31/05/2021
Elle écouta un instant le silence
A peine Victoria eut-elle jeté les carottes dans le fond de la poêle que la sonnerie du téléphone se mit à retentir. Habituellement lorsque quelqu'un appelait vers 20h elle ne répondait pas, jugeant qu'elle avait mérité un peu de repos. Elle voulait aussi profiter de son appartement de Bayswater Road donnant sur Kensington Gardens dans lequel elle avait emménagé quelques mois plus tôt.
Mais ce soir-là elle fut comme attirée par la sonnerie. Elle s'essuya les mains et se dirigea vers le bureau où elle avait installé le téléphone. La sonnerie se faisait de plus en plus nette et stridente. Elle décrocha le combiné avec une pointe d'agacement et comme d'habitude, accueillit son interlocuteur par un "oui, bonsoir" qu'elle avait essayé de prononcer sur le ton le plus cordial possible après une journée harassante.
Ses mots tombèrent dans le vide. Aucun écho, aucune voix ne se fît entendre. Et pourtant il y avait quelqu'un à l'autre bout du fil. Elle essaya un "allô" mais pas de réponse. Le souffle coupé, elle écouta un instant le silence. L'autre ne parlait pas et finit par raccrocher.
Toutes les hypothèses se bousculèrent dans sa tête. Une erreur? Quelqu'un qui voulait savoir si elle était chez elle? Ce genre de situation ne lui était encore jamais arrivée. Se pouvait-il que ce soit Adrien qui ait essayé de la joindre depuis Paris? Il avait assez mal encaissé l'idée de Victoria de s'installer à Londres mais il ne lui avait rien proposé et elle se sentait libre. Voulait-il lui parler?
Elle échaffaudait les scénarios les plus fous. Et si c'était un détraqué qui habitait dans son immeuble? Ou un collègue qui était sous le charme de ses yeux verts? Plein de noms lui venaient à l'esprit.
Puis, ses yeux se portèrent sur le calendrier. Nous étions le 9 août. En France, le jour de la Saint Amour. D'un seul coup les noms auxquels elle avait pensé dans un premier temps diminuèrent. N'en restaient que quatre ou cinq.
Si seulement elle avait eu un téléphone dernier cri, elle aurait peut-être pu savoir à qui appartenait le numéro. Au lieu de ça elle avait un vieux coucou que quelqu'un de la rédaction avait bien voulu lui prêter.
Perdue dans ses pensées, Victoria retourna dans la cuisine d'un pas traînant et remua les carottes qui commençaient à attacher dans le fond de la poêle. Elle remua les légumes sans vraiment faire attention à ce qu'elle faisait. Elle avait l'esprit ailleurs.
Ce texte n'est pas libre de droits. La photo non plus.
09:00 Publié dans Textes originaux | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : livres, littérature, textes originaux, romans, essais, journalisme, actu, actualité, presse | Facebook |
16/01/2013
Alain Duhamel à l'Institut de France
Le journaliste politique et écrivain Alain Duhamel a été élu il y a quelques jours à l'Institut de France. Il succède au géographe et démographe Jacques Dupaquier au fauteuil n°7 de l'Académie des Sciences morales et politiques.
17:00 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : alain duhamel, presse, journalisme, médias, institut de france, académie des sciences morales et politiques, actu, actualité | Facebook |
11/11/2012
Porte-plumes au vent - M. CAFFIER
Voilà un roman fort intéressant sur le métier de journaliste. Michel Caffier nous raconte, à travers l'histoire de Pierre Léger et de quelques uns de ses confrères, l'évolution du métier de la fin de la guerre aux années 80. A l'époque il n'y a pas encore la télévision et le journalisme de radio n'est pas encore très développé.
Pierre Léger, qui rentre au Havre après avoir été démobilisé, cherche du travail. Alors qu'il se rend au journal La Normandie pour y faire paraître une annonce, il a la surprise d'être reçu par le patron du canard qui lui propose un job. Après une courte période d'essai, le jeune Pierre est finalement embauché et est rapidement promu au poste de reporter. (A l'époque il n'y avait pas besoin de passer par une école de journalisme pour commencer dans le métier...)
A force de couvrir différentes affaires, Pierre va se lier avec d'autres confrères travaillant pour des journaux de Nancy, Lyon, Toulouse et Lille. Une vraie entente va se créer entre eux et ils vont prendre l'habitude de se retrouver pour passer le nouvel an. Ils vont se recevoir à tour de rôle. Ils organiseront même des déplacements communs pour couvrir des événements à l'étranger. L'ambiance est bon enfant et il y a un réel esprit de camaraderie. Ce n'est pas encore le règne de l'argent... Les articles sont dictés par téléphone à la secrétaire et on tape encore à la machine à écrire.
J'ai lu ce livre très rapidement. Il est très intéressant. L'auteur donne des détails sur le monde de la presse écrite ainsi que sur de nombreux événements qui ont eu lieu au cours de ces quatre décennies. Si la vie professionnelle est très bien rendue, la vie privée n'est pas non plus négligée. Des enfants naissent, grandissent et ont à leur tour des enfants. Un roman que je vous conseille si vous vous intéressez au monde de la presse. Vous passerez un bon moment.
