Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/02/2023

A chaque fois plus triste

Marcella s’était rendue plusieurs fois à Venise dans l’espoir de trouver Tiberio. Entreprise insensée. S’il avait vraiment voulu qu’elle le retrouve il lui aurait envoyé des indices, aurait semé des petits cailloux ici et là, l’aurait mise sur la voie. Elle n’avait que le souvenir des maisons sur la photo que Gianni lui avait transmise. Elle essaya de se rappeler où elles pouvaient se situer dans le quartier que Tiberio avait évoqué un soir d’été. 

La première fois que Marcella était retournée seule à Venise, elle n’avait pas su par où commencer. Elle avait donc décidé de s’imprégner de l’ambiance du quartier, de noter dans sa tête les boutiques qui y étaient installées. Elle avait scruté les visages des passants qu’elle croisait, avait ausculté chaque silhouette dans l’espoir de reconnaître un corps familier. Puis, elle avait trouvé l’endroit dont Tiberio avait parlé. Quatre immeubles le long du Rio dei Bareteri. Elle n’avait pas osé trop s’attarder devant, craignant le regard des habitants. 

Elle ne voulait rien précipiter non plus car elle sentait au fond d’elle un peu de colère et que la colère est toujours mauvaise conseillère. Elle avait le sentiment que Tiberio l’avait abandonnée. Avait-elle dit ou fait quelque chose qui l’aurait poussé à disparaître?  Cette question tournait en boucle dans sa tête. Il n’avait en tout cas rien laissé paraître. 

La deuxième fois qu’elle s’était rendue à Venise, elle s’était attardée devant les quatre bâtiments. Elle avait regardé le nom sur les boîtes à lettres mais aucun nom ne correspondait à celui de Tiberio. Au n°6 il n’y avait même pas de noms, simplement le numéro des étages inscrit sur chaque boîte. Il n’y avait pas de sonnette non plus. Sur la boîte du rez-de-chaussée était également inscrit “Etage 0” en plus de l’acronyme “RDC”. Qui pouvait confondre le rez-de-chaussée avec le premier étage? En Angleterre cela aurait été possible, mais pas en Italie. Marcella trouva cela inapproprié. 

Le temps était maussade le jour où elle y était allée. Elle était un peu plus apaisée mais elle n’avait pas vraiment avancé. Le temps lui manquait pour chercher. Elle avait confié Flavio à ses grands-parents et avait promis qu’elle serait de retour rapidement. Elle avait dû se résoudre à renoncer. Il fallait rentrer. Sur le chemin du retour une vague de tristesse l’avait submergée. Elle avait pleuré. Être si près du but et ne pouvoir le toucher…    

La troisième fois qu’elle s’y était rendue, la journée était splendide. Le ciel était d’une rare beauté et l’eau de la lagune avait des teintes bleu irisé. Elle n’avait pas rejoint le quartier tout de suite, préférant flâner un peu le long du Grand Canal. Puis, à nouveau, elle s’était dirigée vers les quatre immeubles repérés. Elle les avait contournés pour arriver cette fois-ci de l’autre côté. Mais pas de miracle, rien n’avait changé. Aucun indice supplémentaire. Aucune silhouette familière. Elle ne l’avait pas trouvé.

Marcella était rentrée à Rome encore plus triste que la fois précédente et se demanda si elle ne devait pas faire une croix sur la cité des Doges, renoncer définitivement à y aller. Ou bien devait-elle simplement éviter ce quartier? Savoir que Tiberio pouvait s’y balader était douloureux rien que d’y penser. Savoir qu’il était vivant et qu’elle ne pouvait pas lui parler… 

Se sentant diminué Tiberio avait-il voulu la protéger, la laisser vivre sa vie sans soucis? Ou bien ne supportait-il pas qu’elle le voit affaibli, les traits tirés par la maladie? Elle aurait aimé lui dire que la maladie et la mort font partie de la vie, qu’ils se seraient battus ensemble, qu’il y aurait eu des moments de répit. Ils se seraient tenu lieu de tout et auraient compté pour rien le reste.

