21/03/2015
Revue de lectures #1
Et puis, Paulette... de Barbara CONSTANTINE : voilà un bon roman sur la vieillesse et l'entraide. Des personnages attachants et une plume virevoltante.
J'ai vendu ma bagnole à un Polonais de Pierre GAGNON : recueil de nouvelles très insolites dans une belle langue québécoise que j'ai toujours plaisir à retrouver. J'ai souri et souvent ri en lisant les textes de Pierre Gagnon. Je vous conseille cet ouvrage. Vous passerez à coup sûr un bon moment.
Intrigue à Giverny d'Adrien GOETZ : polar autour d'une série de toiles de Claude Monet qui aurait été découverte. Pénélope, flanquée de son fiancé Wandrille, mène l'enquête entre Paris, Giverny et Monaco. L'intrigue est en elle-même intéressante mais trop de détails tuent le roman.
Et il me parla de cerisiers, de poussières et d'une montagne... d'Antoine PAJE : un court roman qui donne une belle leçon de vie. Savoir faire la différence entre la bonne peur, celle qui nous permet de réagir face au danger, et la mauvaise peur, celle qu'on se crée sans raison et qui nous empêche de faire des choses qui valent la peine.
Un hiver à Paris de Jean-Philippe BLONDEL : j'ai adoré ce bouquin. Je n'avais jamais rien lu de Jean-Philippe Blondel et j'ai été charmée par sa plume. Il nous raconte l'histoire de Victor, jeune étudiant en prépa littéraire, qui va en quelque sorte gagner en popularité auprès de ses camarades suite au suicide de l'un d'entre eux. Il nous parle aussi et avant tout de la compétition et de la rudesse des notations des prépas des grands lycées.
Juste une fois d'Alexandre JARDIN : un roman d'amour qui se lit bien mais ce n'est pas le coup de cœur que j'attendais. L'auteur nous dit qu'il faut aimer follement. Aimer follement car on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. En gros il faut vivre une histoire d'amour quand elle se présente et ne pas la reporter à plus tard...
Le pont des anges de Philippe LE GUILLOU : un beau roman qui porte sur la papauté dans la 2ème moitié du 21ème siècle. Miltiade 1er vient de mourir et l'Eglise catholique est à feu et à sang. Les cardinaux, réunis dans la chapelle Sixtine, élisent à sa place Thomas Sullivan, moine irlandais de l'abbaye de G. Il prend le nom de Clément XV et entend rénover l'Eglise catholique.
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14/03/2015
Une cigogne volait vers l'ubac
Marcella avait dormi d'un sommeil profond et réparateur. Et elle aurait dormi davantage si elle n'avait pas été réveillée par l'air frais et plein de senteurs de ce début de printemps. La veille au soir Tiberio n'avait pas fermé complètement la fenêtre et le tissu vaporeux des rideaux ne constituait pas une barrière suffisante pour retenir la fraîcheur du matin.
Elle s'étira avec paresse et enfila un pull par-dessus sa nuisette, puis elle alla refermer la fenêtre. Elle pouvait maintenant apprécier la chaleur du soleil qui passait à travers les carreaux. Au loin une cigogne aux plumes noires se dirigeait à tire d'ailes vers l'ubac.
Marcella resta un moment à observer le paysage et pensait qu'à l'heure qu'il était elle serait peut-être en train de ramasser coques, palourdes et autres bernard-l'hermite s'ils étaient allés sur la côte. Finalement elle était heureuse d'avoir choisi la montagne. L'hôtel Stella del Nord à Courmayeur était parfait pour ces vacances de printemps.