Porte-plumes au vent - Michel CAFFIER - Ed. Presses de la Cité - 2010
22:00 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : livres, littérature, presse, journalisme, médias, michel caffier, actu, actualité | Facebook |
04/11/2012
Réflexion du dimanche (2)
Depuis quelques jours je me demande si je n'habite pas aux Etats-Unis. On entend parler que de ce pays qui autorise entre autres la peine de mort et le port d'armes de poing, et qui au passage méprise totalement les étrangers. Certes un terrible ouragan s'est abattu sur la côte est des Etats-Unis et les américains votent prochainement pour élire leur président mais il y a aussi des millions de gens qui meurent de faim à travers le monde et qui n'ont pas accès à l'eau potable.
Payer 2 euros de plus la redevance audiovisuelle (sans compter la hausse votée par les députés dernièrement) pour que des journalistes aillent se faire mousser aux States ça me fait un peu mal! Quand il y a une élection présidentielle en Russie les journalistes français sont moins prompts à prendre l'avion pour aller y faire des éditions spéciales! Je me demande si je ne gagnerais pas à revendre mon écran plat...
08:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : presse, médias, journalisme, états-unis, redevance audiovisuelle, actu, actualité | Facebook |
02/09/2012
Portraits souvenirs - A. DUHAMEL
Alain Duhamel nous livre ici cinquante portraits d'hommes et de femmes qu'il a côtoyés au cours des cinquante dernières années. Il retrace leur parcours tout en nous dévoilant la personnalité de chacun. C'est bien écrit, sans concessions, parfois un peu lyrique mais toujours avec le souci de relater le plus fidèlement possible ses relations avec les uns et les autres.
Il dresse ainsi le potrait de nombreux hommes et femmes politiques mais pas seulement. On trouve parmi ces personnalités quelques exceptions comme Louis Aragon, Raymond Aron, Jean-Pierre Elkabbach ou encore Jean-Marie Lustiger.
Alain Duhamel ne fait cependant pas de révélations extraordinaires même s'il raconte ici et là quelques anecdotes qui peuvent amuser. Il n'est pas non plus avare de bons mots. J'avoue avoir ri parfois.
J'ai beaucoup aimé les portraits de Jacques Delors et Jean-Marie Lustiger. J'ai apprécié également ceux de Jacques Chaban-Delmas, Jean-Louis Debré, Bertrand Delanoë, Jean-Pierre Elkabbach, Brice Hortefeux, Jean Lecanuet, Michel Rocard et Philippe Séguin. Des portraits plein d'humanité malgré le ton parfois tranchant employé par l'auteur.
Portraits souvenirs / 50 ans de vie politique - Alain DUHAMEL - Ed. Plon - 2012
21:30 Publié dans Livres, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journalisme, presse, médias, politique, alain duhamel, actu, actualité | Facebook |
28/06/2012
Nuit d'encre - Ph. HUET
J'ai beaucoup aimé ce polar qui se passe dans le milieu de la presse. Nous sommes dans les années 70 et Paul-Henry Sternis est le tout-puissant patron d'un quotidien régional. Bien que diminué par la maladie, il semble indestructible. Tel un phénix, il renaît chaque fois qu'il respire l'atomosphère de son journal.
Mais Sternis a des ennemis, notamment ceux qui ont tout perdu lors de la dernière guerre. Beaucoup acceptent mal que le petit imprimeur d'origine juive soit devenu le patron du journal régional de référence. Les rancunes ne sont pas éteintes et lorsqu'un flibustier de la presse lance une offensive pour racheter le titre, c'est le début de la fin. Tous ceux qui jusque là avait tu leurs rancoeurs ne vont pas se priver pour lui tirer dans le dos.
Philippe Huet a fignolé les portraits de ses personnages tant sur le plan physique que sur le plan psychologique. Un vrai régal. Une belle plume qui mérite le détour. Les principaux personnages ont été inspirés de patrons de presse et de journalistes ayant existés. Ceux qui connaissent l'histoire du quotidien Paris Normandie les reconnaîtront sans difficulté.
Nuit d'encre - Philippe HUET - Ed. Albin Michel - 2012
21:30 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livres, littérature, romans, presse, journalisme, philippe huet, actu, actualité | Facebook |
06/05/2012
La neutralité des médias...
"Nous ne sommes pas neutres. C'est une duperie de l'affirmer car, à partir de 10 heures, nous allons faire des choix... Le matin... il y a grosso modo une centaine d'informations... A 10 heures, nous allons faire un premier choix, nous en retiendrons seulement 25... Et ces choix, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, sont subjectifs. Ils correspondent à notre humeur du jour, à notre culture, à notre morale, à notre manière de voir le métier.
[...] 15 heures: c'est une conférence plus dure que celle du matin... A ce moment, nous avons suffisamment de sujets pour remplir deux journaux complets. Il y a un côté marchand de tapis: tel sujet vaut "une minute" et le journaliste voudra "une trente"; alors on s'étripe pour trente secondes et ce sont souvent des bagarres incroyables. Après avoir fini par sélectionner 15 ou 18 sujets, commence la bagarre essentielle, celle de l'ordre hiérarchique. Par quel sujet ouvrir? L'ouverture, c'est le choix éditorial du journal."
Claude Sérillon Téléscope n° 18, 3-9 octobre 1992
Texte retrouvé en faisant du tri dans un carton où s'entassaient des cours du lycée. Nous avions comparé plusieurs journaux télévisés et notamment le choix des sujets ainsi que leur hiérarchisation. La même chose avait été faite avec la presse écrite. Je me rappelle que notre prof nous répétait de ne pas nous fier à un seul son de cloche...
08:00 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, télévision, journalisme, presse, claude sérillon, actu, actualité | Facebook |