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29/11/2017

E. Macron un jeune homme si parfait - A. FULDA

emmanuel macron,anne fulda,politique,économie,presse,littérature,actu,actualitéIl a toujours eu le désir de plaire, le besoin d'être admiré, de recueillir l'assentiment de ceux qu'il côtoie, et plus particulièrement de ses aînés, de ceux qui détiennent un pouvoir qu'il n'a pas. Le pouvoir du savoir. Le pouvoir intellectuel, puis économique et politique. Il veut tous les conquérir, les embrasser. Pour  être reconnu, adulé, admiré.

Je ne pensais pas qu'une campagne présidentielle comme celle que nous avons vécue cette année était possible. Mais en y regardant de plus près, je m'aperçois que les cartes ont été rebattues lorsque Emmanuel Macron a créé son mouvement et a quitté le gouvernement. C'était le premier pas vers quelque chose de pas commun, pour ne pas dire d'exceptionnel. C'est un gars qui voit loin et qui analyse vite. Il a un don pour la rhétorique et sait convaincre ses interlocuteurs.

Anne Fulda revient sur le parcours de ce petit "génie" dans son ouvrage intitulé Emmanuel Macron un jeune homme si parfait. En dix chapitres elle dresse le portrait de cet intellectuel touche à tout et à qui tout réussit. On apprend qu'il avait beaucoup de facilités pour apprendre. Le jeune Emmanuel était une éponge. Il était bon en tout et lorsqu'il décida de faire du théâtre, il joua le rôle principal. De même lorsqu'il se mit à étudier le piano, il voulait surpasser les autres et être reconnu. Alors quand il échoua au concours du conservatoire il demanda à repasser l'année suivante avec la même professeur. Il avait déjà ce besoin de convaincre, de plaire; et il était déterminé. Et force est de constater que cette détermination l'a mené très loin.

Non seulement il est doué et déterminé, mais il charme aussi les personnes qu'il rencontre. Ses interlocuteurs sont séduits, lui offrant l'occasion de donner un sérieux coup d'accélérateur à sa carrière et lui permettant de gravir les échelons vers les sommets. Anne Fulda parle de ses parrains et de ses grands-frères dans le monde de la finance et de la politique. Il fait forte impression à tout le monde même s'il n'était pas programmé pour faire de la politique. Il n'a jamais milité dans un parti, était proche d'un philosophe, autant dire que c'est un ovni, comme l'indique très justement l'auteur.

Anne Fulda étant grand reporter et responsable de la rubrique Portraits au Figaro, je lui accorde un certain crédit. L'ouvrage est bien construit, il est clair et rédigé dans un langage accessible à tous. Mais - parce qu'il y a un mais - j'ai tendance à ne pas prendre pour argent content ce qu'on me dit. J'aime bien avoir plusieurs sons de cloche sur un même sujet. Donc, si somme toute le livre est fort intéressant, je ne manquerai pas de lire d'autres ouvrages sur l'intéressé.

Emmanuel Macron Un jeune homme si parfait - Anne FULDA - Ed. PLON - 2017

27/11/2017

Quand sort la recluse - F. VARGAS

livres,littérature,romans,polars,quand sort la recluse,fred vargas,actu,actualitéUne amie m'a passé le dernier polar de Fred Vargas il y a quelques semaines et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé le commissaire Adamsberg. L'intrigue de Quand sort la recluse est bien ficelée. Jusqu'au bout on cherche le coupable (même si mon esprit tordu avait quand même de sérieux soupçons).

