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16/09/2013

Elle était devenue un joli papillon

Marcella avait une grâce extraordinaire et des yeux à faire fondre la terre entière. Divine! C'est ce que pensait Tiberio. Elle était la perfection incarnée; jolie, mais aussi douée d'un esprit logique d'une rare subtilité.

Elle n'avait pas des goûts de luxe et n'était pas obnubilée par le fric. Elle avait juste un foulard en soie que ses parents lui avaient offert à un Noël. Les yachts et les petits avions privés ne la faisaient pas rêver. Vraiment, elle détestait le clinquant, le bling-bling, enfin, tous les signes extérieurs de richesse. Il ne lui serait jamais venu à l'idée de mettre les pieds dans un casino ou d'envisager une destination paradisiaque pour ses vacances. Elle ne rêvait pas non plus de montres Cartier ou de bagues Repossi. Elle aimait la fantaisie et achetait des bijoux bon marché. Des boucles d'oreilles et des colliers de pacotille que les marchands glissaient dans des paquets en papier kraft. Elle s'était faite arnaquée une fois dans un magasin près du supermarché mais elle n'avait pas pour autant cessé d'acheté ce genre de bijoux.

Ses parents étaient des petits bourgeois de province avec des manies et des idées de petits bourgeois. Elle aurait pu s'habituer au luxe. Mais non. Au fil des années elle était devenue la rebelle de la famille, décidant un beau jour de quitter la maison familiale pour aller travailler à Rome et subvenir toute seule à ses besoins. Elle voulait voler de ses propres ailes. La jeune fille, prise dans une chrysalide immaculée, s'était transformée en un joli papillon. La métamorphose avait été extraordinaire. Un changement qu'aujourd'hui encore elle ne regrettait pas. Elle avait fait de fabuleuses rencontres à Rome depuis qu'elle s'y était installée et elle était devenue femme. 

Marcella était la conception que Tiberio se faisait de la femme avec laquelle il voulait faire sa vie. Elle était parfois un peu tempétueuse et il y avait bien quelques bourrasques entre eux mais quel couple ne connaît pas des tourments? Il envoyait dans les cordes ceux qui disaient que leur histoire ne tiendrait pas. Foutaises! pensait-il.

D'ailleurs, il avait prévu de fêter le premier anniversaire de leur rencontre. Une célébration qu'il voulait intimiste, juste elle et lui. Il savait qu'elle avait horreur des cotillons et qu'elle n'apprécierait pas une grande fête avec des amis. Pour cet anniversaire ils s'envoleraient vers Madère. Marcella avait parlé de cette île à plusieurs reprises et Tiberio était certain que cela lui plairait de visiter Funchal.

Ce texte a été rédigé pour les éditions 109 et 110 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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30/05/2013

Ses lèvres étaient sucrées

Le Cuauhtemoc ressemblait plus à un bateau de pirates qu'à un navire école. C'est du moins l'impression que Tiberio et Marcella en eurent en cette fin de soirée dans le port de Fiumicino. Le crépuscule donnait un air mystérieux au voilier.

Le déclin du jour était leur moment préféré. La Méditerranée prenait des couleurs jaune orangé et brillait comme si des milliers de perles de cristal avaient été jetées à la surface de l'eau. Tout le paysage était modifié à travers ce prisme composé de mille facettes éblouissantes.

Les vigiles du port, dans leur tour en forme de polygone, ne chômaient pas. Outre les vieux gréements amarrés le long des quais, ils devaient surveiller les petites embarcations qui essayaient de trouver la meilleure place sur le Tibre afin de ne pas manquer une miette du feu d'artifice.

Marcella vérifia si son chignon, ressemblant fort à ceux des Bigoudènes, n'était pas défait. Tiberio, la voyant vérifier ses cheveux, l'attira près de lui et l'embrassa. Ses lèvres étaient encore sucrées de la crêpe qu'elle avait mangée quelques minutes plus tôt. Tiberio aurait aimé goûter sa bouche plus longtemps mais elle se dégagea de son étreinte pour l'entraîner lui et Flavio vers un autre bateau.

Ce texte a été rédigé pour l'édition 103 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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16/03/2013

Nous étions faits pour être heureux - V. OLMI

livres,littérature,véronique olmi,amour,bonheur,actu,actualitéUn livre qui remue un peu à la fin. Un conseil: évitez de le terminer quand vous êtes malade. Les derniers chapitres pourraient vous tirer des larmes et vous donner mal au coeur.

Le livre s'ouvre sur la vie d'un couple qui a tout pour être heureux. Serge, soixantenaire, a une jeune et jolie femme prénommée Lucie. Ils ont deux magnifiques enfants. Lui est agent immobilier et gagne très bien sa vie. Elle, elle reste à la maison et prend soin avec entrain de leur progéniture. La vie de la famille est réglée comme du papier à musique. Alors, quand Suzanne vient accorder le piano du fiston dans leur maison située à Montmartre, Serge ne la remarque pas.

Mais il suffit parfois de peu de choses pour qu'une vie se désaccorde... Un soir de fête où il entre dans un bar avec sa femme, Serge revoit Suzanne. Pourquoi va-t-il chercher à la revoir? Elle n'est pas jeune, pas belle, et apparemment ordinaire. Et pourquoi va-t-il éprouver le besoin de lui confier une histoire d'enfance qu'il avait enfouie au plus profond de lui? Qu'a-t-elle de plus qu'une autre pour qu'il se confie à elle?

Il y a parfois des passions et des pulsions qu'il est vain de tenter d'expliquer mais qui doivent être vécues même si ça fiche son petit monde en l'air. C'est ce que va faire Serge. C'est ce que va faire Suzanne. Mais ni l'un, ni l'autre ne sortira indemne de cette histoire d'amour... même si pour Suzanne celle-ci sera finalement bénéfique.  

