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26/03/2023

Les dimanches en photo (187)

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Loches - Gisant d'Agnès Sorel 

22/03/2023

Indécent

Il est minuit. Cette journée m'a épuisée. Je n'ai eu que des soucis à la rédaction. Le petit mot que vous avez glissé dans ma boîte aux lettres fut donc un réel réconfort. Il m'a réchauffé le coeur.

A l'heure qu'il est, peu probable que cet e-mail vous trouve éveillé... Vous le lirez demain matin avec autant de plaisir, je l'espère, que j'ai eu à lire votre doux billet. Aussi doux que la chaleur de vos bras autour de mes épaules.

Aurez-vous une heure ou deux samedi matin pour une balade? J'ai aimé, pour ne pas dire adoré, celle de la semaine dernière en votre compagnie. Flâner dans les allées de Kensington Gardens à votre bras fut un moment délicieux. Peut-être pourrions-nous prolonger cette promenade par un déjeuner en terrasse... Le soleil est là pour quelque temps. Et s'il nous faisait faux bond, je sais que j'en trouverai très certainement un peu dans vos yeux.

A très vite, mon cher Peter. Je vous embrasse de la façon indécente qui, je m'en souviens, vous plaît.  

Victoria

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture de Skriban. Le début et la fin (en mauve) étaient imposés. Ce texte n'est pas libre de droits. La photo non plus.

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19/03/2023

Les dimanches poétiques (309)

N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas !

N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes,
Ne demande qu'à Dieu… qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
N'écris pas !

N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N'écris pas !

N'écris pas ces deux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur.
N'écris pas !

Marceline DESBORDES-VALMORE

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15/03/2023

All you need is... love!

6 janvier

Je ne quitte plus le pull en cachemire que Victoria m'a offert à Noël. Elle l'avait déposé sous le sapin juste à côté de la crèche avec ses santons rapportés de Provence. Elle avait un regard lumineux de petite fille lorsque j'ai ouvert mon cadeau; elle guettait chacune de mes réactions. On a pris un peu d'avance sur le calendrier pour célébrer Noël car elle avait prévu de rentrer en France pour passer les fêtes en famille. Elle partait en Eurostar le 23 décembre alors le 21 je lui ai concocté un petit dîner romantique dans un restaurant de Knightsbridge. Après le repas nous avons marché au hasard des rues illuminées de guirlandes de toutes les couleurs. Une vraie féerie. Sur le chemin du retour Victoria, qui devait être un peu pompette, a tenu absolument à chanter des chants de Noël mais aussi des standards anglais parmis lesquels All you need is love: "There's nothing you can do that can't be done / Nothing you can sing that can't be sung..."

12 janvier

La neige n'est pas près de fondre. Il en est retombé 20 centimètres cette nuit. Le manteau blanc qui recouvre Londres n'a rien d'éphémère. Habituellement on a tout juste quelques frimas. Cette année la ville semble enveloppée de silence. La neige assourdit les bruits. L'aube a quelque chose de mystérieux.

Je n'ai fait qu'hiberner depuis que Victoria est partie pour le continent. J'erre comme un vieil ours dans l'appartement. Je n'ai pas envie d'écrire et les larmes me viennent aux yeux pour un oui ou un non. Mon âme a été entaillée par une lame invisible. Seule Victoria peut panser cette plaie béante. Je me languis d'elle bien qu'elle me donne régulièrement de ses nouvelles. Son sourire espiègle et ses jolis yeux de fée me manquent. J'espère qu'elle pourra se libérer au printemps pour un petit voyage en Hollande. Nous irons nous perdre dans les champs de tulipes rouges, roses, jaunes...

16 janvier

Victoria est rentrée il y a trois jours et je ne l'ai pratiquement pas vue depuis son retour. Elle m'a raconté qu'elle s'est faite malmener à la gare de Saint Pancras juste avant de prendre le métro pour Bayswater Road. Quelques individus imbibés d'alcool ont essayé de lui arracher ses possessions. Elle a hurlé et s'est débattue comme un tigresse pour les faire fuir. Les agents de sécurité ont réussi à la sortir de ce mauvais pas et ont saisi les gredins qui ont été placés en cellules de dégrisement au Yard. Elle a été bien secouée mais n'a heureusement pas été blessée.

Le relèvement des prix a provoqué une multiplication des vols à la tire. Une situation qui ne devrait pas aller en s'améliorant après les dernières déclarations de Cameron.

24 janvier

Le week-end dernier j'ai emmené Victoria au zoo après la relève de la garde à Buckingham qu'elle tenait absolument à aller voir. Nous avons passé un temps fou à observer les éléphants. Nous guettions le moment où le soigneur viendrait déposer la ration d'aliments dans le réceptable qui leur sert de mangeoire. Pauvres bêtes privées de liberté pour assouvir le voyeurisme des humains. Une forme d'esclavagisme moderne...   

