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19/08/2013

L'île des beaux lendemains - C. VERMALLE (coup de coeur)

livres,littérature,romans,caroline vermalle,vendée,actu,actualitéJ'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture. Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu de coup de coeur pour un livre et j'ai été enchantée par cette histoire. C'est plein de poésie, d'humour, de joie, parfois de tristesse, et surtout c'est plein de vie.

Jacqueline, 73 ans, décide un beau jour de quitter Marcel, son mari, pour aller chez sa cousine Nane. La cause de son départ: un papillon qui s'écrase un soir sur la fenêtre de sa cuisine. A travers ce papillon, c'est toute sa vie que Jacqueline revoit défiler, et notamment le manque de courage lorsqu'elle était jeune pour oser affronter ses parents, et surtout pour vivre sa vie.  

Elle se réfugie chez Nane parce qu'au fond elle l'admire. Nane a su assumer ses choix. Elle a désobéi à son oncle et sa tante et s'est mariée avec Alexandre Verbowitz, un artiste peintre d'origine polonaise. Ils ont vécu heureux ensemble. Même si Alexandre n'est plus de ce monde aujourd'hui, Nane n'a pas de regret.

Au contraire, la vie de Jacqueline n'a toujours été que compromis. Des compromis avec ses parents, puis avec son mari, un homme qu'elle n'a jamais vraiment aimé. Avec lequel elle s'est mariée parce que ses parents en avaient décidé ainsi. Jacqueline n'a pas choisi le bonheur mais la compromission et a toujours admiré Nane pour son courage.

Mais quand Jacqueline arrive chez sa cousine sur l'île d'Yeu, elle ne lui avoue pas la raison pour laquelle elle a quitté Marcel. Ca fait plus de cinquante ans qu'elles ne se sont pas vues et les retrouvailles sont pour le moins cocasses. Elles étaient comme deux soeurs à l'adolescence mais le temps a effacé la complicité et elles vont devoir s'apprivoiser. L'une est posée et polie, l'autre est du genre "rentre dedans" et ne pratique pas la langue de bois.

Cette histoire pose aussi la question de la maternité, de l'accomplissement de soi, et de la liberté que chacun a de choisir sa vie. J'ai aimé cette rencontre avec Jacqueline et Nane. Les papillons et les vents des quatre coins de la planète ont su brillamment raconter l'histoire de ces deux vieilles dames. Oui, parce que ce sont des papillons qui nous racontent l'histoire. Quand je vous disais que ce roman est plein de poésie...

L'île des beaux lendemains - Caroline VERMALLE - Ed. Belfond - 2013

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18/08/2013

Les dimanches poétiques (108)

"- Rome est tombée. Elle a été prise mais la terre et les cieux n'en sont pas ébranlés. Regardez autour de vous, vous qui m'êtes chers. Rome est tombée mais n'est-ce pas, en vérité, comme s'il ne s'était rien passé? La course des astres nest pas troublée, la nuit succède au jour qui succède à la nuit, à chaque instant, le présent surgit du néant, et retourne au néant, vous êtes là, devant moi, et le monde marche encore vers sa fin mais il ne l'a pas encore atteinte, et nous ne savons pas quand il l'atteindra, car Dieu ne nous révèle pas tout. Mais ce qu'il nous révèle suffit à combler nos coeurs et nous aide à nous fortifier dans l'épreuve, car notre foi en Son amour est telle qu'elle nous préserve des tourments que doivent endurer ceux qui n'ont pas connu cet amour. Et c'est ainsi que nous gardons un coeur pur, dans la joie du Christ."

Jérôme FERRARI Le sermon sur la chute de Rome

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16/08/2013

"Il est grand le mystère de la foi"

Francesco Berghetti avait l'air d'un hibou dans le miroir. Il avait mal dormi et perdu l'habitude de se lever d'aussi bonne heure. Quelle idée de lui donner rendez-vous à 8h15 dans une église. Il aurait préféré faire la grasse matinée, tout particulièrement le vendredi saint. Dehors la brume s'étendait sur la ville. L'aube était maussade, pas prête à livrer ses secrets, il en était certain.

Il faisait frais dans la chambre. Berghetti passa un pull et tenta d'ordonner ses cheveux avant d'aller dans la cuisine faire du café et préparer des oeufs brouillés. Puis, il alluma la radio-CD et inséra un disque de Chopin. Il aimait écouter des mazurkas quand il prenait son petit déjeuner, et en particulier la mazurka opus 17 n°4 qu'il lui arrivait parfois de passer en boucle.

