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11/07/2025

La machine à écrire #3

Avec ce naturel qui la caractérisait, Victoria avait dit à Peter qu'elle souhaitait pique-niquer dans Kensington Gardens. Il n'avait opposé aucune résistance, n'avait pas émis la moindre objection.

Rendez-vous était pris pour le samedi matin suivant. Victoria lui avait indiqué qu'elle s'occuperait du repas mais lui avait demandé d'apporter des boissons et de prendre une couverture pour s'asseoir. 

Elle acheta des tomates cerise en grappes, quelques framboises, des prunes, du cheddar et du stilton. Chez l'Italien situé au coin de la rue elle avait fait le plein d'antipasti: mini involtini, petits artichauts marinés, crevettes épicées... Puis, elle avait acheté un pain bio chez le boulanger qui se trouvait à quelques pas de la rédaction. C'est là que tous ses collègues s'approvisionnaient. Personne n'en avait trouvé de meilleur dans le quartier. 

En revenant à Bayswater Road les bras bien chargés elle avait remarqué que les ornements distaux de Marble Arch étaient occultés par de grandes planches de contre-plaqué. Des travaux étaient-ils en cours? Elle n'en avait pas entendu parler. Peut-être Peter était-il au courant. Elle le questionnerait à ce sujet. Mais il n'y avait pas d'urgence. La priorité, c'était le moment délicieux qu'elle allait passer avec son voisin aux jolis yeux bleus. 

Exercice tiré du n°4 de La Machine à Ecrire : écrire un texte avec les mots naturel, ornement, et prune

08/07/2025

La machine à écrire #2

Cher voisin,

Vous aimez la musique et moi aussi. Cependant, je ne joue pas de piano à minuit comme vous. A cette heure-là, je dors. Du moins j'essaie de dormir. Vous devriez en faire autant et jouer de votre instrument le matin. Moi, je serai au travail à ce moment-là. Vous pourrez faire autant de bruit que vous voulez, jouer tout Debussy et Mozart si ça vous chante, et aussi travailler la Grande polonaise de Chopin. A votre aise. 

Si vous ne prenez pas en compte mes remarques, je pense que vous ne pourrez plus vous reposer en journée comme vous le faites actuellement. J'apprends à jouer de la trompette.

Votre voisin du n°8

Exercice tiré du n°4 de La Machine à Ecrire: imaginer que notre voisin est trop bruyant et que nous devons laisser un mot sur sa porte. Que lui écrivons-nous? On peut imaginer la raison et le type de bruit. 

04/07/2025

La machine à écrire #1

Il paraissait détendu. Détendu dans le sens où il avait terminé son exposé. Exposé qui lui avait demandé du fil à retordre pendant plusieurs journées. Journées aménagées de façon à ce qu'il puisse se consacrer à la préparation de cette présentation. Présentation pour convaincre les auditeurs et les adhérents de la pertinence de ses idées, de son programme. Programme fouillé, qui avait fait l'objet d'un "think tank" pendant lequel toutes les perspectives avaient été explorées. Explorées à fond, en n'omettant aucun détail. Détail qui pouvait être important, sachant que c'est souvent dans celui qu'on oublie que se cache le diable. Diable vicieux qu'on préférait garder loin de la campagne. Campagne qui s'annonçait féroce et pendant laquelle tous les coups seraient permis. 

Exercice tiré du n° 4 de La Machine à Ecrire : écrire une première phrase, puis la suivante en commençant par le dernier mot de la phrase précédente. 

 

25/02/2025

Complètement abasourdie

jeu-7[1].jpegPhilip Peterson avait donné rendez-vous à Victoria dans un bar de Soho. Un endroit assez éloigné de son bureau pour être sûr de ne pas rencontrer une connaissance. Un endroit également éloigné du bureau de Victoria. Elle non plus ne souhaitait pas être vue en compagnie de l'inspecteur.

C'était la première fois qu'elle mettait les pieds au Flat White. Le lieu faisait également office de galerie d'art. Des photographies très stylisées recouvraient les murs.

