20/05/2013
Une place à prendre - J. K. ROWLING
Qu'est-ce que je pourrais vous dire de ce livre... Et bien que l'histoire m'a plu mais aussi que j'ai trouvé ce livre beaucoup trop long. Il y a en gros deux cents pages de trop. J. K. Rowling prend son temps. Trop. Si la longueur des Harry Potter ne pose pas de problème vu la quantité de rebondissements, je trouve ici le nombre de pages exagéré. J'ai eu beaucoup de mal à le terminer et j'ai dû lire un ou deux autres livres entre temps car j'avais envie d'autre chose.
L'histoire se déroule à Pagford, petite bourgade tranquille à première vue. Elle est limitrophe de Yarvil, une ville à laquelle elle aimerait bien refourguer le quartier des Champs, quartier défavorisé s'il en est, où le chômage bat des records, et où les trafics en tout genre vont bon train. Les Champs coûtent de l'argent aux habitants de Pagford et ceux-ci, du moins une partie d'entre eux, avec à leur tête Howard Mollison, n'ont plus envie de payer pour la "racaille". Et le projet de Mollison est en passe d'aboutir vu que son principal opposant au Conseil paroissial, Barry Fairbrother, vient de décéder d'un accident vasculaire cérébral.
Une élection doit avoir lieu au sein du fameux conseil et Mollison espère bien y placer son fils Miles. Simon Price désire lui aussi se présenter, ainsi que Colin Wall, proviseur adjoint du lycée Winterdown. Mais tout ce petit monde, ainsi que Parminder Jawanda, conseillère paroissiale, va devoir faire face au Fantôme de Barry Fairbrother qui sévit sur le site du conseil. Un fantôme qui connaît tous leurs travers et qui va en quelque sorte se venger d'eux...
Rancoeurs, coups bas et jalousies vont être leur lot quotidien mais leurs pires ennemis vont se révéler être ceux qu'ils soupçonnent le moins. Chaque personne a une part d'ombre et il suffit de peu pour déclencher une crise.
Même si j'ai trouvé le livre trop long, je trouve que les portraits sont bien fouillés, aussi bien psychologiquement que physiquement. Puis les pages fourmillent de détails matériels et colorés. Dommage vraiment que l'histoire ne soit pas plus rythmée.
Une place à prendre - J. K. ROWLING - Ed. Grasset - 2012
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18/05/2013
Un homme sans relief
-"Mesdames, messieurs, je vous ai convoqués ce matin pour vous faire part d'une modification de vos emplois du temps pour les deux semaines à venir. Suite à l'arrêt maladie de Tobias Loseiner, professeur de physique et de chimie, je suis contrainte de redistribuer ses cours et notamment de répartir les classes auxquelles il enseignait ces matières."
La principale du collège connaissait tous les dangers d'une telle annonce: les visages des professeurs qui se crispent en constatant qu'ils devront faire plus d'heures que celles initialement prévues, et une certaine tension dans leur regard. Emelinda Wollenfeld savait par ailleurs qu'elle ne devait faire preuve d'aucune faiblesse, qu'aucun doute ne devait s'installer dans son âme sur le bien fondé de cette décision. Mais les regards des professeurs n'étaient pas faciles à soutenir. Emlinda Wollenfeld sentait sa veste rouge coquelicot peser de plus en plus lourd sur ses épaules. Elle craignait que quelques uns protestent ou posent des questions sur la maladie de Tobias Loseiner. Elle ne se voyait pas leur dire qu'il avait tenté de mettre fin à ses jours en avalant tout ce que son armoire à pharmacie comptait de cachets et de pilules. Les secours avaient été prévenus par une voisine qui était venue lui demander un peu de sucre. Elle avait trouvé étrange qu'il ne réponde pas malgré le rai de lumière qui filtrait sous la porte.
C'était toujours sous la forme d'une image grise, sans ombre qu'apparaissait Tobias Loseiner à Emelinda Wollenfeld. Sa mémoire n'avait jamais réussi à capturer une image de lui en couleur. Un homme gris, sans relief, avec lequel cependant elle s'entendait bien. Même si, à dire vrai, ils ne se parlaient pas souvent. Tobias Loseiner ne posait pas de problème et accomplissait son travail avec une grande rigueur. Il ne discutait que très rarement les décisions prises par la direction. Elle aurait aimé que tous les professeurs soient aussi peu vindicatifs. Par ailleurs, Tobias Loseiner les dépassait tous d'une tête intellectuellement. Il était professeur de physique et de chimie, mais il avait aussi étudié la métaphysique et la philosophie analytique à l'Université de Genève. Puis, il avait choisi de persévérer dans les sciences avec pour objectif d'entrer au CERN. Un objectif qu'il avait finalement abandonné pour une vie plus simple dans l'enseignement. Trop simple peut-être...