L'enquête ne débute pas tout de suite. La brigade est sur une autre affaire. Mais, c'est en faisant des allées et venues entre les bureaux que le commissaire repère quelque chose d'étrange sur l'ordi d'un de ses collègues. Ce dernier a fait des recherches sur une araignée, "la recluse". Une bestiole inoffensive si on ne vient pas l'embêter. Si par malheur elle nous mord, il faut consulter un médecin, mais pas de quoi s'affoler. Une morsure de recluse ne peut pas tuer un homme. Or, dans le sud, on compte déjà deux morts par recluse depuis le début de l'année. Deux morts assez rapprochées. Les deux bonhommes n'étaient pas tout jeunes mais ils étaient originaires du même coin. Adamsberg ressasse l'information. Pas de quoi ouvrir une enquête, qui du reste ne serait pas de son ressort. Mais l'araignée revient gratter régulièrement son esprit, quand ce n'est pas sa nuque. Il discute de l'affaire avec le dit collègue qui lui aussi est très intrigué. Ils vont commencer à enquêter en embarquant avec eux la responsable informatique du service. Mais tout cela reste confidentiel. Ils n'ont pas d'éléments suffisants pour ouvrir une enquête et l'ambiance n'étant pas au beau fixe avec le commandant Danglard, ils ne parlent pas de leurs recherches.

Adamsberg, sous un prétexte fallacieux, va interroger un spécialiste des araignées qui lui affirme qu'un homme ne peut pas mourir d'une morsure de recluse, qu'il faudrait le venin de plusieurs dizaines de ces bestioles pour envoyer un humain à l'hôpital. Franchement, la théorie ne tient pas debout. Le jour de l'entrevue avec le scientifique il rencontre une petite mamie qui semble bien connaître cette fameuse araignée, d'ailleurs elle comptait en donner une morte au spécialiste avec qui elle avait également rendez-vous. Originaire du sud, elle connaît les deux premières victimes, qui elles-mêmes se connaissaient. Adamsberg fait alors des recherches sur les deux hommes et remonte à un mystérieux pensionnat pour garçons difficiles...

L'intuition d'Adamsberg est-elle bonne où se perd-il dans les brumes de son esprit? Je vous laisse découvrir la suite. Ce fut un bon moment de lecture pour ma part. Non seulement l'intrigue est bien menée mais elle est aussi étayée par de nombreux détails scientifiques.

Quand sort la recluse - Fred VARGAS - Ed. Flammarion - 2017

24/11/2017

La gouvernante française - H. TROYAT

livres,littérature,henri troyat,la gouvernante française,actu,actualitéComme par le passé, j'essaie de me procurer un peu de nourriture auprès des vendeurs clandestins qui hantent le quartier. Ils sont de plus en plus rares, de plus en plus chers et de moins en moins bien approvisionnés. Se caler l'estomac est devenu l'obsession de tout le pays. Rien d'autre ne compte, ni la réussite sociale, ni la politique, ni l'amour. Les queues s'étirent devant les magasins. On se dispute pour une poignée de riz, pour quatre pommes de terre. Quand un cheval exténué s'abat sur la chaussée, vingt personnes attendent qu'il soit mort pour le dépecer.

Ce livre est entré en ma possession très bizarrement. Alors que j'allais jeter des déchets dans le local à poubelles de l'immeuble, mes yeux furent attirés par une pile de livres disposée près de la porte. On ne pouvait pas la manquer en ressortant du local. La personne qui voulait se débarrasser de ces bouquins ne les avait pas mis là par hasard à mon humble avis. Je n'ai pas pu résister à l'envie de compulser les livres. Il y en avait une quinzaine. Peut-être vingt. Tous ne m'intéressaient pas et il faut avouer que je n'ai plus vraiment de place  pour les stocker... J'en ai donc sélectionné trois parmi lesquels La gouvernante française d'Henri Troyat (élu à l'Académie française en 1959). Pourquoi ai-je sélectionné celui-ci? Et bien tout simplement parce que j'avais adoré, du même auteur, La neige en deuil. Un roman puissant dont le style m'avait profondément marqué.

J'ai donc remonté La gouvernante française chez moi et l'ai déposé dans la bibliothèque. Le temps a passé et il y a quelques semaines je cherchais un livre à glisser dans mon sac pour lire dans le bus. Le format poche étant le plus pratique, je me suis dit que ce serait l'occasion de commencer ce bouquin. Et là encore, j'ai beaucoup aimé le style de l'auteur.

