26/02/2013
L'Embellie - A. A. OLAFSDOTTIR
Ce livre d'A. A. Olafsdottir m'a semblé plus intéressant que Rosa Candida bien que certains passages puissent paraître un peu longs. C'est une jolie histoire que nous raconte l'auteure islandaise. Le récit est à la première personne et la narratrice, qui a 33 ans, va nous raconter quelques mois de sa vie.
Elle est mariée depuis quatre ans à Thorsstein mais celui-ci lui annonce qu'il a rencontré quelqu'un d'autre et qu'il va avoir un enfant. Cependant, notre narratrice ne semble pas très affectée par cette nouvelle. Elle prend les choses comme elles viennent. Ils n'ont pas eu d'enfants ensemble et elle le laisse tout embarquer (ou presque) dans l'appartement. Elle va s'installer dans un immeuble sur le port. Alors qu'elle vient lui rendre visite, Audur, sa meilleure amie, glisse sur une plaque de verglas et se fait une fracture. Elle est transportée à l'hôpital mais les jumelles qu'elle attend n'ont rien. Or, Audur a déjà un petit garçon, Tumi, qu'elle ne peut pas aller chercher à l'école. Elle demande alors à la narratrice d'aller le récupérer et de s'en occuper malgré son inexpérience en matière d'enfant. Elle finit par accepter et va essayer de faire de son mieux avec ce petit garçon sourd et malvoyant.
Le séjour à l'hôpital d'Audur se prolonge et la narratrice doit garder Tumi malgré ses projets de voyage (elle a gagné un chalet d'été en bois qu'elle fait installer dans le nord est de d'île). Ils partent donc tous les deux et vont se succéder une série d'aventures plus inattendues les unes que les autres. A la fin de l'histoire la narratrice a fait du chemin non seulement géographiquement, mais aussi intérieurement. Elle sait ce qu'elle veut et où elle a envie d'aller. Un petit garçon peut changer la vie.
Ce roman soulève par ailleurs la question du handicap. La compréhension entre les personnes valides et les personnes différentes n'est pas toujours au rendez-vous. Mais pas d'alarmisme, ni de leçon de morale dans ce livre. Le sujet est joliment traité.
L'Embellie - Audur Ava OLAFSDOTTIR - Ed. Zulma - 2012
16:45 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : livres, islande, voyages, maternité, romans, littérature, a. a. olafsdottir, actu, actualité | Facebook |
10/02/2013
Les dimanches poétiques (94)
"La tombe bleu ciel en haut d'une petite colline. Aucun signe d'obédience. Cette seule formule en capitales:
Alexandre Yersin
1863 - 1943
A gauche un pagodon orange et jaune piqueté de bâtonnets d'encens. Les deux mètres carrés bleu ciel de territoire vietnamien qui furent au milieu du royaume. Il a trouvé ici le repos, trouvé le lieu et la formule. On pourrait écrire une Vie de Yersin comme une Vie de Saint. Un anachorète retiré au fond d'un chalet dans la jungle froide, rétif à toute contrainte sociale, la vie érémitique, un ours, un sauvage, un génial original, un bel hurluberlu."
Patrick DEVILLE Peste et choléra
10:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, littérature | Facebook |
09/02/2013
Le brouhaha des onomatopées
Tiberio attendait la fin de la semaine avec impatience. Il se sentait de plus en plus fatigué. Le surmenage des dernières semaines y était sans doute pour quelque chose. Bien qu'il n'eût pas dépassé la cinquantaine sa jeunesse était loin. Il n'avait plus la même énergie. Puis, il avait mis quelque temps à prendre ses marques dans ce nouvel environnement. Il avait aussi davantage de responsabilités.
Les nouvelles politiques sur la restructuration des universités avaient nécessité de multiples réorganisations des services au sein de la faculté. Un surplus de travail auquel il avait également fallu faire face sans broncher au risque sinon de se faire virer comme un malpropre. Le doyen n'était pas réputé pour être conciliant. A force de patience et de persévérance Tiberio avait malgré tout réussi à rendre le climat moins tendu avec la tête chenue. Il avait même pu lancer une grande enquête sur les habitudes de restauration des étudiants et analyser leurs besoins afin de réduire les coûts du restaurant universitaire.
Mais il était aussi impatient que la semaine se termine pour emmener Flavio et Marcella à Fiumicino. La ville maritime accueillait pendant une semaine un rassemblement de vieux gréements, messagers d'un autre temps... et d'autres moeurs. Il avait réservé une chambre dans une pension de famille de la via Porto Romano d'où ils pourraient rejoindre les quais à pied. Il entendait déjà le brouhaha des onomatopées accueillant les bateaux.
Ce texte a été rédigé pour l'édition 91 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.
22:30 Publié dans Textes originaux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : textes originaux, écriture, littérature, rome, actu, actualité | Facebook |
07/02/2013
Trois chevaux - E. DE LUCA
J'ai lu ce roman jusqu'au bout parce qu'il était court mais s'il avait eu 100 pages de plus je ne garantis pas que je l'aurais terminé. Erri de Luca procède par évocations; d'un instant, d'un passé, d'une situation sans jamais faire de grandes descriptions. Il effleure juste les sentiments, les chasse d'un revers de la main. Ses personnages sont fuyants, sont de passage, sans attaches.