Alors qu'Emelinda Wollenfeld concluait son discours, le son de l'alarme se fit entendre. Elle allait pouvoir quitter la salle des professeurs sans se justifier pour aller voir ce qui se passait dans l'établissement. Une fuite qu'elle ressentait comme une évasion plus que comme une échappatoire mais qui fut pour elle une vraie délivrance.
Ce texte a été rédigé pour l'édition 101 du jeu Des mots, une histoire initié par Olivia. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.
22:30 Publié dans Textes originaux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : textes originaux, écriture, littérature, genève, solitude, actu, actualité | Facebook |
12/05/2013
Les dimanches poétiques (101)
What a difference a day makes
Twenty-four little hours
Brought the sun and the flowers
Where there used to be rain
My yesterday was blue, dear
Today I'm a part of you, dear
My lonely nights are through, dear
Since you said you were mine...
Renée Olstead What a difference a day makes
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09/05/2013
Le Diable vit à la campagne - R. JOHNSON
Rappelez-vous. En 2010 Rachel Johnson nous livrait un roman de chick-lit sur le petit monde de Notting Hill, ses potins, et ses petites trahisons. Elle a fait une suite et cette fois-ci, le diable est à la campagne. Mimi Malone, le personnage central, s'est installée à Home Farm dans le Dorset. Ses voisins et amis sont tout aussi fortunés que ceux qu'elle avait à Londres et elle va même croiser la duchesse de Cornouailles à un mariage.
Il est toujours question de jalousies et de petites rancoeurs sur fond de sexe et d'argent, et les rebondissements, comme dans le premier opus, sont très nombreux. Le passe-temps favori de ces dames est de savoir qui va coucher avec qui, et de trouver le moyen d'épater les voisins. Bref, une intrigue sans grand intérêt.
Ce roman se lit facilement et j'ai souri à certains passages mais avouons-le tout-de-go, ce n'est pas de la grande littérature. Divertissant mais voilà, ce n'est franchement pas le livre du siècle. Sans parler qu'il y a un nombre incalculable de coquilles. Soit des mots sont employés à mauvais escient, soit les mots de liaison sont oubliés. Je ne sais pas si c'est dû aux traducteurs ou bien si c'est la maison d'édition qui a fait les fautes au moment de la mise en page, mais c'est vraiment désagréable.
Le Diable vit à la campagne - Rachel JOHNSON - Ed. France Loisirs/Piment - 2012
22:00 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livres, littérature, rachel johnson, angleterre, dorset, actu, actualité | Facebook |
05/05/2013
Les dimanches poétiques (100)
La petite bête
Jacques Normand Les moineaux francs
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Dès que je voyais ma grand'mère,
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Ma bonne grand'mère aux yeux doux,
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Je bondissais sur ses genoux,
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Je baisais sa tête si chère,
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Et, sans prendre au fond de son sac
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La friandise toute prête:
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"Fais-moi voir la petite bête
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Qui fait tic tac, tic tac, tic tac!"
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Lors, doucement, de sa poitrine
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Elle tirait sa montre d'or,
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Un bijou que je vois encor
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Avec sa ciselure fine...
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Moi, je m'empressais de saisir
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A deux mains la rare merveille,
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Je l'appliquais à mon oreille
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Tout en rougissant de plaisir.
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Et puis, tranquille comme un ange,
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J'écoutais, curieusement,
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Le clair et preste mouvement
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De la petite bête étrange...
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Aussi, d'une voix inquiète,
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Je demandais tout bas, bien bas!
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"Elle est vivante, n'est-ce pas,
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Grand'maman, la petite bête?..."
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Grand'mère riait de cela.
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"Oui, répondait-elle, ravie:
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C'est moi qui lui donne la vie,
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Mignonne, avec ce bijou-là!"
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Et je regardais, toute pleine
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D'un respect non dissimulé,
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L'adorable petite clé
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Qui pendait à sa châtelaine.
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Certain jour, - ô calamité! -
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Je crus la bébête malade;
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Je voulus, bonne camarade,
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Lui donner un peu de santé;
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La montre était à la ceinture
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De bonne maman qui dormait...
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Je m'approchai d'un pas muet...
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Je pris la clef à l'aventure...
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Dans un des trous du cadran clair
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Je la mis, puis d'une main forte...
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Cric!... crac!... - Le bébête était morte!...
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Et grand'maman sautait en l'air!
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Bientôt après, j'eus conscience
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De mon aveuglement fatal...
