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10/12/2010

Et si on dansait? - E. ORSENNA

9782253134473[1].gifVoici le dernier opus des aventures de Jeanne. Après La grammaire est une chanson douce, Les chevaliers du subjonctif et La révolte des accents, elle résoud ici une sombre affaire de ponctuation. Notre Jeanne, devenue "écrivain fantôme", rédige lettres, devoirs et discours pour ceux qui ont du mal avec les mots.

Elle travaille pour des élèves, des amoureux mais aussi pour des politiques. Parmi ceux-ci, le président Bonenvature. Un jour qu'elle doit lui rendre visite et qu'il met à disposition son hélicoptère , Jeanne repère une bande noirâtre sur la mer au-delà du cap Juliette. Le pilote affirme que c'est de la pollution. Mais Jeanne est sceptique. Cela ne ressemble en rien aux couches de mazout. En plongeant la main dans l'eau elle découvre l'impensable... Ce sont en fait des phrases entières qui se sont échappées de livres entassés dans la carcasse d'un bateau.

Grâce au Musée International du rythme et de M. Traversière (qui a longtemps travaillé dans une imprimerie), Jeanne va tenter de redonner chaque phrase et chaque ponctuation aux histoires sorties des livres. Ils vont y passer la nuit. La ponctuation est une affaire de rythme. Les phrases en ont besoin tout comme les histoires d'amour...

Voilà une bien jolie histoire. Pourquoi n'apprendrait-on pas aux enfants ce qu'est la ponctuation en leur faisant lire ce livre d'Erik Orsenna? Cela paraît tellement simple avec lui. Pas de jargon. Pas de phrases alambiquées. C'est fluide et drôle. Ca se lit très vite. Et ça fait du bien à l'âme.

Et si on dansait? - Erik ORSENNA - Ed. LGF/Livre de poche - 2010

07/12/2010

Carnets de naufrage - G. VIGNEAULT

genere-miniature[1].gifCarnets de naufrage est un livre que j'ai choisi un peu par hasard pour le challenge "La Plume Québécoise" lancé par Suzanne et c'est une belle surprise. Une écriture rafraîchissante.

Guillaume Vigneault - fils du chanteur Gilles Vigneault - nous raconte dans ce livre les naufrages d'Alex. Alexandre, marié depuis un peu plus de quatre ans à Marlène, ne sait plus très bien où il en est. Il a un peu fait le con et sa chérie s'est tirée avec son meilleur ami. Dans un premier temps notre héros - qui est en fait un anti-héros - se console dans les bras de Camille. Mais il s'avère que tous les deux ne sont pas vraiment sur la même longueur d'ondes. Plus tard il déménage chez une amie de fac puis finit par s'installer avec un pote dans un grand loft où tout est à refaire. Là, il reçoit une carte postale d'un ami partit vivre au Mexique. Un ami qui l'invite à le rejoindre.

Alex décide un beau jour de prendre l'avion pour y aller et emmène dans ses bagages Katarina, sa nouvelle conquête. Mais celle-ci est dans une histoire d'amour compliquée et rentre au Canada au bout de trois jours. Alex essaie de réapprendre à vivre et à surfer avec un type qu'il a repéré sur la plage voisine.

Est-ce que ses vacances au soleil vont lui remettre un peu de plomb dans la tête? Est-ce qu'il va tout lâcher pour s'installer définitivement au Mexique? Va-t-il reconquérir Marlène?

Je ne me suis pas ennuyée en lisant ce livre qui traite un peu du "spleen" des jeunes dans la société d'aujourd'hui. Une belle plume. Je lirai sans aucun doute d'autres livres de cet auteur et en particulier Chercher le vent, qui a reçu plusieurs prix au Canada.

Carnets de naufrage - Guillaume VIGNEAULT - Ed. Points - 2008

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  Objectif 5/4

01/12/2010

L'Entreprise des Indes - E. ORSENNA

9782234063921[1].gifC'est toujours un plaisir d'ouvrir un livre d'Erik Orsenna parce que je sais que l'auteur va me faire voyager. Dans ce présent ouvrage il nous fait voyager dans l'espace mais aussi dans le temps.

Il s'agit ici de la mise sur pied du voyage de Christophe Colomb vers l'ouest pour atteindre les Indes. On sait bien sûr aujourd'hui que ses calculs étaient faux et que ce qu'il a découvert est tout simplement un autre continent. Mais à l'époque les marins, et plus particulièrement ceux qu'on appelait les "découvreurs", se nourrissaient uniquement des récits de ceux qui avaient parcouru le monde en bateau ou à pied pour évaluer les distances et tracer des cartes. Les cartes ont une grande place dans ce roman, ainsi que les cartographes dont Bartolomé, le frère cadet de Christophe.

C'est ce frère qui nous raconte l'histoire. Âgé et retiré sur l'île d'Hispanola, il relate à un dominicain curieux et son scribe comment est né et a enflé le projet de son aîné de rejoindre les Indes par l'ouest.  Bartolomé nous raconte la vie maritime de Lisbonne, les habitudes des marins, les femmes, sa relation avec son frère et son dévouement envers celui-ci. Mais le royaume du Portugal ne retient pas le projet et Christophe propose son Entreprise aux voisins espagnols qui vont affréter trois caravelles.