C'est joliment écrit mais trop en surface. J'aurais aimé qu'il creuse davantage les portraits, notamment celui du narrateur dont on ne connaîtra jamais le nom. Un homme qui a pas mal voyagé, fait le coup de feu en Argentine et s'est embarqué sur un raffiot en laissant derrière lui quelques cendres. Aujourd'hui l'homme est jardinier dans une ville italienne. Il aime le travail de la terre, les mains qui pétrissent le sol.
C'est aussi l'histoire d'une rencontre avec une jeune femme, Làila, qui travaille comme escort girl. Elle semble avoir des ennuis et le narrateur a envie de l'aider. Il tombe peu à peu amoureux. Mais ce ne sont toujours que des évocations et on ne sait pas ce qu'il advient de cet amour-là en refermant le livre...
Trois chevaux - Erri DE LUCA - Ed. Seuil - 2000
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30/01/2013
Peste et choléra - P. DEVILLE (passionnant)
Je lis rarement des livres qui reçoivent un prix mais les critiques lues et entendues sur Peste et choléra étaient bonnes, alors quand je l'ai vu disponible à la bibliothèque, j'ai sauté dessus. Je ne suis pas d'un naturel attirée par tout ce qui touche aux sciences et à la médecine cependant je m'y intéresse et il y a des auteurs passionnants. C'est notamment le cas avec Patrick Deville.
Dans Peste et choléra il nous raconte de façon romancée la vie d'Alexandre Yersin, découvreur du bacille de la peste et inventeur du vaccin pour la combattre. Voilà un personnage fascinant. D'origine suisse, Yersin va poursuivre des études de médecine à Marburg. Mais les cours magistraux ennuient le jeune étudiant dont la pensée est "pragmatique, expérimentale, il a besoin de voir et de toucher, de manipuler". Après un bref passage à l'université de Berlin, Yersin décide d'aller à Paris où il s'inscrit au premier cours de bactériologie. "Toute sa vie, Yersin choisira ce qu'il y a de nouveau et d'absolument moderne".
Au même moment Pasteur guérit une deuxième personne grâce au vaccin antirabique. C'est en faisant quelques mois plus tard des autopsies de cadavres morts de la rage qu'Alexandre Yersin va entrer en contact avec Emile Roux, l'assistant de Pasteur. Le Suisse entre alors dans la famille des pasteuriens même s'il choisira toujours sa propre route, et notamment celle des voyages et de la recherche. Il voue une admiration sans bornes à David Livingstone, "Ecossais à la fois explorateur, homme d'action, savant, pasteur, découvreur du Zambèze et médecin". C'est en quelque sorte son modèle.
Non seulement Yersin fera des découvertes médicales importantes mais aussi des découvertes de territoire. L'Asie, et plus particulièrement le Viêt Nam, seront son terrain de jeu. Il s'établira à Nha Trang, une cité de pêcheurs, et multipliera ses possessions pour pousser toujours plus loin ses recherches.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre peste. C'est à Hong Kong, touchée par la maladie, que Yersin découvre le bacille. Alors que les Japonais, financés par les Allemands, cherchent quelque chose dans les organes et le sangs, Yersin a l'idée d'analyser les bubons prélevés sur les cadavres. "Sans le hasard ni la chance, le génie n'est rien. L'agnostique Yersin est béni des dieux."
Patrick Deville, à travers l'histoire d'Alexandre Yersin, nous raconte aussi l'histoire du monde, ses soubresauts, ses guerres. Il y a aujourd'hui un musée dédié au scientifique à Nha Trang. Les panneaux y sont rédigés en français. Une vie d'homme passionnante.
Peste et choléra - Patrick DEVILLE - Ed. Seuil - 2012
21:30 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : livres, littérature, essais, sciences, institut pasteur, alexandre persin, patrick deville, actu, actualité | Facebook |
20/01/2013
Les dimanches poétiques (92)
"Il entamait une liste inédite. Celle des défaites. Il pensait se protéger des autres, il ne savait pas s'immuniser contre la déception d'avoir à se confronter à ses propres limites. Cet été 1942, il s'est déçu; je me suis déçue; nous nous sommes déçus. Deux êtres, trois possibilités: la vie de couple apprend à dénombrer les frustrations."
Yannick GRANNEC La Déesse des petites victoires
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13/01/2013
Les dimanches poétiques (91)
"Mais si je devais ne retenir qu'une seule question parce qu'à la fois ouverte et précise, allégorique et concrète, je la chiperais aux joueurs de pétanque: "Tu tires ou tu pointes?" D'ailleurs, je l'ai posée plusieurs fois à des personnalités qui ne l'attendaient évidemment pas. La plupart marquèrent de l'embarras avant de faire des réponses souvent intéressantes parce que révélatrices de leur manière de fonctionner.
Celui qui tire va droit au but. Il ne tergiverse pas, il ne finasse pas, il frappe. Assez fort et assez juste pour dégommer l'autre, faire un carreau et prendre sa place. "
Bernard PIVOT Oui, mais quelle est la question?
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