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12/03/2023

Les dimanches poétiques (308)

Paris

[29 décembre 1959]

"Mon bien-aimé,

Je relis ta lettre de ce matin pour la troisième fois, et je m'émerveille toujours un peu plus du plaisir que tu me donnes, au-delà même du bonheur. Tu connais sans doute aussi bien que moi ces délicats frissons du rire que communique soudain, aux moments les plus imprévus, la conscience de l'amour. Certains mots que tu écris m'apportent cette qualité de joie : elle n'a pas de limites; elle commence et ne peut finir; elle aère mystérieusement le coeur et l'esprit et vous laisse à la fois vide et comblée... Ce qui m'amuse, c'est que tu sembles ne découvrir qu'aujourd'hui qu'il s'agit entre nous de PASSION! Moi je le sais depuis longtemps, étant moins méfiante que toi en ce qui concerne ces régions de l'être où l'amour n'est plus que liberté... et, tu vois, je ne te l'envoie pas dire. Non, ne fronce pas ton nez en signe de moquerie, et laisse-moi, cette fois du moins, les petits bénéfices d'une soi-disant expérience! [...] "

Dominique ROLIN in Lettres à Philippe Sollers 1958-1980 (Ed. Gallimard - 2018)

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08/03/2023

La petite musique de Victoria

Le soleil avait fait son retour avec les premiers jours du printemps. Les fleurs commençaient à sortir de terre, Kensington se colorait d'un tendre vert et les Londoniens flânaient dans les rues. Toute la ville souriait à nouveau.

Victoria était ravie de l'arrivée des beaux jours. L'hiver avait été particulièrement froid et avait semblé ne jamais vouloir finir. Depuis mi-mars elle allait chaque samedi à Brompton Oratory à pied. Elle traversait le parc pour rejoindre Exhibition Road en saluant Peter Pan d'un petit geste de la main avant de remonter en longeant le Serpentine. Juste avant d'arriver au lac, elle entendait toujours quelqu'un jouer du violon. Le musicien jouait un morceau léger et mystérieux qui l'envoûtait. Cette petite musique tournait dans sa tête toute la journée et parfois tout le week-end.

Un samedi matin elle décida de ne pas aller jusqu'à Brompton Oratory. Elle voulait trouver ce violoniste qui chaque semaine l'envoûtait. Ce jour-là elle jeta à peine un coup d'oeil à la statue de Peter Pan et se dirigea vers le lac comme à l'accoutumée mais au lieu de continuer vers la colline, elle tourna à droite pour s'installer sur une pelouse. Elle s'assit sur un plaid qu'elle avait emporté ainsi qu'un livre. Au bout d'une trentaine de minutes, la petite musique résonna non loin de son point de chute. Elle remarqua un clochard installé sur un banc. Tout en faisant mine de lire, elle épiait son voisin. Il semblait être familier du lieu; chacune de ses possessions avait visiblement sa place. Il était pieds nus. Victoria en déduisit qu'il profitait du soleil pour réchauffer sa vieille carcasse. Ses cheveux étaient blancs, sa barbe épaisse et plutôt longue, ses mains noueuses et gonflées. Elle avait remarqué qu'il portait des lunettes mais elle était trop loin pour voir la couleur de ses yeux.

Ce qui intriguait le plus Victoria c'était l'incroyable talent du clochard pour faire vibrer les cordes de son violon. Elle pensa qu'il avait très certainement donné des concerts à une époque. Un musicien aussi doué avait dû tourner dans le monde entier et elle se demanda comment s'était produit ce revers de fortune.

Au bout d'une heure la musique cessa et Victoria se plongea sérieusement dans sa lecture. De ce fait elle ne remarqua pas que le clochard l'observait à son tour. Il avait un journal à la main qu'il avait ajusté devant son visage de façon à ce qu'elle le croit en train de lire. Au lieu de cela ses yeux erraient sur les cheveux châtains de la jeune femme, ses joues rosées et la moue de ses lèvres lorsqu'elle était concentrée sur son livre. Il la vit sourire à plusieurs reprises et se demanda quelle était sa lecture. Il aurait aimé aller lui parler mais il avait peur de l'effrayer et de ne pas la revoir car il l'attendait chaque samedi matin. Il guettait sa silhouette et ses cheveux bercés par la cadence de ses pas.

Ce texte n'est pas libre de droits. La photo non plus.

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05/03/2023

Les dimanches en photo (186)

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02/03/2023

Le vagabond de Kensington Gardens

6 janvier

Je fais toujours des plans sur la comète bien que je n'en sache pas beaucoup plus sur la vie de Victoria. Elle ne dit rien d'elle; elle est secrète. Pourtant son métier consiste à communiquer. Des infos sur le monde, certes, mais communiquer tout de même.

Je n'ai pas osé lui déclarer ma flamme lorsque je l'ai invitée à boire un verre avant les fêtes. Ses yeux brillaient comme deux étoiles ce soir-là. J'aurais peut-être dû me lancer avant qu'un Apollon ne vienne me couper l'herbe sous le pied. Les occasions de rencontrer quelqu'un ne manquent pas dans sa profession.

Je vais écrire une charade ce soir avec ma vieille plume sergent-major et je la glisserai dans sa boîte à lettres demain matin en allant acheter le pain. Pourvu qu'elle ne trouve pas cela farfelu et démodé. Il me vient de ces idées parfois!