Ce texte a été rédigé pour l'édition 49 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il y avait 24 mots imposés. Ce texte n'est pas libre de droits. La photo non plus.

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12/03/2023

Les dimanches poétiques (308)

Paris

[29 décembre 1959]

"Mon bien-aimé,

Je relis ta lettre de ce matin pour la troisième fois, et je m'émerveille toujours un peu plus du plaisir que tu me donnes, au-delà même du bonheur. Tu connais sans doute aussi bien que moi ces délicats frissons du rire que communique soudain, aux moments les plus imprévus, la conscience de l'amour. Certains mots que tu écris m'apportent cette qualité de joie : elle n'a pas de limites; elle commence et ne peut finir; elle aère mystérieusement le coeur et l'esprit et vous laisse à la fois vide et comblée... Ce qui m'amuse, c'est que tu sembles ne découvrir qu'aujourd'hui qu'il s'agit entre nous de PASSION! Moi je le sais depuis longtemps, étant moins méfiante que toi en ce qui concerne ces régions de l'être où l'amour n'est plus que liberté... et, tu vois, je ne te l'envoie pas dire. Non, ne fronce pas ton nez en signe de moquerie, et laisse-moi, cette fois du moins, les petits bénéfices d'une soi-disant expérience! [...] "

Dominique ROLIN in Lettres à Philippe Sollers 1958-1980 (Ed. Gallimard - 2018)

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08/03/2023

La petite musique de Victoria

Le soleil avait fait son retour avec les premiers jours du printemps. Les fleurs commençaient à sortir de terre, Kensington se colorait d'un tendre vert et les Londoniens flânaient dans les rues. Toute la ville souriait à nouveau.

Victoria était ravie de l'arrivée des beaux jours. L'hiver avait été particulièrement froid et avait semblé ne jamais vouloir finir. Depuis mi-mars elle allait chaque samedi à Brompton Oratory à pied. Elle traversait le parc pour rejoindre Exhibition Road en saluant Peter Pan d'un petit geste de la main avant de remonter en longeant le Serpentine. Juste avant d'arriver au lac, elle entendait toujours quelqu'un jouer du violon. Le musicien jouait un morceau léger et mystérieux qui l'envoûtait. Cette petite musique tournait dans sa tête toute la journée et parfois tout le week-end.

Un samedi matin elle décida de ne pas aller jusqu'à Brompton Oratory. Elle voulait trouver ce violoniste qui chaque semaine l'envoûtait. Ce jour-là elle jeta à peine un coup d'oeil à la statue de Peter Pan et se dirigea vers le lac comme à l'accoutumée mais au lieu de continuer vers la colline, elle tourna à droite pour s'installer sur une pelouse. Elle s'assit sur un plaid qu'elle avait emporté ainsi qu'un livre. Au bout d'une trentaine de minutes, la petite musique résonna non loin de son point de chute. Elle remarqua un clochard installé sur un banc. Tout en faisant mine de lire, elle épiait son voisin. Il semblait être familier du lieu; chacune de ses possessions avait visiblement sa place. Il était pieds nus. Victoria en déduisit qu'il profitait du soleil pour réchauffer sa vieille carcasse. Ses cheveux étaient blancs, sa barbe épaisse et plutôt longue, ses mains noueuses et gonflées. Elle avait remarqué qu'il portait des lunettes mais elle était trop loin pour voir la couleur de ses yeux.

Ce qui intriguait le plus Victoria c'était l'incroyable talent du clochard pour faire vibrer les cordes de son violon. Elle pensa qu'il avait très certainement donné des concerts à une époque. Un musicien aussi doué avait dû tourner dans le monde entier et elle se demanda comment s'était produit ce revers de fortune.

Au bout d'une heure la musique cessa et Victoria se plongea sérieusement dans sa lecture. De ce fait elle ne remarqua pas que le clochard l'observait à son tour. Il avait un journal à la main qu'il avait ajusté devant son visage de façon à ce qu'elle le croit en train de lire. Au lieu de cela ses yeux erraient sur les cheveux châtains de la jeune femme, ses joues rosées et la moue de ses lèvres lorsqu'elle était concentrée sur son livre. Il la vit sourire à plusieurs reprises et se demanda quelle était sa lecture. Il aurait aimé aller lui parler mais il avait peur de l'effrayer et de ne pas la revoir car il l'attendait chaque samedi matin. Il guettait sa silhouette et ses cheveux bercés par la cadence de ses pas.

Ce texte n'est pas libre de droits. La photo non plus.

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05/03/2023

Les dimanches en photo (186)

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