Ils avaient déserté Rome sans prévenir leurs amis et avaient coupé leurs portables. Seuls leurs employeurs étaient au courant. Ils avaient besoin de se reposer et aussi d'un peu d'insouciance. L'univers ne s'arrêterait pas de tourner en leur absence. Ce qui leur manquait à Rome c'était la liberté de faire tout ce qui leur plaisait à l'heure qu'ils le souhaitaient. Ici il n'y avait pas d'urgences à gérer. Marcella n'en pouvait plus de courir partout et de devoir faire attention de ne pas être suivie lorsqu'elle sortait de chez elle. Ses affinités avec le professeur Berghetti la rendait vulnérable. Elle savait qu'elle était une cible pour ceux qui en voulaient à Francesco.
Tiberio était réveillé mais il n'arrivait pas à s'extirper du lit. Il aimait la douceur de l'édredon qui glissait sur sa peau. Quand enfin il réussit à se lever, il eut une vision étrange. Marcella, toujours postée à la fenêtre, semblait nimbée de lumière. Un rayon de soleil, comme le prolongement d'un doigt de Dieu, descendait sur elle. Tiberio pouvait y voir virevolter des milliers de grains de poussières. On aurait dit une madone descendue des Cieux. Puis, il alla l'enlacer avec volupté et la serra tout contre lui.
Ce texte a été rédigé pour les Plumes d'Asphodèle de mars. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.
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08/03/2015
Les dimanches poétiques (151)
"Le bonheur est bref. Je l'ai toujours su. Entreras-tu jamais dans ma vie? Je suis terriblement vivante. Tu me sens retenue. J'avance voilée. Si tu savais à quel point je me retiens. Je ne voulais pas d'amour car il provoque le chaos et il m'affole. Je souhaitais seulement être contre toi. Tout contre. Trouver des raisons de te haïr. Et ça n'a pas été compliqué.
J'avais espéré qu'un homme comme toi me dirait les choses les plus vraies et les plus profondes, doucement. J'ai attendu que tu me parles avec tendresse et passion.
J'attends toujours."
Patrick POIVRE D'ARVOR Fragments d'une femme perdue
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27/02/2015
Laisser tourbillonner son esprit
"Merci", avait dit Marcella à la serveuse qui lui tendait une assiette parée d'une grosse part de gâteau au chocolat qu'elle venait de choisir. Puis, elle avait pris le café latte posé sur le comptoir pour aller s'installer sur une banquette située dans le fond du salon de thé. Marcella aimait les banquettes tendues de velours, moelleuses, dans lesquelles on pouvait s'enfoncer pour oublier le monde autour et laisser tourbillonner son esprit. D'ailleurs elle aimait laisser vagabonder son esprit, tel un goéland qui sillonne le ciel sans but précis. Et cela très précisément quand elle avait des décisions à prendre.
Quand elle se posait beaucoup de questions sur un sujet, elle n'était pas du genre à méditer dessus. Elle n'essayait même pas de trouver une piste de réflexion. Les idées se présentaient à elle par surprise, parfois par hasard, toujours de façon inattendue. Il lui suffisait simplement d'accumuler assez d'infos sur le sujet et de laisser fonctionner son cerveau tout seul. Sans qu'elle s'en rende compte, ses méninges faisaient des connections et reliaient les différents éléments entre eux. Marcella faisait partie de ces personnes (peu nombreuses) qui avaient un raisonnement global. On ne pouvait même pas dire que c'était de l'inspiration. C'était plutôt comme des tisons qui attendaient qu'on souffle dessus pour que le feu reprenne.
Il n'était pas nécessaire qu'elle se fixe des objectifs. Pas de bataille à mener pour trouver des solutions. Son cerveau établissait lui-même, avec souplesse, la meilleure stratégie pour résoudre les problèmes.
Son mode de raisonnement n'était pas toujours compris et il était parfois assimilé à une forme de culot car bien souvent Marcella n'avait pas d'explication à donner quand on lui demandait de justifier ses conclusions. Des conclusions qui s'avéraient être les bonnes, ce qui ne manquait pas d'agacer ses collègues et ses amis. Quelques supérieurs hiérarchiques, qu'elle ne voyait pour ainsi dire jamais - des hypocrites - avaient essayé de comprendre comment elle arrivait aux bonnes conclusions mais elle était incapable de donner la moindre explication.