Une autre hypothèse avait cependant germé depuis peu dans son esprit. Marcella trouvait que Tiberio ressemblait beaucoup à un de ses oncles mort accidentellement pendant la guerre d’Algérie. Elle avait trouvé quelques photos de lui dans un vieil album chez ses parents. C’était en fait un demi-frère de son père. On lui en avait peu parlé. Il n’y avait que sa grand-mère qui l’évoquait avec des gens qu’elle connaissait. Lorsque le corps avait été rapatrié en France le cercueil était scellé. Et si cet oncle n’avait pas été tué? S’il avait changé d’identité? S’il avait eu des enfants? 

textes originaux,écriture,littérature,actu,actualité,venise,italie

28/01/2023

Avec une pointe de défi

Marcella était rentrée à Rome depuis un mois mais son esprit était encore à Venise. La silhouette de Tiberio dansait devant ses yeux sans cesse. Elle n’arrivait pas à s’ôter cette vision de la tête. Elle y pensait, quoi qu’elle fasse: en réunion au consulat, dans les transports en commun, lorsqu’elle préparait le dîner… Rien ne pouvait l’empêcher d’y penser. Elle cherchait des explications, essayait de recouper les informations, son esprit tourbillonnant à toute vitesse. Elle savait qu’elle n’avait pas rêvé.

Bien sûr elle savait aussi qu’elle ne pouvait en parler à personne. Si elle avait dit qu’elle avait cru voir Tiberio on l’aurait prise pour une folle et - outre lui rire au nez - on lui aurait conseillé de consulter à l’HP. 

Puis, à force de ressasser toutes les infos collectées, sa mémoire ramena à la surface des impressions et des sensations qu’elle avait emmagasinées. Elle explora toutes les pistes qui venaient. Rien ne devait lui échapper.  

Tiberio lui avait raconté un jour qu’avec ses meilleurs amis, qui faisaient eux aussi partie du Club des 24, ils avaient chacun fait un voeu qu’ils avaient glissé dans une enveloppe. Qu’est-ce que Tiberio avait bien pu écrire?  Est-ce que l’enveloppe avait été ouverte alors qu’il était malade? Elle ne connaissait que quelques uns des membres du club et rien n’avait filtré. Parmi eux Pietro mais qui était lui aussi décédé. Elle ne pourrait donc pas l’interroger.  

Puis, quelque temps après la mort de Tiberio, elle se rappela avoir reçu un e-mail de Gianni, l’un de ses meilleurs amis. E-mail contenant une photo de maisons et une adresse tronquée, la ville n’étant pas mentionnée. Elle avait trouvé ce courrier électronique étrange, voire farfelu. Elle l’avait jeté. Maintenant qu’elle y pensait, les maisons ressemblaient beaucoup aux maisons vénitiennes, des maisons devant lesquelles elle était déjà passée. Il n’y avait aucun message explicatif dans le courrier: juste une photo et une adresse tronquée. Elle se rappela que Tiberio avait évoqué cet endroit un soir d’été six ou sept ans avant son décès. Ils étaient en train de prendre un rafraîchissement avec des amis et, les yeux brillants, il avait dit qu’il aimerait bien y finir sa vie en regardant Marcella avec une pointe de défi. Elle pensa contacter Gianni mais ne savait pas si c’était une bonne idée. Si longtemps après… Et pouvait-elle lui faire confiance? 

Marcella tergiversait. Elle ne savait pas quoi faire. Le dernier samedi de janvier, alors qu’elle prenait son premier café de la journée, elle pensa que la meilleure idée était peut-être de retourner à Venise et d’aller frapper aux portes de ces maisons. Elle devait savoir. Restait à trouver le meilleur moment pour s’y rendre. Flavio ne devait se douter de rien. Il faudrait faire l’aller-retour rapidement. Elle s’arrangerait pour que le petit dorme chez un copain ou chez ses grands-parents.

textes originaux,écriture,littérature

10/01/2023

Son coeur manqua quelques battements

Marcella et Flavio venaient tous les ans à Venise depuis la disparition de Tiberio. Ils s’y rendaient hors saison. C’était leur moment à eux, loin de l’agitation de Rome. Flavio était maintenant un bel adolescent, plein de vie, qui fréquentait le lycée Ennio Quirino Visconti, à une distance raisonnable du consulat de France où travaillait Marcella. C’était un garçon facile, joyeux, toujours prêt à rendre service. Il n’avait pas fait de crise d’adolescence comme elle le craignait. C’était le portrait de son père, les mêmes yeux verts. 