Nous étions faits pour être heureux - Véronique OLMI - Ed. Albin Michel - 2012

01/03/2013

Vertige de l'amour

Tiberio essayait de se remémorer ce moment intense et délicieux qui l'avait uni à Marcella quelques heures plus tôt. Un moment fusionnel, érotique à souhait, à deux doigts de la folie. Un moment à rendre dément l'homme le plus sain d'esprit qui soit. 

Il se remémorait les détails... La lingerie rouge qu'il devinait à travers son chemisier avait attisé le feu. La fulgurance du désir s'était vite transformée en obsession. Toute la soirée, au salon et puis à table, il n'avait pensé qu'à ça: effeuiller la jolie fleur, croquer le fruit mûr. C'avait été comme danser au bord d'un gouffre.

Marcella avait, comme d'habitude, de jolis pendants d'oreilles. En baissant un peu les yeux il avait examiné son décolleté. Résister pendant tout le repas avait été un véritable calvaire. Lui, les cheveux fraîchement coupés, portait une chemise vichy bleu dont il avait retroussé les manches. Un pantalon de toile beige et des chaussures bateau venaient compléter sa tenue. Il était fringant, parfumé au Kouros. 

En sortant du restaurant il avait à peine regardé les goélettes illuminées et avait croisé des individus sans vraiment les voir. Ce qui retenait toute son attention était accroché à son bras. Flavio avait presque dû l'implorer pour aller voir un film. Les vacances, prochaines, s'annonçaient difficiles pour le jeune adolescent. Des congés pendant lesquels il devrait certainement partager son père avec Marcella. Tiberio était amoureux. Cela sautait aux yeux.

D'ailleurs Tiberio et Marcella étaient comme sourds. Ils n'entendaient plus le monde extérieur. Ils ne virent pas non plus les policiers patrouiller à proximité du presbytère en rentrant à la pension de famille. Cependant, ils savaient précisément vers quoi ils se dirigeaient. Ce n'était pas un égarement. Depuis quelques semaines déjà ils passaient de plus en plus de temps ensemble et avaient beaucoup de mal à se quitter. Ils étaient prêts à franchir une étape. Ils ne s'interrogèrent pas sur le devenir de cette histoire d'amour qui commençait. Ils étaient certains qu'elle s'épanouirait merveilleusement.

Ce texte a été rédigé pour l'édition 92 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia, combiné avec l'édition 4 des Plumes à thème initiées par Asphodèle. Ce texte n'est pas libre de droit, la photo non plus

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21/02/2013

J'entends très bien du bout du coeur...

Dites-le moi du bout des lèvres,

Moi, je l'entends du bout du coeur,

Moins fort, calmez donc cette fièvre.

Oui, j'écoute.

Oh, dites-le moi bien doucement.

Murmurez-le simplement.

Je vous écouterais bien mieux,

sans doute.

Si vous parlez du bout des lèvres,

J'entends très bien du bout du coeur,

Et je peux continuer mon rêve,

mon rêve...

Barbara Du bout des lèvres

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La chanson est ICI

11/01/2013

L'amour de Mitia - I. BOUNINE

images[11].jpgAutant j'avais été emballée par le recueil de nouvelles Les allées sombres, autant je suis déçue par ce roman de Bounine. C'est, paraît-il, une pièce importante de son oeuvre. Serais-je passée à côté de quelque chose dans ce livre?

Il s'agit d'une histoire d'amour qui finit mal (les histoires d'amour finissent mal en général...). Mitia, jeune homme vivant à Moscou pour ses études, est très épris de Katia, apprentie comédienne. Mais alors que lui vit en quelque sorte pour elle, Katia vit pour le théâtre. Elle va s'éloigner peu à peu de Mitia. Celui-ci, partit passer quelques semaines à la campagne dans la maison familiale, va attendre en vain un mot de sa bien-aimée. Tellement désespéré, il songe à se faire sauter la cervelle. Est-ce que la lettre qu'il recevra finalement de Katia l'empêchera de passer à l'acte? Le dénouement est dans la toute dernière phrase du livre.

Je dois dire que le personnage de Mitia m'a un peu énervée. Il est certes très amoureux de Katia mais il reste des journées entières à se morfondre alors qu'il pourrait profiter pleinement des joies de la campagne. Je sais que l'adage "loin des yeux, loin du coeur"  n'est pas toujours vrai mais de là à se suicider alors que tout autour de soi inspire à la vie, c'est quand même exagéré. Bref, vous avez compris, j'ai eu envie de le secouer ce Mitia!

L'amour de Mitia - Ivan BOUNINE - Ed. Mercure de France/bibliothèque étrangère - 2002

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12/08/2012

Les dimanches poétiques (80)

"Mais ça ne veut pas dire, évidemment, qu'il n'y a pas, de temps à autre, des fois - des moments de grande tristesse - où on se dit en soi-même: "Quel terrible gâchis j'ai fait de ma vie!" Et on se met à penser à une vie différente, à la vie meilleure qu'on aurait pu avoir. Par exemple, je me mets à penser à la vie que j'aurais pu avoir avec vous, Mr Stevens. Et je suppose que c'est dans ces moments-là que je me fâche pour une vétille et que je pars. Mais chaque fois que je le fais, je me rends compte avant longtemps que ma juste place est aux côtés de mon mari. Après tout, on ne peut plus faire tourner les aiguilles dans l'autre sens, maintenant. On ne peut pas s'attarder sans cesse sur ce qui aurait pu exister."

Kazuo ISHIGURO Les vestiges du jour

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