20 janvier

J'ai croisé un vagabond ce matin dans Kensington Gardens qui m'a proposé des partitions pour violon. Il m'a expliqué qu'il n'avait plus la force de jouer et que ce qui l'importait actuellement c'était de manger à sa faim. Il m'a aussi proposé un vieux jeu de tarot pour 50 livres. Cela m'a paru bien en-deçà de la valeur d'un exemplaire datant de 1883. Je lui ai dit que je reviendrai samedi prochain car je n'avais pas la somme sur moi. Je vais mettre cette semaine à profit pour me renseigner sur la valeur exacte d'un tel jeu. Quelle histoire que je ne trouve pas dans tout Londres un antiquaire spécialiste des cartes pour une estimation.

27 janvier

Lorsque je suis allé à Kensington Gardens ce matin j'ai trouvé Jamie endormi sur son banc. Une bouteille de scotch bon marché était couchée sur le sol. Elle était vide. Mon bonhomme avait dû réussir à vendre quelques papiers dans la semaine pour s'acheter de quoi s'hydrater le gosier. Je l'ai laissé dormir.

Pendant ce temps-là j'ai inspecté ses affaires. Il y avait éparpillé autour du banc une pipe et un paquet de tabac entamé aux 2/3, un bâton d'une trentaine de centimètres qu'il a vraisemblablement taillé en pointe pour fouiller les poubelles et la terre, une paire de chaussettes qui n'a plus de couleur, un blouson blanc qui devait être à la mode dans les années 60 et une grande houppelande en laine qui a dû un jour être grise. Parmi les objets étranges une sarbacane en bois, un chapeau haut de forme noir et une canne épée au pommeau en argent. Son étui à violon ainsi que les partitions et les cartes étaient sous le banc, dissimulés sous un morceau de tissu.

Il s'est réveillé deux heures après mon arrivée mais avec ce qu'il avait ingurgité il aurait très bien pu se réveiller qu'à l'équinoxe de printemps. Il a eu un peu de mal à se remémorer notre conversation de la semaine passée puis il m'a demandé si le prix me convenait toujours. Je lui ai donné l'enveloppe que j'avais apportée avec la somme que m'avait indiqué un antiquaire de Portobello Road, à savoir 130 livres. Une petite fortune pour Jamie qui pourra peut-être garder quelques partitions s'il souhaite se remettre au violon.

Ce texte a été rédigé dans le cadre de la 38ème édition du jeu "Des mots, une histoire" initié par Olivia du blog Désir d'Histoires. Il n'est pas libre de droits. La photo non plus.

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Kensington Gardens

28/02/2023

Février en quelques mots #77

Est-ce qu'on aurait oublié de me dire quelque chose? // Des coups d'épée dans l'eau // Toujours prête à me lever tôt pour faire des conneries // Cette photo vaut de l'or // Mais je n'en ferai rien (Si ce n'est l'imprimer!) // Chats en maraude // Ce soleil qui fait tellement de bien // Âme jumelle? // Ou bien il y a autre chose... // Faudrait peut-être que je me décide à réserver pour les vacances fin février! // Une mer d'huile et un ciel bleu d'une rare beauté. Ecouter le silence. Se ressourcer // Chercher un fantôme // Pourquoi moi?... (That's the question that beats in my brain like a hammer!) // Des impressions qui me reviennent d'un voyage scolaire effectué quand j'étais au collège. Des paroles prononcées par ma prof d'histoire-géo... // Un petit tour chez l'ophtalmo // Aller au marché de Dieppe un jour de manif. Même pas peur! //  Cette tarte aux myrtilles... Hmmm!!! // Mon bonheur en voyant des perce-neige un dimanche après-midi // Préparer la valise // Je me suis enfin inscrite sur LinkedIn. Un vrai potentiel ce réseau // Queen Mum a tiqué quand je lui ai proposé d'aller là-bas fin décembre. Elle a tiqué pas comme d'habitude... // Qualité ou défaut j'enregistre la moindre différence dans l'intonation de la voix, la moindre différence dans l'expression du visage, dans la posture // Pareil que dans la rue, j'ai senti comme des vibrations dans l'air, et cette impression d'être dans une bulle // Valoche bouclée! // Sur les pas des rois de France à Blois // Avoir l'esprit cartésien et malgré tout croire en quelque chose qui nous dépasse. (Mettre brûler un cierge et adresser une prière à Saint Antoine de Padoue.) // Halte à Amboise // Déambuler dans la Cité royale de Loches et ne croiser presque personne // À Montrésor, vestiges du passé d'exilés polonais // Goûter les rillons // Et dire que ce jour-là j'aurais dû être à Lille // Parfois les planètes s'alignent... 

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26/02/2023

Les dimanches poétiques (307)

 "Pourquoi va-t-on vers des livres comme on va vers des gens? Pourquoi sommes-nous attirés par des couvertures comme nous le sommes par un regard, une voix qui nous paraît familière, déjà entendue, une voix qui nous détourne de notre chemin, nous fait lever les yeux, attire notre attention et va peut-être changer le cours de notre existence?"

Valérie PERRIN in Changer l'eau des fleurs (Ed. Le Livre de Poche - 2020)

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19/02/2023

Les dimanches en photo (185)

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