Cela faisait maintenant dix ans que Tiberio était parti mais Marcella n’avait pas refait sa vie. Après sa mort elle avait été un temps courtisée par Francesco Berghetti. Ils avaient passé ensemble de bons moments, quelques vacances, et ça s’était arrêté là. Elle le considérait comme un ami et Tiberio n’était pas facile à remplacer. 

Flavio lui avait demandé s’ils pouvaient aller au Musée National d’Archéologie. Elle n’était pas passionnée d’Histoire mais pour faire plaisir au petit elle avait dit oui. Alors qu’ils passaient sous la galerie pour se rendre au musée son coeur manqua quelques battements à hauteur du Caffè Florian. Le temps s’était suspendu un instant. Quelques secondes pendant lesquelles elle avait cru voir Tiberio derrière la vitre. Flavio marchait d’un pas pressé vers le musée. Pas question de s’arrêter, de faire demi-tour. Et quelle explication donner au gamin pour rebrousser chemin… 

Son coeur lui disait que c’était lui, que ça ne pouvait être que lui. Ce profil qu’elle connaissait si bien. Ce nez, ces arcades sourcilières, cette petite moue… Peut-être des joues un peu plus pleines qu’avant… Elle était passée trop vite pour apercevoir ces petits naevus qui le caractérisaient tant. 

En passant de salle en salle son malaise se fit de plus en plus grand. Elle essayait de se raisonner, de se dire que c’était impossible. Les médecins avaient bien dit que l’issue serait fatale. Elle le revit sur son lit d’hôpital, sans vie. Les images de l’enterrement défilèrent dans sa tête… 

Elle se rappela ne pas avoir assisté à la mise en bière. C’avait été au-dessus de ses forces. Mais les parents de Tiberio y étaient, sa soeur également. Ils n’avaient quand même pas menti tous les trois… S’ils s’étaient rendus compte qu’il y avait une erreur, ils l’auraient sûrement signalée. Sûrement… Et s’il n’y avait pas eu de mise en bière? Que le cercueil avait été scellé avant leur arrivée?

Elle savait que Tiberio avait été adopté. Aurait-il eu un jumeau duquel il aurait été séparé? Et pourquoi il ne lui en aurait pas parlé? 

Marcella était de plus en plus agitée. Elle n’avait qu’une envie: sortir du musée. Flavio se rendit compte qu’elle était soucieuse. Il lui demanda si elle voulait s’en aller. Elle ne se fit pas prier. Elle espérait que l’air la dégriserait et lui rendrait les idées plus claires. L’air lui fit du bien quelques instants mais d’autres questions vinrent la titiller. Elle avait envie de pleurer.

Elle ne ferma pas l’oeil de la nuit. Chaque minute qui passait avait la longueur d’une heure. Sur le matin, alors que le jour pointait derrière le rideau, une dernière question l’assaillit. Et si Tiberio avait voulu disparaître volontairement ? Elle étouffa un cri. 

Si tel était le cas, pourquoi? Pour quels desseins? Ils s’étaient toujours très bien entendus tous les deux. Elle n’avait jamais rien remarqué chez lui qui laissât penser qu’il était malheureux avec elle. Aurait-il eu une vie cachée? Une autre femme? D’autres enfants? Aspirait-il à autre chose? A d’autres expériences? 

Ou bien la raison d’Etat… Elle n’osait pas imaginer qu’il s’était rapproché d’elle par intérêt et que son pays avait ensuite décidé de l’exfiltrer pour l’envoyer sur une autre mission. Etait-il un espion? Elle repensait à la silhouette derrière la vitre du Caffè Florian et se dit qu'elle avait peut-être vu ce qu’on avait voulu qu’elle voie… 

Dans tous les cas si Tiberio s’était montré délibérément elle savait qu’il la retrouverait, ici ou ailleurs. Ca ne pouvait pas être autrement.