Il alla ensuite se doucher. Il espérait que l'eau finirait de le réveiller et fairait disparaître la boule qui commençait à lui comprimer la poitrine. Il s'habilla vite et ferma l'appartement mais arrivé au rez-de-chaussée de l'immeuble il se rendit compte qu'il avait oublié ses clés de voiture. Son trousseau était resté sur le bahut de l'entrée. Il remonta les marches quatre à quatre pour le récupérer. Les minutes étaient comptées. Il ne savait pas combien de temps il mettrait pour effectuer le trajet entre la via di San Domenico et la via della Conciliazione. Lorsque le trafic était fluide il fallait une trentaine de minutes pour parcourir les 6 kilomètres qui séparaient son domicile des portes du Vatican. Or, c'était l'heure de pointe et il redoutait les embouteillages.

Le professeur avait donné rendez-vous à Marcella à 8h sur le parvis de l'église Santa Maria in Transpontina située à deux pas de l'ambassade de Slovénie auprès du Saint-Siège. Marcella avait insisté pour venir avec lui bien qu'il pensât que cette mission pouvait s'avérer dangeureuse.

Caché derrière un lampadaire de l'autre côté de la rue il lui sembla la voir arriver. Elle jetait constamment un regard par-dessus son épaule comme si elle avait le sentiment d'être suivie. 

Aucune des silhouettes qui allaient et venaient ne ressemblait un tant soit peu au professeur Berghetti. Marcella craignait qu'il ne lui arrive quelque chose avant qu'il n'ait le temps de résoudre l'intrigue qui lui avait été soumise. 

Elle jeta un oeil à sa montre. Il était 7h48. Encore douze minutes à patienter dans le froid. Elle grelottait et se sentait un peu faible. Elle n'avait rien pu manger avant de partir. Le dessert de la veille lui était resté sur l'estomac. Elle avait juste bu un thé qui la barbouillait déjà.

La via della Conciliazione était baignée de brume. Les lanternes disposées de part et d'autre de l'église n'éclairaient rien. Le paysage était fantômatique et oppressant. Un décor parfait pour tourner un film ésotérique ou effectuer un incroyable tour de magie. Un peu trop parfait d'ailleurs. Ca n'avait rien de rassurant.

Francesco retrouva Marcella à 7h57. Quand ils entrèrent l'église était plongée dans la pénombre. Seule la lampe du Saint Sacrement luisait à gauche de l'autel. Un silence monacal régnait dans l'édifice. 

Puis, ils aperçurent de la lumière dans la chapelle dédiée à Sant'Angelo, martyr à Licata. Marcella et le professeur approchèrent sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l'attention. Les bancs installés pour la célébration étaient pleins, occupés surtout par des religieux. Le reste de l'église semblait déserté. 

 "Il est grand le mystère de la foi". Le curé en était à l'anamnèse. Dans quelques minutes se serait la communion. L'unité divine du Père, du Fils et du Saint Esprit consacrée dans un petit disque qui enlèverait les péchés de chacun. Francesco Berghetti se demandait si la personne qui lui avait donné rendez-vous dans ce lieu était déjà là.

Les gestes du prêtre étaient empreints d'une certaine langueur. Puis, alors qu'il s'apprêtait à donner la communion aux fidèles, ses gestes furent comme suspendus dans l'air... Le ciboire se fracassa sur le sol et les hosties se dispersèrent. Le prêtre chuta sur le marbre. Un point rouge était apparu sur son front. Les fidèles, qui ne réalisèrent pas tout de suite ce qui s'était passé, mirent quelques minutes à lui porter secours. Pendant que les uns appelèrent une ambulance de la Policlinique universitaire Gemelli, les autres scrutèrent la pénombre pour tenter de distinguer le tireur. Mais ils ne virent rien. Ils entendirent simplement la porte de l'église se refermer dans un bruit sourd.

Marcella et le professeur Berghetti s'étaient quant à eux réfugiés derrière une colonne. Ils attendaient le moment propice pour rejoindre la sacristie. Francesco ne voulait pas être retardé par la police. Après avoir traversé de nombreuses pièces et des couloirs ils se retrouvèrent dans le vicolo del Campanile. Il n'y avait pas grand monde. Sans même se concerter ils prirent la direction de la basilique Saint-Pierre. Le ciel était toujours aussi gris. Marcella aurait aimé avoir une gomme pour effacer la brume.

