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30/12/2012

L'homme est un grand faisan... - H. MÜLLER

livres,littérature,romans,herta müller,littérature allemande,actu,actualitéJ'avais beaucoup entendu parler d'Herta Müller au moment où lui fut attribué le prix Nobel de Littérature en 2009 et j'avais vu fleurir sur les blogs de LCA des billets sur L'homme est un grand faisan sur terre. Je m'étais dit qu'il faudrait que je lise ce bouquin un jour. Alors quand je le trouvai en occasion il y a deux mois, je m'empressai de l'acheter.

A travers de courts chapitres ciselés l'auteure nous raconte l'histoire de la minorité allemande des Souabes  qui cherche à émigrer. Les mots sont choisis avec précision pour exprimer les sentiments et dépeindre les situations. Son style m'a un peu fait penser aux nouvelles de Slawomir Mrozek ou encore à celles d'Isaac Bashevis Singer. On y retrouve toute l'âme slave, loufoque et souvent cynique.

Il est notamment question dans ce livre des Allemands de Roumanie qui cherchent à émigrer vers l'Allemagne mais l'administration locale allonge à sa guise les délais d'obtention des passeports. Les policiers demandent des dessous de table, qu'ils se font la plupart du temps payer en nature. Et le curé n'est pas en reste. Il demande aux femmes de venir chercher les extraits de baptême avec lui... Autant dire qu'ils ne font pas que chercher les extraits de baptême! La corruption règne en maîtresse sur ce petit coin de Roumanie et les "victimes" paient avec ce qu'elles ont.

Ce fut une lecture intéressante qui m'a permis de me familiariser avec cette auteure.

L'homme est un grand faisan sur terre - Herta MÜLLER - Ed. Folio - 2009

29/12/2012

Rouge Turner - Y. MICHOTTE

livres,littérature,romans,romans policiers,ivan michotte,normandie impressionniste,actu,actualitéRouge Turner est un polar qui se situe en Haute-Normandie, et plus particulièrement à la Bouille, connue pour ses peintres et ses galeries de peinture. L'intrigue est bien menée et il y a du suspense. En revanche j'ai trouvé pas mal de coquilles dans les pages... Les éditions COGITO Ergo Sum n'ont-elles pas de relecteurs?

Joshua Pastorius, détective privé spécialisé dans les énigmes historiques, reçoit une étrange vidéo. Une vidéo dans laquelle un personnage vêtu d'une longue robe noire et d'un masque blanc peint une toile avec le sang d'un artiste participant au 126ème concours de peinture de la Bouille. Le peintre a été impitoyablement saigné. Son corps est retrouvé dans l'église de la localité et l'affaire fait jaser.

Pourquoi le tueur utilise-t-il ce procédé? Pourquoi a-t-il choisi Pastorius pour résoudre l'affaire? Le privé, en se plongeant dans l'histoire locale, va découvrir que des meutres du même genre ont été commis lors de la 2ème édition de ce concours en 1832. Une édition qui avait été inaugurée par le peintre William Turner, principal suspect à l'époque...

Pastorius réussira-t-il à découvrir l'identité du tueur avant que d'autres peintres soient assassinés?

Ce fut un très bon moment de lecture malgré les coquilles. Ce premier roman d'Ivan Michotte, qui a reçu le label Normandie Impressionniste, est de bonne facture. J'ai hâte de lire ses prochains ouvrages.

Rouge Turner - Yvan MICHOTTE - Ed. COGITO Ergo Sum - 2012

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25/12/2012

La terrible maladie - I. GONTCHAROV

livres,littérature,littérature russe,ivan gontcharov,russie,actu,actualitéCette histoire est dans la veine des nouvelles de Gogol. Un peu loufouque, un peu fantaisiste comme savent les imaginer les Russes.