Ce texte a été rédigé pour les Plumes d'Asphodèle. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.
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22/02/2015
Les dimanches poétiques (150)
"Je m'arrêtai soudain, interloqué. Un souvenir furtif venait de se planter dans mon cerveau comme une flèche au milieu d'une cible.
Le vieux laquais aux cheveux gris, dans le bureau du notaire. Il m'avait proposé le seul repas que j'aurais été incapable de refuser, comme s'il connaissait mes goûts depuis des années, et avait ajouté sur le ton de la connivence: "Les cailles farcies et les gâteaux de Savoie ne constituent sans doute pas un repas idéal le soir." C'était au mot près la réflexion que m'avait faite Holmes un soir après dîner.
Simple coïncidence?
Un peu plus tard, l'homme à la bûche. Il avait glissé une grosse bûche dans l'âtre et s'était adressé à moi, comme si nous étions de vieux amis: "Un bon feu de cheminée apaisera vos rhumatismes, docteur Watson. Je sais de quoi je parle."
Comment ce bonhomme savait-il que j'avais des rhumatismes? Avait-il simplement repéré la présence de ma canne à côté de mon fauteuil? M'avait-il surpris en train de me masser les genoux?"
Bob GARCIA Le testament de Sherlock Holmes
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09/02/2015
Du baume pour le coeur
Je ne dirai pas que la semaine a été mauvaise mais je ne peux pas dire que ce fut une grande semaine. J'ai été agacée, voire énervée par mes congénères certains jours. Les uns ne comprenant rien, souvent lents, et moi devant leur réexpliquer un truc trois fois. Les autres se mêlant de ce qui ne les regardent pas et qui sont à l'affût du moindre faux pas, qui veulent en savoir plus sur vous pour avoir prise sur vous, affûter leur lance pierre et vous envoyer une réflexion dans la tronche au moment où vous ne vous y attendez pas.
Bref, j'apprends qu'il ne faut rien dire, cloisonner ses vies, ses centres d'intérêts. Finalement il faut être transparent, lisse, ne rien laisser paraître. En gros j'apprends que dans bien des cas on a juste intérêt à se taire.
J'avais donc besoin, en cette fin de semaine, d'un peu de baume pour mon cœur. Comme je l'avais projeté je suis allée en ville samedi après-midi. Et les cieux étaient avec moi. Un magnifique soleil d'hiver et un ciel bleu azur pour déambuler dans les rues piétonnes. Acheter du parfum et deux bouquins. S'arrêter boire un café. Se mélanger à la foule et essayer de ne pas trop penser.
Je ne suis finalement pas revenue avec les bouquins que je voulais. J'ai craqué pour deux autres ouvrages. J'avais entendu beaucoup de bien du livre Réparer les vivants de Maylis de Kerangal et il fait écho à un sujet évoqué cette semaine. Quant à celui d'Anthony Horowitz, j'en avais entendu parler sur Twitter. J'avais demandé en anglais à l'auteur s'il était sorti en France. Et il m'avait répondu en français "oui".
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08/02/2015
Les dimanches poétiques (149)
"Dans la foulée, j'ai aussi commencé une lettre à Paul Rialto, mais je ne suis pas parvenu à rédiger plus de deux lignes. Je le revoyais, l'année précédente, commentant un passage de Proust. Son aisance. Son élocution. Sa pertinence. Les phrases naissaient et s'épanouissaient dans la classe, elles étaient chatoyantes. Je ne prenais aucune note. J'étais fasciné. Je ne pourrais jamais produire un travail d'une telle qualité. Mais bon, personne ne me le demandait. J'étais le tâcheron acharné qui, un jour, sait-on jamais, à la faveur du forfait d'un champion, pourrait peut-être ramener une médaille de bronze à l'équipe nationale, médaille dont tout le monde se réjouirait pendant cinq minutes avant de l'oublier."
Jean-Philippe BLONDEL Un hiver à Paris
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