Elle trouva Peterson attablé devant un verre de blanc sec malgré l'heure matinale. Un signe qui lui laissa penser que ce qu'il avait à lui dire était important parce qu'habituellement il était plutôt du genre à prendre un café crème. Après lui avoir donné une cordiale et franche poignée de main elle s'installa sur la banquette à côté de lui. 

Ne sachant comment lui dévoiler le résultat de ses recherches il parla du temps, des températures plus clémentes, de l'arrivée du printemps puis, il lui demanda ce qu'elle souhaitait commander. Victoria choisit un café latte et des oeufs sur le plat avec du bacon. Elle avait l'estomac dans les talons. Elle avait juste avalé un thé sucré au miel avant de partir. L'inspecteur commanda la même chose mais préféra accommoder ses oeufs avec du saumon fumé.

Quand les assiettes furent posées sur la table Victoria - qui n'en pouvait plus d'attendre - lui demanda de but en blanc:

- "Alors inspecteur, des infos qui peuvent faire couler de l'encre?"

- "Euh... oui... enfin non... Disons, que c'est à propos de ce que vous m'avez demandé il y a six mois..."

- "Et? Vos recherches ont abouti?", articula-t-elle en avalant un morceau de bacon.

- "Bah... disons que oui... mais je sais pas si ça va vous plaire..."

- "Et bien, dites toujours. Je verrai si ça me plaît ou pas."

Quand Peterson eut fini de parler Victoria fut incapable de prononcer le moindre son. Elle ne voulait pas croire au récit qu'elle venait d'entendre et se demanda si l'inspecteur - secrètement amoureux d'elle - n'en avait pas rajouté. Il venait de lui révéler d'où provenaient les appels anonymes et elle était complètement abasourdie.

Ce texe a été rédigé pour le jeu n°7 du Blog à mille mains et la photo appartient à Gabrielle. Il n'est pas libre de droits. Texte publié initialement le 28 février 2012.

21/02/2025

La maison de l'amour

Philip et Victoria n'avaient pas déménagé pour officialiser leur liaison. Chacun avait gardé son appartement. Elle, adorait la vue qu'elle avait sur Kensington Gardens. Lui, aimait la proximité avec son bureau. C'est Victoria qui, la plupart du temps, se rendait chez Peterson. Elle ne voulait pas envenimer davantage les choses avec Peter. Moins il croisait Philip, mieux c'était. Il en voulait beaucoup à Victoria de l'avoir quitté pour Peterson, un type de cinq ans son aîné. Peter pensait qu'il n'avait rien à craindre d'un homme plus vieux que lui. Il avait été bien naïf de penser ça.

S'ils n'avaient pas changé leurs habitudes à Londres, Philip et Victoria avaient cependant eu un coup de foudre pour une maison à Brighton. Un week-end qu'ils se baladaient sur la côte, ils avaient vu une belle bâtisse blanche à vendre. Tous les deux avaient remarqué les bow windows et les nombreuses fenêtres qui laissaient présager une belle clarté à l'intérieur de la maison. Philip avait noté le numéro de téléphone inscrit sur la pancarte et ils avaient appelé le soir-même. Ils l'avaient visité le lendemain et avaient complètement craqué. Victoria voyait déjà comment la décorer. Philip avait exactement les mêmes goûts qu'elle. Cette maison leur ressemblerait et scellerait leur amour.

Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture Une photo Des mots n° 240 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits, la photo (de Leiloona) n'est pas libre de droits non plus. Texte publié initialement sen novembre 2016. 

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14/02/2025

Tels deux mollusques sur des draps blancs

La saturation des rues à l'heure de pointe avait considérablement réduit la progression de Peter. Il se dirigeait vers l'hôpital. Victoria y avait été admise avec Peterson. Après une folle course poursuite dans Hyde Park ils avaient été percutés par un véhicule devant Marble Arch alors qu'ils s'apprêtaient à arrêter Jeremy Swanton. Mais l'époustouflant violoniste avait mystérieusement disparu. Victoria avait juste entendu un claquement de portières

L'attente fut longue. On ne le laissa pas voir Victoria avant une bonne heure. Au dire des infirmières qui sortaient de la salle d'examen, Victoria avait récolté une belle collection de contusions. Mais de toute évidence elle s'en sortait bien. Aucun traumatisme crânien n'avait été diagnostiqué.