Une "terrible maladie" contamine la famille Zourov. Enfin, quand je dis maladie, il s'agit plutôt d'une manie. Oui, dès que les premiers beaux jours arrivent, la famille Zourov est prise d'une irrésistible manie. Elle s'en va en promenade! Dans les rues de Saint-Pétersbourg ou au-delà de la ville, mais il faut qu'elle s'en aille. Au point de se retrouver prise par le mauvais temps. Une manie qu'a bien du mal à comprendre Philippe Klimytch, un jeune homme qui vient visiter la famille régulièrement. D'ailleurs, les Zourov cherchent toujours à l'embarquer dans leurs aventures et celui-ci essaie par tous les moyens de les "guérir" de cette terrible maladie...

Cette petite nouvelle se lit rapidement mais elle ne me laissera pas un souvenir indélébile si ce n'est une ou deux situations cocasses.

La terrible maladie - Ivan GONTCHAROV - Ed. Circé - 1992

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19/12/2012

Elle avait les yeux verts - A. LUSTIG

livres, littérature, arnost lustig, guerre 39-45, histoire, actu, actualitéVoilà un roman à la fois dur et poignant sur le sort des prostituées du Feldbordell 232 Est sur la rivière San, situé quelque part en Pologne. Et plus particulièrement sur le sort de Hanka Kaudersova, dite Fine. Un livre où l'on découvre l'horreur des camps de concentration, la logique implacable du système nazi et l'aveuglement des hommes dans les doctrines sorties de l'esprit d'un fou.

Hanka Kaudersova, Tchèque et de confession juive, va faire preuve d'un instinct de survie incroyable. Alors qu'elle nettoie le cabinet du Dr Krueger qui vient d'être renvoyé au front, elle apprend que son remplaçant va recruter des prostituées. Elle décide de rester avec les candidates et ment sur ses origines juives. Blonde aux yeux clairs, elle affirme au Hauptsturmfürher qu'elle est aryenne et catholique, et qu'elle a 18 ans au lieu de 15. Il y a soixante candidates. Seulement trente-six sont retenues. Fine est finalement sélectionnée. Mais sait-elle vraiment ce qui l'attend au Feldbordell 232 Est?

Douze à quatorze fois par jour, 6 jours sur 7 (et parfois aussi le dimanche), elle va devoir faire l'amour (si on peut appeler cela faire l'amour) avec des hommes qu'elle n'aime pas, ne sachant pas comment s'y prendre et dans une cellule au confort plus que sommaire. Les conditions de vie au Feldbordell 232 Est sont épouvantables. Les latrines sont à l'extérieur, le chauffage est plutôt médiocre, et les rations de nourriture déplorables. Il lui arrive souvent de manger des pommes de terre gelées, parfois même des épluchures tellement la faim la tenaille.

Et Fine va endurer cela pendant 21 jours, jusqu'à ce que les Allemands, proches de la défaite, évacuent le camp. Et parmi ces hommes qui vont la toucher, quelques officiers assez ignobles, imbus de leur personne et persuadés du bien fondé des doctrines d'Hitler. Des hommes jouant à la roulette russe avec elle, petite chose fragile toujours sur le qui-vive.

C'est un livre difficile. L'auteur, Arnost Lustig, a été déporté à 15 ans à Terezin, Buchenwald et Auschwitz. Le roman fourmille de détails sur l'univers concentrationnaire. Une histoire qui vient compléter les nombreux ouvrages écrits sur cette période noire de l'Europe.

Elle avait les yeux verts - Arnost LUSTIG - Ed. LGF/ Le Livre de Poche - 2012

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13/12/2012

Des âmes vertueuses en soutanes noires

Par un curieux hasard Tiberio se retrouva sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. Ses pieds l'avaient guidé jusque-là il ne sut pas comment. Il hésita à franchir les portes  décorées de somptueuses ferronneries. Il y était entré quelques jours plus tôt, avec Flavio, et l'édifice lui avait fait forte impression. Son fils avait lui aussi été ébahi par la richesse des décorations. Il y régnait une atmosphère mystérieuse. En déambulant dans les travées ils avaient aperçu quelques âmes vertueuses en soutanes noires, à la fois muettes et évanescentes. La basilique était gigantesque. Elle pouvait intimider les visiteurs, voire leur faire peur.

