mais dans ce roman il y a un autre héros de taille: la mer. Elle a une place prépondérante dans le livre. Elle est présente à chaque page, rythme les saisons et la vie de Jon, devenu marin hors pair. 

On découvre la vie de l'Islande au XVIe siècle, les luttes pour la possession des terres, les coutumes et les travaux qui changent au fil des saisons sur fond d'amitié, d'amour, de haine et de vengeance. La vie est difficile et pour l'homme libre qu'est Jon Thorsteinsson, elle sera encore plus. 

Bien que l'histoire soit fictive bon nombre de faits cités et de personnages ont existé. Et le vocabulaire utilisé est très précis. On trouve de nombreux termes relatifs à la marine et à la navigation. Les amoureux de la mer y trouveront à coup sûr leur compte. Un roman qui sent bon l'iode et a la couleur de l'Islande. J'ai suivi les aventures du héros à Bristol, en Islande et aux Açores un peu comme l'un de ses compagnons de route.

Jon l'Islandais - Bruno d'HALLUIN - Ed. Gaïa - 2010

Les dimanches poétiques (17)

Extrait de VITAM IMPENDERE AMORI publié dans "Alcools" - Guillaume Apollinaire

L'amour est mort entre tes bras

Te souviens-tu de sa rencontre

Il est mort tu la referas

Il s'en revient à ta rencontre

Encore un printemps de passé

Je songe à ce qu'il eut de tendre

Adieu saison qui finissez

Vous nous reviendrez aussi tendre

Green Park - London

Dans les jupes de ma mère - F. FOUQUET

J'ai rencontré François Fouquet lors d'une réunion de la Loge des carpelles, atelier d'écriture dont je fais partie depuis maintenant deux ans. L'auteur, Normand, originaire du Pays de Bray, était venu nous parler de ses différents ouvrages, parmi lesquels des récits de son vécu mais aussi des témoignages de guerre.

Notre rencontre avait été des plus enrichissantes. Il nous avait parlé de son métier d'écrivain et de la difficulté de faire publier les manuscrits. Il est donc revenu nous voir à la réunion suivante avec dans sa voiture quelques uns de ses ouvrages. (Qu'on lui avait réclamé à corps et à cris!)

J'avais choisi L'enfant aux gros yeux et il lui restait un livre: Dans les jupes de ma mère. Je repartis aussi avec celui-là. Dans ma PAL depuis bientôt un an, je me décidai l'autre jour à le lire. Une jolie surprise que ce petit bouquin composé de cinq nouvelles. François Fouquet y raconte des anecdotes de son enfance faisant référence aux cinq sens.

J'ai particulièrement aimé celles intitulées "Le toucher" et "L'odorat". Dans la première, il y est question d'une vieille femme toute ridée qui lui fait peur mais qui le guérit d'une brûlure au 3e degré. Il s'agit de la mère Guillemette, une rebouteuse un peu excentrique. Dans la deuxième nouvelle, l'auteur nous raconte comment sa tante a deviné qu'il avait mangé des fraises alors que lui et son cousin avaient interdiction d'approcher des fraisiers...

C'est joliment écrit, on sourit souvent en lisant les souvenirs du petit garçon et moi j'ai retrouvé des titres de journaux qui me sont familiers comme le Réveil et l'Eclaireur brayon.

Dans les jupes de ma mère - François Fouquet - Ed. Paulo-Ramand - 2005

Quelques livres de plus dans ma PAL...

Je faisais un petit tour cet après-midi au dépôt Emmaüs qui se trouve à quelques kilomètres de chez moi et je suis passée dans la pièce où sont disposés les livres. Il y en a de toutes sortes, aussi bien des essais que des romans, mais également des guides de voyages et des livres anciens. Bref! Je jetais un oeil aux bouquins de poche quand mes yeux se sont arrêtés sur quelques policiers. Ils n'étaient pas en trop mauvais état. Je les ai donc achetés! Pas raisonnable, me direz-vous. Oui, je sais, mais je vous répondrai que ça aide Emmaüs. Il y a juste ma PAL qui s'est plaint quand je suis rentrée...

Voici les trois ouvrages rapportés:

L'aiguille creuse de Maurice Leblanc

Poirot joue le jeu d'Agatha Christie

Le chien des Baskerville d'Arthur Conan Doyle (j'aurais peut-être dû attendre pour acheter celui-ci car je suis inscrite au Swap Holmes et je ne sais pas du tout ce qu'a choisi de me faire découvrir mon (ma) swappeur (se)).

L'astronome aveugle - A. C. BLANC

Lili Galipette en a fait un livre voyageur. Quelle bonne idée! C'est un livre où il est question de voyage, de liberté, d'amitié et d'amour.

Un astronome à la cour royale observe les astres pour prédire l'avenir à son souverain. Or, l'astronomie est une science bien complexe et le savant fait plus de prévisions qui reposent sur le bon sens qu'à partir de ce que lui révèlent les astres. Le temps passe et à force de scruter l'immensité de la nuit, il perd la vue. Il va trouver le roi pour lui exposer la situation. Ce dernier décide alors de faire appel à un autre astronome et de loger l'ancien dans son château.

Mais au fil du temps, l'astronome se rend compte qu'on ne prête plus guère attention à lui. Entendant le clapotis de la mer en bas du château - qu'il interprète comme un signe du destin - il décide de partir avec son chat en longeant la côte. Pour survivre pendant son voyage, il aide les villageois à diverses tâches contre quelques denrées.

Puis un beau jour, le vieillard arrive à un phare où le gardien lui demande de rester pour lui apprendre à lire la position des astres. L'astronome hésite et finalement accepte. Il aide le gardien du mieux qu'il peut. Il participe aux veilles pour entretenir le feu qui la nuit fait resplendir la lumière qui guide les marins.

Sauf qu'une nuit, alors que le gardien est parti rejoindre sa mie, l'astronome se rend compte qu'il n'aura pas assez de bois pour entretenir le brasier. Sachant son ami menacé par le roi - lequel a juré de lui faire subir le pire des sorts si la galère où a pris place sa promise se fracasse contre les rochers - il se jette dans le brasier pour entretenir le feu créant une lumière bleutée éblouissante qui semble être le fruit d'une intercession divine... La fiancée du roi est sauvée et le gardien hors de danger. Mais comment réagira-t-il quand il se rendra compte que l'astronome a donné sa vie pour sauver la sienne?

Une bien jolie fable sur la liberté et l'amitié. Mais aussi sur l'amour et les voyages (aussi bien physiques que psychiques). Un livre qui nous parle aussi de l'accomplissement de soi. Anne-Catherine Blanc y utilise un vocabulaire médiéval qui n'est pas pour me déplaire. Bien que la fin soit triste, c'est une belle lecture et je ne saurais que trop vous la recommander.

L'astronome aveugle - Anne-Catherine BLANC - Ed. Ramsay littérature - 2009

Les dimanches poétiques (16)

"Cependant, les parchemins médiévaux étaient jalousement conservés par les Islandais, un petit peuple qui avait la réputation de vivre miséreux, blotti dans les trous d'une terre inhospitalière. On disait que leur pays était couvert de glace, et l'on y situait les portes de l'enfer, dans la bouche du plus furieux de ses volcans."

Bruno d'HALLUIN Jon l'Islandais

Islande