Le roman prend en fait la forme d'un récit, celui d'une jeune gouvernante travaillant chez une famille bourgeoise de Saint-Pétersbourg. Geneviève est chargée de l'éducation des enfants des Borissov, deux garçons, Georges et Anatole. La vie semble bien agréable dans cette atmosphère feutrée des maisons aisées. Mais la rue gronde. Nous sommes en 1916, Raspoutine a été assassiné, et les bolcheviques exhortent la population à la rébellion. Un vent de liberté souffle sur la Russie.  Cependant la révolution qui s'annonce sera-t-elle pacifique? C'est en tout cas ce que souhaite Maxime Fedorovitch, journaliste parent des Borissov qui donne des leçons aux garçons et qui se lie d'amitié avec Geneviève. C'est à ses côtés qu'elle essaiera de comprendre les soubresauts de cet immense pays et les enjeux qui se jouent dans les deux camps.

Ce livre présente un réel intérêt pour comprendre les mœurs en cours à Saint-Pétersbourg au début du 20ème siècle. Il donne par ailleurs un bel aperçu des différentes classes sociales et du rôle de chacun dans la maison des Borissov. Enfin, l'intérêt majeur réside dans les détails historiques et tous les événements qui ont précédé la révolution de 1917, les différents acteurs de celle-ci, et les conséquences de ces événements. Rien que pour cela ce livre mérite d'être lu.

La gouvernante française - Henri TROYAT - Ed. J'ai Lu - 1998

31/10/2017

Tom Hanks l'écrivain

137585_couverture_Hres_0[1].jpgOn le connaissait acteur et réalisateur, voici désormais Tom Hanks l'écrivain. Celui qui s'est illustré par ses rôles dans Philadelphia, Forrest Gump et Da Vinci Code a été rattrapé par le texte, ou plutôt les mots.

Son tout premier livre, un recueil de nouvelles intitulé Questions de caractère, a paru le 26 octobre. Le magazine LiRE publie en intégralité l'une d'entre elles, Alan Bean +4, et je dois avouer que cela m'a beaucoup plu. Autant le rythme que le style. Je ne sais pas si Tom Hanks va continuer dans cette voie, lui qui paraît-il collectionne les vieilles machines à écrire, mais je suis très tentée par cet ouvrage.  A suivre!

Questions de caractère - Tom HANKS - Ed. du Seuil - 2017

29/10/2017

Une trop bruyante solitude B. HRABAL

livres,littérature,littérature tchèque,bohumil hrabal,prague,une trop bruyante solitude,actu,actualitéJ'écrase du vieux papier, j'enfonce le bouton vert et le plateau de ma presse avance, j'enfonce le bouton rouge, il recule; c'est le mouvement fondamental du monde, comme les pistons d'un hélicon ou comme un cercle qui retourne nécessairement au point dont il est parti.

Le lien que j'entretiens avec la littérature tchèque est très particulier. Je dis tchèque, parce que Prague se trouve aujourd'hui en République tchèque. Peut-être devrais-je parler ici de littérature tchécoslovaque puisque lorsque Bohumil Hrabal a écrit ce livre Tchéquie et Slovaquie ne faisaient qu'un même pays. Mais passons, disons que c'est de la littérature tchèque.

Quand je parle de lien "très particulier", c'est que j'ai découvert cette littérature lors d'un séjour de trois mois à Prague en 2004. (Je vous passe les détails de ce séjour, qui n'est pas le sujet de ce post.) Outre le fait d'avoir appris quelques rudiments de tchèque (langue tout de même assez proche du polonais et du russe même si l'alphabet est différent) je me suis intéressée à la littérature du pays. J'ai donc lu l'incontournable Franz Kafka, le moins connu mais non moins intéressant Ivan Klima et, bien sûr, le plus français des écrivains tchèques, Milan Kundera.

Mais quand on aime, on ne compte pas. J'ai commencé il y a de cela plusieurs années Les lettres à Olga de Vaclav Havel. Lettres écrites à son épouse lorsqu'il était emprisonné. Puis, de passage en librairie il y a quelques semaines, mes yeux se sont portés sur Une trop bruyante solitude de Bohumil Hrabal, auteur dont j'avais entendu parler mais duquel je n'avais rien lu. Et quelle bonne idée j'ai eue d'acheter ce livre. C'est un merveilleux bouquin. Vraiment un réel coup de cœur.