Ils étaient descendus dans la crypte où reposaient les papes. L'endroit ressemblait à un abîme de galeries avec des alcôves de part et d'autre. Pas de héros ici. Simplement des hommes plus ou moins charismatiques qui avaient servi un Dieu auprès duquel leur âme s'était réfugiée et que les fidèles attendaient encore. En ressortant de la crypte ils s'étaient assis sur un banc en bois de tilleul pour admirer la coupole et prier un moment. Tout était grandiose. Ils avaient du mal à détacher leur regard des fresques. Les chapelles étaient plus belles les unes que les autres.

Tiberio était perdu dans ses pensées. Après avoir admiré la façade de la basilique il tourna les talons et se décida à rentrer chez lui. La journée avait été éprouvante. Pour se remonter le moral il prévoyait déjà d'emmener Flavio manger une grosse pizza en espérant que le chef ne la laisserait pas racornir dans le four comme la dernière fois. Alors qu'il désserrait le noeud de sa cravate rouge à pois, il entendit son téléphone portable sonner. C'était Marcella qui l'appelait pour lui dire qu'elle l'invitait à dîner avec Flavio. Elle prévoyait de leur concocter quelques antipastis. Un prélude à une pizza au Gorgonzola. Finalement, la soirée s'annonçait bien meilleure qu'il ne l'avait imaginé.

Ce texte a été rédigé pour l'édition 85 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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09/12/2012

Les dimanches poétiques (88)

"Dire qu'il y avait là, à la même heure, des parents à qui Noël n'apportait aucune joie! des hommes, des femmes, ne sachant pas tout ce qu'un simple mot, vieux de deux mille ans, contient de tendre poésie! Noël! Noël! fête des grands, fête des petits, le plus joli jour de l'année!

Plusieurs fois dans la matinée, Yvette habilla, déshabilla sa patiente poupée. Toujours quelque raison d'apporter un changement à sa toilette.

Ah! Yvette! qu'il suffisait de peu de chose pour la rendre heureuse!"

André DUMAS Ma petite Yvette

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07/12/2012

A la conquête des chiffres...

Tiberio venait de recompter deux fois le montant des inscriptions mais il ne trouvait pas la même chose que sa secrétaire. Il tenta de localiser le problème. Il n'allait quand même pas passer trois jours là-dessus. Heureusement, les notes de frais du doyen de la fac tombaient juste. Mais il lui restait encore à vérifier les factures des fluides et les recettes du restaurant universitaire. 

L'erreur de calcul se tranforma peu à peu en cauchemar. Plus il recomptait, moins il s'approchait du montant trouvé par la secrétaire. Voyant qu'il n'arriverait à rien il décida d'aller s'aérer les méninges et se dirigea vers le distributeur. Il commanda à la machine un thé glacé. Les touches, reliées à un invisible mécanisme, lui jouèrent un mauvais tour. Au lieu d'un thé glacé, il obtint un yaourt aromatisé au citron. Cela aurait provoqué habituellement une certaine hilarité chez lui mais ce jour-là, il n'était pas d'humeur à rire. Il se dit qu'un yaourt ne lui donnerait pas  plus que du thé la solution du problème. Il l'aiderait au mieux à passer l'après-midi sans avoir trop faim. La diète qu'il suivait depuis deux semaines était difficile. Une période dont il se serait bien passé si le médecin ne l'avait exigé.

La mort dans l'âme il repartit à la conquête des chiffres qui depuis quelques heures étaient l'unique objet de ses pensées. Avait-il additionné deux fois le même nombre ou bien avait-il multiplié un montant par inadvertance?

Ce texte a été rédigé pour l'édition 84 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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