Mais ce jour-là le ciel ne s'éclaircit pas. Il devint même plus sombre à mesure que le temps s'écoulait.

Texte original rédigé pour les Plumes à thème n°12 initiées par Asphodèle. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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13/08/2013

Le sermon sur la chute de Rome - J. FERRARI

livres,littérature,jérôme ferrai,goncourt 2012,actu,actualitéComme vous le savez, je lis rarement des livres qui ont obtenu un prix. Mais le titre du dernier Goncourt m'a interpellé. Je me demandais ce qu'avait bien pu imaginer Jérome Ferrari pour qu'on lui décerne un titre aussi prestigieux. Et, de savoir que Bernard Pivot avait voté pour lui, a pesé dans la balance. Donc, le voyant sur un présentoir à la bibliothèque, je décidai de l'emprunter.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Le style de Ferrari ne m'a pas vraiment plu. Pour être franche, il m'a même agacé tout au long du roman. Ce ne sont quasiment que des phrases à tiroirs qui courent sur dix lignes voire sur une page entière. Quel besoin ont les écrivains de faire des phrases à rallonges? Ca n'apporte strictement rien à l'histoire. Celle-ci gagnerait en clarté avec des phrases plus courtes. Le roman gagnerait en rythme. C'est vraiment dommage car le postulat de départ est plus qu'intéressant et l'auteur est érudit.

Jérôme Ferrari a mis en parallèle le destin de plusieurs personnes d'une même famille. Marcel, son fils Jacques, et ses petits-enfants Mathieu et Aurélie. L'auteur parle surtout du destin, des vies que les personnages pensent se choisir, et il donne un portrait fouillé de chacun d'eux. Mais la vie se charge de détruire les illusions et de faire tourner les rêves en cauchemars. Est-ce que Mathieu trouvera le bonheur en Corse, terre de ses ancêtres? A-t-il raison de tourner le dos à de brillantes études de philosophie?

Le roman de Jérôme Ferrari s'appuie sur le sermon de saint Augustin qui, à Hippone, tenta de "consoler ses fidèles sur la fragilité des mondes terrestres". Des mondes qu'ils édifient mais qu'ils finissent par détruire... Les mondes de chacun des personnages vont s'effondrer. Trouveront-ils le ressort pour rebondir?

Le sermon sur la chute de Rome - Jérôme FERRARI - Ed. Actes Sud - 2012

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08/08/2013

Sieste

Tiberio et Marcella avaient trouvé une petite location un peu en retrait de Salerne, sur la côte Amalfitaine. Ils avaient réservé pour trois semaines.

Parfois, le matin, ils allaient au marché pour faire le plein de produits frais. Il leur arrivait aussi d'aller dîner au restaurant mais ils préféraient le calme de la location, située à flanc de montagne. Il y avait un petit jardin derrière où ils avaient installé un hamac entre deux arbres. Tiberio y faisait une sieste en début d'après-midi avant d'aller consulter des sites d'infos sur son laptop.

Marcella prenait place dans le hamac vers quinze heures et y bouquinait une bonne heure. Elle avait emporté une bonne dizaine de livres dans ses bagages. Des livres qu'elle n'avait pas eu le temps de lire ces derniers mois, occupée entre son job et les sollicitations du professeur Berghetti. Mais la position allongée n'était pas la meilleure pour bouquiner et, invariablement, Tiberio la retrouvait endormie lorsqu'il sortait de la maison vers dix-sept heures pour lui proposer un rafraîchissement. Le livre, ouvert, reposait sur sa poitrine. Il suivait le rythme de sa respiration et les battements de son coeur.

Tiberio s'approchait doucement pour ne pas la réveiller et déposait un baiser sur ses lèvres avant d'en déposer un deuxième sur son front. Puis, il restait une demi-heure à l'observer comme un père aurait observé avec béatitude son enfant endormi.

Ce texte a été rédigé pour le jeu n°13 du Blog à 1000 mains. Il n'est pas libre de droits. Le tableau est une oeuvre de Gustave Courbet, Le Hamac, huile sur toile datant de 1844.