Sur un ton à la fois grave et poétique, Bohumil Hrabal nous conte l'histoire de Hanta, un ouvrier quasi invisible, terré dans une cave à presser livres interdits et papiers divers jetés au rebut. Son boulot n'est pas très ragoûtant, l'endroit non plus, situé quelque part entre la surface de la terre et les égouts. Mais Hanta ne comprend pas toujours pourquoi certains livres sont pilonnés. Notamment ces beaux livres sur la peinture, ces ouvrages de Goethe ou de Kant. Il en a d'ailleurs récupéré, ou peut-être devrais-je dire, il en a sauvé, et par la même occasion s'est instruit au fil des ans. Il en a rempli son appartement. Même les WC sont pleins à craquer. Cependant à faire ainsi le tri, il perd du temps. Il est toujours en retard sur la tâche à accomplir, ce qui n'est pas forcément du goût de son patron, qui le sermonne régulièrement. Hanta et sa presse ne sont pas très rentables. Bientôt font leur apparition de bien plus grosses machines, automatisées, qui pilonnent dix fois plus de papier.

Au fil des pages une autre histoire se dévoile en filigrane. Outre l'histoire de Hanta, c'est le joug communiste qui est pointé du doigt, le rejet de la culture, les élites réduites à occuper des postes d'ouvriers ou à étudier des sujets complètement ridicules. Une fable triste et émouvante qui plaira à tous les amoureux des livres, à n'en pas douter.

Une trop bruyante solitude, publié en 1976 à Prague, a été adapté au cinéma en 2011 par Vera Caïs avec Philippe Noiret dans le rôle principal.

Une trop bruyante solitude - Bohumil HRABAL - Ed. Robert Laffont - 2015

 

24/10/2017

Les jours enfuis - J. McINERNEY

livres,lecture,romans,littérature,littérature américaine,jay mcinerney,actu,actualitéTout était là, mais Jack en disait trop dans sa première mouture, il doutait trop de la qualité de son matériau alors qu'en fait, il avait déjà tout mis en place et fourni chaque détail dont le lecteur avait besoin. Russell lui avait montré ce qui s'y trouvait déjà et comment dépasser sa crainte de ne pas être assez explicite, citant l'éternel cliché qui veut que "moins c'est plus".

J'ai découvert Jay McInernay dans la Grande Librairie il y a quelques mois. Il était interviewé chez lui, à New York, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, Les jours enfuis. Ce roman fait partie d'une trilogie dont le premier volet a été publié en 1993 sous le titre Trente ans et des poussières. L'auteur y auscultait sans compromis les années folles de la finance dans les années 80. La suite, intitulée La Belle vie, a paru en 1997. Les protagonistes étaient projetés au cœur de l'après 11 septembre. Dans la dernière partie, on plonge dans l'année précédant l'investiture d'Obama à la tête des Démocrates pour la course à la Présidentielle américaine.

Russell et Corinne Calloway, la cinquantaine, vivent à New-York dans le très chic quartier de TriBeCa et passent leurs vacances dans les Hamptons. Ils ont des jumeaux, Storey et Jeremy, âgés de onze ans. Lui est directeur d'une maison d'édition, elle s'occupe d'une association caritative. Ils sortent  beaucoup: vernissages, lancements de livres, galas de charité dans la haute société new-yorkaise... La vie est belle. Mais - parce qu'il y a un mais - quand on pénètre leur intimité, on voit que leur vie n'est peut-être pas si belle que l'on croyait.

Tous les couples ont leurs hauts et leurs bas, et là, pour le coup, il y a plus de bas que de hauts. Outre la maison d'édition de Russell menacée de faillite, refait surface un ancien amant de Corinne. Elle est elle-même étonnée qu'il l'attire toujours autant. Et elle succombe de nouveau à son charme, prétextant un week-end avec une amie pour aller le retrouver.

Jay McInernay peint une société new-yorkaise où l'argent coule à flot (même si la crise financière est là) et où tromper sa femme (ou son mari) semble presque normal. En tout cas ça semble normal pour la plupart des personnages masculins. Et pour quelques personnages féminins. J'avoue que ça m'a un peu dérangée.

