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22/01/2023

Les dimanches poétiques (305)

"Maman était installée au deuxième étage de la clinique, celui des déménagés du ciboulot. Pour la plupart le déménagement était en cours, leur esprit partait petit à petit, alors ils attendaient calmement la fin du nettoyage, en mangeant des médicaments. Dans le couloir, il y avait beaucoup de gens qui semblaient pleins et normaux à l'extérieur, mais qui en fait étaient presque vides à l'intérieur. Le deuxième étage était une salle d'attente géante pour accéder au troisième étage, celui des décapités mentaux. A cet étage-là, les patients étaient beaucoup plus marrants. Pour eux le déménagement était terminé, les médicaments avaient tout enlevé, il ne restait que de la folie et du vent."

Olivier BOURDEAUT in En attendant Bojangles (Ed. Finitude - 2015)

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10/01/2023

Son coeur manqua quelques battements

Marcella et Flavio venaient tous les ans à Venise depuis la disparition de Tiberio. Ils s’y rendaient hors saison. C’était leur moment à eux, loin de l’agitation de Rome. Flavio était maintenant un bel adolescent, plein de vie, qui fréquentait le lycée Ennio Quirino Visconti, à une distance raisonnable du consulat de France où travaillait Marcella. C’était un garçon facile, joyeux, toujours prêt à rendre service. Il n’avait pas fait de crise d’adolescence comme elle le craignait. C’était le portrait de son père, les mêmes yeux verts. 

Cela faisait maintenant dix ans que Tiberio était parti mais Marcella n’avait pas refait sa vie. Après sa mort elle avait été un temps courtisée par Francesco Berghetti. Ils avaient passé ensemble de bons moments, quelques vacances, et ça s’était arrêté là. Elle le considérait comme un ami et Tiberio n’était pas facile à remplacer. 

Flavio lui avait demandé s’ils pouvaient aller au Musée National d’Archéologie. Elle n’était pas passionnée d’Histoire mais pour faire plaisir au petit elle avait dit oui. Alors qu’ils passaient sous la galerie pour se rendre au musée son coeur manqua quelques battements à hauteur du Caffè Florian. Le temps s’était suspendu un instant. Quelques secondes pendant lesquelles elle avait cru voir Tiberio derrière la vitre. Flavio marchait d’un pas pressé vers le musée. Pas question de s’arrêter, de faire demi-tour. Et quelle explication donner au gamin pour rebrousser chemin… 

Son coeur lui disait que c’était lui, que ça ne pouvait être que lui. Ce profil qu’elle connaissait si bien. Ce nez, ces arcades sourcilières, cette petite moue… Peut-être des joues un peu plus pleines qu’avant… Elle était passée trop vite pour apercevoir ces petits naevus qui le caractérisaient tant. 

En passant de salle en salle son malaise se fit de plus en plus grand. Elle essayait de se raisonner, de se dire que c’était impossible. Les médecins avaient bien dit que l’issue serait fatale. Elle le revit sur son lit d’hôpital, sans vie. Les images de l’enterrement défilèrent dans sa tête… 

Elle se rappela ne pas avoir assisté à la mise en bière. C’avait été au-dessus de ses forces. Mais les parents de Tiberio y étaient, sa soeur également. Ils n’avaient quand même pas menti tous les trois… S’ils s’étaient rendus compte qu’il y avait une erreur, ils l’auraient sûrement signalée. Sûrement… Et s’il n’y avait pas eu de mise en bière? Que le cercueil avait été scellé avant leur arrivée?

Elle savait que Tiberio avait été adopté. Aurait-il eu un jumeau duquel il aurait été séparé? Et pourquoi il ne lui en aurait pas parlé? 