écriture,littérature,textes originaux,challenge littéraire,jeu d'écriture,actu,actualité

31/05/2021

Elle écouta un instant le silence

A peine Victoria eut-elle jeté les carottes dans le fond de la poêle que la sonnerie du téléphone se mit à retentir. Habituellement lorsque quelqu'un appelait vers 20h elle ne répondait pas, jugeant qu'elle avait mérité un peu de repos. Elle voulait aussi profiter de son appartement de Bayswater Road donnant sur Kensington Gardens dans lequel elle avait emménagé quelques mois plus tôt.

Mais ce soir-là elle fut comme attirée par la sonnerie. Elle s'essuya les mains et se dirigea vers le bureau où elle avait installé le téléphone. La sonnerie se faisait de plus en plus nette et stridente. Elle décrocha le combiné avec une pointe d'agacement et comme d'habitude, accueillit son interlocuteur par un "oui, bonsoir" qu'elle avait essayé de prononcer sur le ton le plus cordial possible après une journée harassante.

Ses mots tombèrent dans le vide. Aucun écho, aucune voix ne se fît entendre. Et pourtant il y avait quelqu'un à l'autre bout du fil. Elle essaya un "allô" mais pas de réponse. Le souffle coupé, elle écouta un instant le silence. L'autre ne parlait pas et finit par raccrocher.

Toutes les hypothèses se bousculèrent dans sa tête. Une erreur? Quelqu'un qui voulait savoir si elle était chez elle? Ce genre de situation ne lui était encore jamais arrivée. Se pouvait-il que ce soit Adrien qui ait essayé de la joindre depuis Paris? Il avait assez mal encaissé l'idée de Victoria de s'installer à Londres mais il ne lui avait rien proposé et elle se sentait libre. Voulait-il lui parler?

Elle échaffaudait les scénarios les plus fous. Et si c'était un détraqué qui habitait dans son immeuble? Ou un collègue qui était sous le charme de ses yeux verts? Plein de noms lui venaient à l'esprit. 

Puis, ses yeux se portèrent sur le calendrier. Nous étions le 9 août. En France, le jour de la Saint Amour. D'un seul coup les noms auxquels elle avait pensé dans un premier temps diminuèrent. N'en restaient que quatre ou cinq.

Si seulement elle avait eu un téléphone dernier cri, elle aurait peut-être pu savoir à qui appartenait le numéro. Au lieu de ça elle avait un vieux coucou que quelqu'un de la rédaction avait bien voulu lui prêter.  

Perdue dans ses pensées, Victoria retourna dans la cuisine d'un pas traînant et remua les carottes qui commençaient à attacher dans le fond de la poêle. Elle remua les légumes sans vraiment faire attention à ce qu'elle faisait. Elle avait l'esprit ailleurs.

Ce texte n'est pas libre de droits. La photo non plus.

P1060699 TEL TEXTE OR.jpg

19/04/2020

Sur les négatifs

Francesco avait réussi à installer une chambre noire dans l'appartement de la via Dei Sabini. Il aimait l'argentique et l'odeur des produits pour révéler les images. Les premières photos développées montraient les deux curés qu'ils avaient vus près de la fontaine de Trevi. Et il y avait bien là l'un de ceux qui étaient venus le trouver à l'université pour lui faire peur, le terroriser. L'autre, il ne l'avait jamais vu. Mais c'était peut-être un autre complice, un religieux dévoué à la même cause, et dont il faudrait aussi se méfier.

Les photos suivantes étaient des portraits de Marcella. Elle avait très bien joué son rôle de touriste devant la fontaine. Il avait fait plusieurs clichés. Ce serait de merveilleux souvenirs pensa-t-il quand elle ne serait plus à ses côtés. Elle ne resterait pas indéfiniment avec lui et regagnerait un jour son appartement de la via Santa Dorotea. Mais il n'arrivait pas à imaginer la vie sans elle. Sans cette jeune femme qui l'avait secouru un soir d'été. Il était bien avec elle. Ils s'entendaient à merveille. Marcella l'avait pris dans ses filets bien involontairement. Elle n'avait jamais cherché à lui plaire. Francesco ne voulait pas imaginer la vie d'après. Comme il ne voulait pas s'avouer qu'il était tombé amoureux. À bientôt 56 ans il savait qu'il ne pourrait pas la retenir, elle qui en avait à peine 40. 

