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03/12/2017

Les dimanches poétiques (213)

"Tout doucement, mon petit monde se dépeuple. Autour de moi, les gens meurent et les maisons se vident. Les enfants ont leur vie ailleurs, et pour les vacances ils préfèrent les plages bondées au calme des champs de blé et au meuglement des charolaises. Il y a quelques années, c'étaient surtout les hommes qui partaient retrouver le bon Dieu. Depuis peu, les veuves commencent elles aussi à s'en aller."

Véronique de BURE Un clafoutis aux tomates cerises

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19/11/2017

Les dimanches poétiques (212)

"Ses articulations étaient en bon état, sa musculature aussi, à l'exception peut-être d'un léger relâchement. Son cœur, par contre, était tapissé de graisse et battait lourdement, ce n'était plus qu'une charge, un boulet, pas une source de vie. On pouvait à tout instant craindre qu'il ne s'arrête, paralysant le corps de son propriétaire, le privant de son fluide essentiel et le précipitant dans la mort. Ce serait la triste revanche d'un organe interne épuisé sur un homme qui lui vouait pourtant, depuis sa conception, une confiance absolue. S'il marquait une pause, ne serait-ce que l'espace d'une centaine de pulsations, pour reprendre son souffle, tout serait fini. Ses précédents milliards de battements ne signifieraient plus rien."

Arto PAASILINNA Petits suicides entre amis

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05/11/2017

Les dimanches poétiques (211)

"Quand a débuté exactement l'histoire d'amour? Quand la complicité intellectuelle et intime s'est-elle muée en autre chose? Difficile à dire, l'un et l'autre se refusent à donner la moindre indication datée. "Personne ne saura jamais à quel moment notre histoire s'est transformée en histoire d'amour, ça nous appartient, c'est notre secret", assure Brigitte."

Anne FULDA Emmanuel Macron un jeune homme si parfait

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22/10/2017

Les dimanches poétiques (210)

"Je me suis d'ailleurs mis à ressembler aux rats, depuis trente-cinq ans que je vis dans les caves, je n'aime plus guère me baigner, bien qu'il y ait une salle de bains juste derrière le bureau du chef. Si je prenais un bain, j'en tomberais malade, je dois y aller tout doucement avec l'hygiène; comme je travaille avec mes mains, sans gants, je me les lave tous les soirs, mais je connais ça, moi! Si je me les lavais plusieurs fois par jour, j'aurais la peau toute gercée. Parfois, pourtant, quand l'idéal grec de beauté m'envahit, je me lave un pied ou même le cou, la semaine suivante l'autre pied ou un bras, et, quand vient l'époque des grandes fêtes religieuses, je me nettoie le torse et les jambes, mais c'est prévu d'avance et je prends de l'antigrippine contre le rhume des foins que j'attrape même quand il tombe de la neige, et je connais ça, moi!"

Bohumil HRABAL Une trop bruyante solitude 

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08/10/2017

Les dimanches poétiques (209)

"C'est le problème avec la vie, a pensé Antoine. La nôtre est toujours trop étriquée, et celle à laquelle on voudrait prétendre est trop grande pour simplement se la figurer. La somme des possibles, c'est l'infini qui revient à zéro. Au final, ça passe. Ca finit toujours par passer."

Olivier ADAM Peine perdue

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24/09/2017

Les dimanches poétiques (208)

"Au temps du lycée, elle n'aurait jamais cru possible d'aimer deux personnes à la fois, mais elle savait désormais que ça l'était. Et la triste vérité était que la possession émousse le désir, tandis que l'amant inaccessible chatoie à la lisière de l'esprit comme une étoile brillante, fichée dans le cœur, tel un éclat de cristal."

Jay McINERNEY Les jours enfuis

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03/09/2017

Les dimanches poétiques (207)

"Est-il décédé de malnutrition comme ils l'ont dit? Non, plutôt d'un accident du travail: il interrogeait l'incertitude; il était mort rongé par le doute. Il était le médecin qui, observant sa propre pathologie, découvre qu'elle n'aura jamais de remède. La vie n'est pas une science exacte; tout y est fluctuant, indémontrable. Il ne pouvait la vérifier paramètre par paramètre. Il ne pouvait pas axiomatiser l'existence. Qu'avait-il cherché qui n'était pas dans son cœur, son corps ou son sexe? Il avait décidé de ne pas s'impliquer; de se placer en dehors du monde pour le comprendre. Il y a des systèmes dont on ne peut s'exclure. Albert le savait, lui. S'exclure de la vie, c'est mourir."

Yannick GRANNEC La Déesse des petites victoires

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