Marcella était de plus en plus agitée. Elle n’avait qu’une envie: sortir du musée. Flavio se rendit compte qu’elle était soucieuse. Il lui demanda si elle voulait s’en aller. Elle ne se fit pas prier. Elle espérait que l’air la dégriserait et lui rendrait les idées plus claires. L’air lui fit du bien quelques instants mais d’autres questions vinrent la titiller. Elle avait envie de pleurer.

Elle ne ferma pas l’oeil de la nuit. Chaque minute qui passait avait la longueur d’une heure. Sur le matin, alors que le jour pointait derrière le rideau, une dernière question l’assaillit. Et si Tiberio avait voulu disparaître volontairement ? Elle étouffa un cri. 

Si tel était le cas, pourquoi? Pour quels desseins? Ils s’étaient toujours très bien entendus tous les deux. Elle n’avait jamais rien remarqué chez lui qui laissât penser qu’il était malheureux avec elle. Aurait-il eu une vie cachée? Une autre femme? D’autres enfants? Aspirait-il à autre chose? A d’autres expériences? 

Ou bien la raison d’Etat… Elle n’osait pas imaginer qu’il s’était rapproché d’elle par intérêt et que son pays avait ensuite décidé de l’exfiltrer pour l’envoyer sur une autre mission. Etait-il un espion? Elle repensait à la silhouette derrière la vitre du Caffè Florian et se dit qu'elle avait peut-être vu ce qu’on avait voulu qu’elle voie… 

Dans tous les cas si Tiberio s’était montré délibérément elle savait qu’il la retrouverait, ici ou ailleurs. Ca ne pouvait pas être autrement.

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08/01/2023

Les dimanches poétiques (304)

"Les êtres qui s'aiment vraiment ne sont limités ni par l'espace, ni par le temps. Ils sont liés par l'âme, un lien bien plus intime, plus inséparable que celui du corps..."

François CHENG

L'éternité n'est pas de trop

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04/01/2023

Happy New Year!

Très joyeuse année à tous! Je vous souhaite joie, bonheur, amour, et bien sûr la santé. (Mais est-il besoin de le préciser?)

Je vous informe que j'ai mis à jour les infos de la bio. Et notamment l'e-mail pour me contacter. Vous pouvez m'écrire à l'adresse suivante: lesmotsdemado@gmail.com 

Vous pouvez également me retrouver sur instagram à l'adresse suivante: @my.world.nextstop 

 

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01/01/2023

Décembre en quelques mots #75

Des semaines à 100 à l'heure rythmées de contre-temps // Croiser un ancien voisin // Pas du tout dans le mood des fêtes // Mais apparemment je ne suis pas la seule // Renoncer à la gaufre du marché de Noël parce qu'il faisait vraiment trop froid // Se réfugier dans un café et opter pour un vin chaud // Le Père Noël apportera des choses utiles // Tiramisu en guise de bûche // Redoux et pluie. (Je crois que je préférais les matins givrés.) // La SNCF au moment des fêtes... Comment dire?... // Grosse fatigue, céphalée et mal de dos = Tiercé gagnant! // Vision board pour l'année 2023 ou l'art de créer // Besoin de silence // Avancer dans mes lectures du moment // Café latte // Des fleurs pour un peu de couleur et de poésie // Une fin d'année sans excès // Sur une photo voir, en arrière-plan, le fantôme d'une vieille connaissance

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18/12/2022

Les dimanches poétiques (303)

S'accrocher l'un à l'autre

On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout: le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore.

Christian BOBIN

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04/12/2022

Les dimanches poétiques (302)

"Dans cet écrin épais, opaque, silencieux, on imagine la cabane d'un ermite. Depuis toujours, les forêts attirent les esprits frondeurs. Ces marges végétales sont le refuge des proscrits, des amants, des inadaptés, des fous, des saints. J'ai de la sympathie pour ces adeptes de la fuga mundi, qui disent zut à la société et mettent entre eux et les sommations du moment l'écran d'une futaie."

Charles WRIGHT in Le chemin des estives (Ed. J'ai lu - 2021)

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