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06/08/2013

La dernière conquête du major Pettigrew - H. SIMONSON

livres,littérature,angleterre,helen simonson,actu,actualitéQuand le major Pettigrew, homme à la retraite dont la femme est décédée il y a quelques années et dont le frère vient de mourir subitement, s'amourrache de la Pakistanaise tenant l'épicerie d'Edgecombe St Mary, ça fait parler les gens. Dans la bonne société de ce petit village anglais, on est un peu outré. Les préjugés sur les gens de couleur n'ont pas disparu. Alors quand le major décide d'aller au bal de son club accompagné de Mme Ali ça fait vraiment jaser. Non seulement ses amis, mais aussi son fils Roger, ayant un super job à Londres et vivant avec une belle américaine tout aussi douée que lui en affaires. Le dit Roger pense que dans la vie tout se négocie, y compris les sentiments. Mais il va apprendre à ses dépens (après avoir bien ennuyé son paternel) que l'amour a ses raisons que la raison ne connaît pas...

Outre les préjugés, il faut aussi s'accommoder des différences culturelles et c'est loin d'être simple. Dans les familles Pakistanaises, les femmes décident rarement elles-même de leur destin. Sans parler de la religion qui vient compliquer les choses. Nos deux sexagénaires arriveront-ils à s'aimer? Le poids de leurs vécus respectifs et le regard des autres ne pèseront-ils pas plus lourds que leur attachement?

J'avais lu de très bonnes critiques sur ce livre. Ce n'est pas le coup de coeur que j'espérais mais ce fut une lecture très sympathique. Helen Simonson a beaucoup d'humour, elle rend très bien les réflexions des personnages et donne une image très détaillée des situations. J'ai en revanche trouvé qu'il y avait beaucoup trop de personnages. Je n'en ai pas retenu la moitié. J'ai aussi trouvé qu'il y avait quelques longueurs au milieu du livre. Ceci étant dit, j'ai quand même passé un bon moment avec le major et Mme Ali.

La dernière conquête du major Pettigrew - Helen SIMONSON - 2013

01/08/2013

Petit joyau sauvage

Après quelques années de recherche Tiberio avait retrouvé des traces de ses ancêtres sur l'île du Giglio, petit bout de terre de la province du Grosseto isolé des côtes par une bande de mer de 16 kilomètres. Ce petit bout de Toscane, où l'un de ses arrière-grands-pères maternels avait réussi à planter de la vigne, était un petit joyau sauvage. La garrigue s'y étalait un peu comme en Provence. On y trouvait à l'époque du chêne-vert, du chêne-liège et une espèce de bruyère arborescente. Mais le développement de l'agriculture et les incendies avaient modifié la flore au fil des ans. Comme essence d'arbre, on n'y trouvait plus guère que des pins. Tiberio se souvenait y avoir vu aussi quelques pieds de thym et des carottes sauvages lorsqu'il y était allé pour ses recherches.

La culture de la vigne devenant de plus en plus difficile, la famille avait migré vers le continent et s'était installée dans le hameau de Porto Santo Stefano à Monte Argentario. L'arrière-grand-mère avait vécu le départ comme un arrachement. S'ancrer dans une nouvelle ville, se dessiner une nouvelle vie, n'avait pas été simple. Puis, ils avaient monté un commerce d'import. Ils faisaient venir des épices et des produits exotiques du monde entier qu'ils revendaient ensuite à des grossistes: curry, poivre vert, gingembre, cannelle... Au diable les conditions dans lesquelles avaient été cultivés ces produits et comment ils avaient voyagé jusqu'en Italie. Ils ne s'étaient pas occupés de savoir si des esclaves avaient contribué à faire vivre leur commerce. Valait mieux d'ailleurs ne pas se poser trop de questions. Ils avaient une famille à nourrir.

Tiberio s'était passionné pour la généalogie à la naissance de son fils. Il avait essayé de retrouver le sourire juvénile de Flavio sur les photos glanées ici et là. La même plantation de cheveux qu'un grand-père, le même regard qu'un oncle... Puis il avait sillonné le pays pour recueillir des informations. Tiberio avait dû emprunter de multiples souterrains et faire parler diverses sources pour faire jaillir la lumière sur ses ancêtres. Les unes étaient bavardes, les autres réticentes à se livrer mais cette quête lui avait permis de renouer des liens avec des membres de sa famille qu'il n'avait pas vus depuis longtemps.

Ce texte a été rédigé pour les Plumes de l'été autour du mot "racines" initiées par Asphodèle. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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