Il y a bien sûr des chapitres qui s'attardent sur l'opposition entre l'Amérique profonde et le microcosme new-yorkais, sur le fait de savoir si les Américains sont prêts à élire un noir à la Maison blanche, mais tout de même, ce n'est pas ce qui fait la majorité du roman. Et j'ai donc beaucoup de mal à dire si j'ai aimé ce livre ou pas.

Les jours enfuis - Jay McINERNAY - Ed. de l'Olivier - 2017

30/09/2017

La Salamandre - J.-Ch. RUFIN

livres,littérature,romans,jean-christophe rufin,la salamandre,brésil,actu,actualitéElle était passée de l'autre côté, là où le monde est sans pitié et sans égard, où la misère impose ses rudesses au corps et à l'esprit, où la vie n'est que le solde d'un compte entre la violence reçue et celle que l'on administre. Les scrupules, la prévenance, la politesse sont réservés aux étrangers, aux riches, à ceux que l'on respecte mais que l'on vole. La brutalité, elle, est la part des familiers, de ceux que l'on piétine mais que l'on aime.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant ce bouquin même si j'aime assez le style de l'auteur. Ce n'est pas le premier livre que je lis de Jean-Christophe Rufin. J'avais beaucoup aimé Un léopard sur le garrot. Pas un roman, pas une autobiographie non plus, une sorte de récit où il passe à  la loupe les moments importants de sa vie et ce qui a compté pour lui.

Ici le registre est différent. Il s'agit bel et bien d'un roman. Catherine, la quarantaine bien entamée, parisienne à la vie bien réglée et un peu terne, décide un jour de prendre de vraies vacances et d'aller rendre visite à une amie d'enfance installée au Brésil.

Quand elle arrive, c'est le Brésil des cartes postales qui l'accueille. Le soleil, la chaleur, les après-midi à la plage... rien ne manque. Les hommes à la peau mate font eux aussi partie du décor. C'est d'ailleurs sur les conseils de son amie que Catherine débute une relation avec l'un de ces hommes, de ceux qui traînent sur la plage en quête de touristes étrangères esseulées et en mal d'aventures. Il se prénomme Gilberto. Un prénom imprononçable quand on ne parle pas brésilien. Pas question d'argent entre eux. Catherine lui fait cependant des cadeaux, à chaque fois toujours un peu plus beaux, comme si elle avait une dette envers lui. Lui qui se donne sans compter au lit.

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Catherine aurait pu repartir en France à la fin de vacances, reprendre sa vie paisible à Paris. Mais elle s'est attachée à Gilberto, et serait prête à n'importe quoi pour lui, même si elle sait qu'il habite dans les favelas et que les gens de ces quartiers ne sont pas forcément bien intentionnés. Elle lui demande ce qui lui ferait plaisir. Il aimerait s'acheter un bar. Catherine fait rapidement ses calculs, additionne ses placements et la vente de son appartement, soustrait les liens qui pourraient la retenir à Paris, et la voilà installée à Rio. Cependant, tout ne va pas se passer comme elle l'avait imaginé. L'amour qu'elle ressent pour Gilberto n'est pas réciproque et il devient méchant, voire indifférent, abusant jusqu'à l'extrême de la faiblesse de Catherine. Elle l'a dans la peau. Lui a compris qu'elle ne lui refuserait rien. Et cette passion destructrice va aller crescendo.

Autant vous dire que j'ai eu envie de la secouer plus d'une fois cette Catherine, de lui faire entendre raison, de lui prouver par A + B que ce Gilberto n'est pas un type bien. Et là plusieurs questions me viennent à l'esprit. Est-ce qu'on peut aimer un homme jusqu'à ce qu'il nous détruise? Peut-on tout accepter par amour? N'y a-t-il pas une limite à la souffrance? Comment ne pas finir par haïr cet homme qui vous fait du mal? Un amour enfui peut-il conduire à vouloir mourir? Ce roman ne m'a pas laissée indifférente. Si Jean-Christophe Rufin voulait provoquer ses lecteurs, on peut dire qu'avec moi il a gagné son pari!

La Salamandre - Jean-Christophe RUFIN - éditions Folio - 2016