Quand enfin il put entrer dans la salle, Victoria et l'inspecteur étaient inertes, tels deux mollusques échoués sur des draps blancs. Peter eut un mouvement de recul. Une infirmière coiffée d'une huppe lui dit qu'on leur avait injecté une forte dose de sédatifs et qu'ils n'allaient pas se réveiller tout de suite. Ce ne fut pas de voir Victoria étendue là sans réactions qui le fit reculer mais ce fut de trouver un homme allongé à quelques centimètres d'elle. D'un coup des flammèches de jalousie enflammèrent son coeur. S'il n'avait pas été dans un hôpital il n'aurait pas hésité une seconde à tordre le cou de cet inconnu gisant à côté de sa fée.

Voyant qu'il ne pourrait pas parler à Victoria avant un bon moment il alla finasser avec les médecins pour connaître l'identité du type qui était soigné avec elle et comment il avait atterri là. Quand il apprit qu'il s'agissait d'un inspecteur il se demanda ce que Victoria pouvait bien faire avec lui. Travaillaient-ils ensemble? Victoria l'avait-elle interviewé pour un article? Ou bien étaient-ils amants? Peter se refusait à accorder de l'importance à cette dernière suggestion de son esprit, pourtant elle revenait sans cesse l'enquiquiner comme un marteau tapant regulièrement sur un clou.

Au bout de trois heures Victoria émergea d'un univers à la fois brumeux et cotonneux. De son demi-sommeil elle entendit des personnes se chicaner. Elle crut reconnaître des voix d'hommes mais tout cela lui semblait loin. Les sédatifs agissaient encore. Elle évoluait dans une dimension peuplée de nouveautés et de fabuleux rituels. Elle se vit goûter un gratin de macaroni aux courgettes, plat qu'elle n'avait jamais mangé jusqu'alors. Puis, elle eut la sensation d'être bercée à chaque fois qu'elle voulait se déplacer dans cette autre dimension d'où elle entendait de plus en plus nettement des sons. Jusqu'au moment où, de sa retraite vaporeuse, elle reconnut les voix de Peter et de Philip Peterson s'invectivant. 

Texte rédigé pour l'édition 76 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits. Publié initialement le 03 octobre 2012.

29/07/2024

Les poissons viendront se restaurer

Il me reste encore assez d'oxygène dans les poumons pour distinguer une étoile de mer et un pied de corail lorsque ma tête touche le fond. Je me suis débattue mais personne ne m'a vue. J'ai bu plusieurs fois la tasse et mon corps a été aspiré par la profondeur. Je ne savais pas que les fonds marins pouvaient être aussi beaux. Cette dernière vision c'est ma cigarette de condamnée. Je me suis toujours imaginé que c'était sombre là-dessous et peuplé de créatures plus monstrueuses les unes que les autres.

Il fait froid. Beaucoup plus froid qu'à la surface de la mer. Mes membres s'engourdissent. Mes poumons se remplissent peu à peu d'eau. Le corail est rose poudré. Sa couleur n'a rien à envier aux chamallows que tante Jane a achetés. Mes téguments seront bientôt bleus. Je suis en hypoxie. Dans quelques secondes mon cerveau sera hors service. L'étoile de mer me prendra pour une pierre et les poissons viendront se restaurer.

Ni Peter ni David ne m'a vu trébucher. Ils nageaient plus loin. Je vois le médecin légiste devant mon cadavre, l'air blasé. Son autopsie révélera une cyanose, le développement de spume sur les voies respiratoires, une langue protuse, des yeux exorbités, et une peau ansérine. Il conclura à une mort par noyade.

Un bruit strident arrive à mes oreilles. J'aspire une grande bouffée d'air et j'ouvre les yeux. Je cherche la provenance du bruit. Je me tourne vers lui et vois un signal lumineux. Le réveil vient de me ramener à la vie...

Textes précédents: N°1, N°2

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l'atelier d'écriture Une photo, quelques mots n°270 initié par Leiloona. Il n'est pas libre de droits. La photo n'est pas libre de droits non plus.

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