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La montre allait à l'hôpital...
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Et moi, j'allais en pénitence!
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08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, actu, actualité, jacques normand, les moineaux francs | Facebook |
19/04/2013
L'enfant qui en savait trop
L'agitation de la ville est lointaine maintenant. Le pandémonium n'est plus qu'un vague souvenir pour Joshua. L'enfant se demande pourquoi on l'a amené là et attend avec une certaine impatience qu'on vienne s'occuper de lui.
Cela fait maintenant cinq heures et trente-neuf minutes qu'il se trouve dans cette salle gigantesque en espérant que quelque chose se passe. Mais l'espoir commence à s'émousser et la frustration s'ancre en lui aussi sûrement que l'angoisse. Il est déçu de n'avoir pu assister au départ de ses parents, et angoissé de se prendre à nouveau une gifle. Le type qui l'a enfermé là a de larges paluches et il ne fait pas dans la demi mesure. Il aurait dû considérer le désir du bonhomme comme un ordre.
Puis, Joshua entend un bruit de galop se rapprocher. Il ne peut cacher sa stupeur quand le méchant type crie dans son téléphone portable qu'il va "se dabarrasser au plus vite du gamin".
Ce texte a été rédigé pour les Plumes à thème n°7 initées par Asphodèle. Elle a compliqué les consignes cette semaine. Il fallait rédiger une quatrième de couverture en 500 signes (que j'ai largement dépassés) et trouver un titre. Ce texte n'est pas libre de droits, la photo non plus.
17:00 Publié dans Textes originaux | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : textes originaux, écriture, littérature, actu, actualité | Facebook |
12/04/2013
Tramway n°12
Les neige collée aux chaussures des passagers se détachait par petits paquets et s'étalait dans toutes les rames. Des flaques un peu partout. On pataugeait dans le tramway les matins d'hiver. Tobias était résigné. Il savait qu'il n'y avait rien à faire sinon attendre patiemment le printemps et sa débauche de couleurs. La blancheur laisserait place au vert et aux couleurs chaudes de la végétation. Avec le temps la neige et le gel disparaîtraient.
Chaque jour Tobias prenait le tramway n°12 en direction de Moillesulaz et chaque jour il comptait les arrêts. Il le prenait Place de Neuve et descendait à Grange-Canal. Huit arrêts en tout pour rejoindre l'Ecole internationale située route de Chêne en une trentaine de minutes. Genève avait un réseau de transports en commun très développé et la voiture n'était pas nécessaire quand on y habitait. D'ailleurs Tobias n'en avait pas. Il préférait de loin les trams et les bus, voire la marche à pied.
Face à lui ce matin-là, une jeune fille qu'il avait déjà croisée dans l'enceinte de l'école. Elle devait vraisemblablement être scolarisée en primaire. Elle avait un air angélique de jeune demoiselle bien élevée. Mais, il le savait, les élèves bien élevés pouvaient parfois se transformer en diablotins pour tester leurs professeurs. La naïveté et la pureté de l'enfance n'étaient plus ce qu'elles étaient. Les enfants ne croyaient plus en rien. Ils étaient par ailleurs beaucoup moins craintifs aujourd'hui qu'à l'époque où lui-même était élève. Les mensonges, même les plus gros, ne leur faisaient pas peur.
La jeune fille s'était mise à fredonner une chanson de Bastian Baker. Tobias l'avait reconnue tout de suite. Le chanteur était le chouchou de ces dames. Vingt-deux ans et déjà adulé. Tobias pensa que la célébrité facilitait bien la vie, lui qui se sentait noyé dans la masse, homme au physique commun, réservé et auquel on accordait peu d'importance. Il ne voulait accuser personne mais la vie était injuste se disait-il. Il n'avait rien de méchant, rien d'antipathique mais visiblement on ne l'aimait pas. Il avait l'impression que ses collègues féminines le fuyaient et que les femmes détournaient les yeux dans la rue. Sa mère avait tenté de l'apaiser, de lui dire qu'il valait bien les autres hommes, mais ses doutes sur son pouvoir de séduction ne l'avaient pas lâché. Ils s'étaient même multipliés.
Il était perdu dans ses pensées quand la jeune fille se leva, lui rappelant qu'il devait descendre. Il passa par le fastueux bâtiment de la Grande Boissière avant d'aller faire cours. Même les secrétaires ne faisaient pas attention à lui. Peu étaient ceux qui lui adressaient la parole. Sa solitude n'était plus uniquement physique, elle devenait psychique.
Ce texte a été rédigé pour les Plumes à thème n°6 initiées par Asphodèle. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.
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