Texte précédent:

Il avait flairé le danger

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier L'écriture au temps du corona: jour 4 initié par BricàBook. Il n'est pas libre de droit, la photo de Barna Kovacs, non plus.

écriture,atelier d'écriture,littérature,actu,actualité

28/03/2020

Dans l'esprit et dans le coeur

Sarah glissa la cassette dans l'auto-radio. La bande grésillait un peu. Puis, après quelques secondes, la voix des Bee Gees emplit l'habitacle de la voiture: I know your eyes in the morning sun, I feel you touch me in the pouring rain... 

La-dite cassette était arrivée dans une grande enveloppe avec un dossier épais d'une dizaine de pages. L'ensemble avait été posté au Japon trois semaines plus tôt. Quand Sarah avait vu la provenance du courrier son coeur s'était emballé. C'était Alexandre. Oui, c'était bien lui. Après huit mois de silence il lui donnait des nouvelles. Il était maintenant installé à Nagoya. Il visitait la ville et les environs. L'Europe lui manquait, l'Italie lui manquait, son passé lui manquait mais il n'envisageait pas de rentrer. C'était encore trop tôt.

Dans la lettre qui accompagnait la cassette et le récit, il avait expliqué les raisons de son départ. Il disait aussi pourquoi il lui avait envoyé cette cassette. Celle-ci, vestige de son passé à Combloux, l'avait accompagnée sa vie durant. Il n'y avait dessus que des titres des années 70 et 80, ses titres préférés de l'époque. Ces chansons étaient un lien avec les siens, du temps où il vivait encore avec eux. A chaque fois qu'il les écoutait il pensait aux moments qu'ils avaient passé ensemble. Cette cassette était une façon de ne pas les oublier. Il espérait à présent que grâce à cette cassette Sarah ne l'oublierait pas.

Comme le disait si justement Kundera "Il faut arroser les souvenirs comme des fleurs en pot". Cette cassette serait l'eau qui raviverait l'image d'Alexandre dans l'esprit de Sarah. Dans l'esprit et dans le coeur. Il lui avait aussi demandé d'être patiente.

Texte précédent:

Mettre de la distance avec le passé

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier L'écriture aux temps du corona jour 7. Il n'est pas libre de droits. La photo, de Tobias Tullius, n'est pas libre de droits non plus. La phrase imposée à insérer au texte est tirée d'une oeuvre de Milan Kundera: "Il faut arroser les souvenirs comme des fleurs en pot".

textes originaux,écriture,atelier d'écriture,littérature,actu,actualité

23/02/2020

Châtiment divin

Marcella s'était amusée plein de fois à imaginer ce qu'ils feraient quand ils seraient vieux. Elle s'était aussi demandé à quoi ils ressembleraient avec Tiberio. Auraient-ils beaucoup de cheveux blancs? Pourraient-ils voyager malgré les douleurs d'arthrose? Ils rêvaient tous les deux de faire une croisière sur le Danube...

Mais aujourd'hui elle se disait qu'ils n'auraient peut-être pas le temps de vieillir. Les autorités leur avaient ordonné, à eux et à toute la population, de rester confinés chez eux pour éviter d'être infectés. Ils étaient enfermés depuis maintenant quinze jours. La maladie se propageait de façon exponentielle. Les médias rapportaient des dizaines de morts chaque jour, du nord au sud de l'Italie. L'Etat était dépassé. Quant à l'Eglise, elle voyait là un châtiment divin. L'Homme devait expier ses fautes. Pour  Marcella, c'était surtout la faute aux Chinois, et elle leur en voulait de mettre ainsi son avenir en péril et, plus largement, l'avenir de toute l'Humanité. 

Texte rédigé pour l'atelier d'écriture n°361 de BricàBook. Il n'est pas libre de droit. La photo, de Sean Thoman, n'est pas libre de droit non plus.

textes originaux,écriture,littérature,actu,actualité,atelier d'écriture