Le style n'est pas ampoulé, les mots avancent sur l'eau au gré du vent et des souvenirs de Bartolomé. Ils prennent la couleur des impressions et des sentiments, voguent vers le lointain ou s'en reviennent au port avec la marée. C'est une belle aventure que nous livre Erik Orsenna, qui était venu en parler il y a quelques mois à la librairie l'Armitière à Rouen, pour notre plus grand bonheur.

L'Entreprise des Indes - Erik ORSENNA - Ed. Stock/Fayard - 2010

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 Objectif 5/10

24/11/2010

Le sixième homme - F. Fouquet et J. Papin

9782844784759[1].gifVoilà un témoignage comme on aimerait en lire plus souvent. Ce témoignage, c'est celui de Jacques Papin, ancien résistant, qui a trompé la mort plusieurs fois et de façon très spectaculaire le 29 août 1944 dans le Pays de Bray.

Arrêté en haut de la côte des Hayons par des S. S. alors qu'il revenait d'une mission avec cinq compagnons, Jacques Papin tente le tout pour le tout. Les jeunes hommes, qui venaient de récupérer un fusil mitrailleur, sont accusés de terrorisme et priés par les officiers allemands de s'aligner au bord d'un trou creusé par un obus. Plus aucun doute sur leur destin quand ils voient les canons des armes pointés dans leur direction. Mais Jacques Papin profite d'un moment de confusion pour fausser compagnie aux S. S. Il se laisse tomber en boule dans le trou et prend ses jambes à son cou. Il parviendra à échapper aux Nazis en montant, à bout de forces, dans un arbre.

C'est toute son histoire (de sa naissance à ce moment tragique) qu'il nous raconte. On apprend qu'il n'a pour ainsi dire pas connu ses parents et qu'il a été placé très jeune chez des religieuses, ce qui dans les moments délicats de sa vie, le poussera à s'en remettre à Dieu. On apprend également comment il est entré dans la Résistance et ses débuts peu concluants avec son camarade Jean Binet.

Très heureuse de lire un témoignage sur un coin de la Normandie que je connais. Un témoignage qui ne se veut pas moralisateur et dans lequel Jacques Papin ne fait pas de l'autojustification à toutes les pages. Un petit bémol cependant. Même si ce livre est plaisant à lire (malgré les atrocités de cette période) j'ai été stupéfaite du nombre de coquilles dans les pages sans parler des mots manquant dans certaines phrases. J'espère que ce n'est pas comme cela dans tous les exemplaires.

Enfin, je remercie Rosimua (qui se reconnaîtra) pour le prêt de l'ouvrage.

Le sixième homme - François FOUQUET et Jacques PAPIN - Ed. Cheminements - 2006

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   Objectif: 4/10

19/11/2010

Une Américaine instruite - J. CHEEVER

9782070362110[1].gifCe recueil comprend deux nouvelles. La première s'intitule "Adieu, mon frère". Elle relate les vacances de trois frères, de leur soeur ainsi que de leur mère à Laud's Head. Tout le monde semble apprécier ce séjour d'été mais l'un des frères gâche tout. Il pourrit l'ambiance, ce qui va mettre à vif les nerfs des autres. Il finit par quitter la maison familiale.

La deuxième nouvelle, "Une Américaine instruite", est assez singulière. Une jeune femme, très intelligente et mariée à un homme qui ne l'est pas autant, s'investit tellement dans divers combats qu'elle en perd son enfant. Le plus étonnant dans l'affaire c'est que le narrateur (on ne connaît pas son nom) défend la jeune femme plutôt que le mari dont elle divorce peu de temps après le drame.

L'écriture de John Cheever interpelle, agace parfois. Il décrit avec lucidité la société américaine de son époque. Sa plume est souvent acerbe et il ne choisit pas toujours le parti du plus grand nombre. Un écrivain à découvrir plus en profondeur. J'ai très envie d'ouvrir Les lumières de Bullet Park.

Je remercie Mrs Pepys qui a choisi ce livre pour le Swap American Sixties.

Une Américaine instruite - John CHEEVER - Ed. Gallimard/Folio - 2008

15/11/2010

Savoir perdre - D. TRUEBA

9782081222809[1].gifVoici un livre assez particulier, divisé en quatre parties. C'est l'histoire d'une famille madrilène au centre de laquelle se trouve Sylvia, une lycéenne de 16 ans qui vit avec son père, sa mère ayant quitté le domicile conjugal pour aller vivre avec son nouveau compagnon et patron à Saragosse.

On apprend rapidement que le père de Sylvia, Lorenzo, a tué son ancien associé qui l'a roulé. La police mène une enquête mais Lorenzo n'est jamais vraiment inquiété. Il va essayer de se reconstruire après le départ de sa femme. Il vit de petits boulots et tente une relation avec Daniela, la nounou des voisins du dessus. Mais rien n'est gagné...

Leandro, le père de Lorenzo, se conduit comme un idiot alors que sa femme, Aurora, s'est cassée la hanche. On apprend plus tard qu'elle a en fait un cancer et son état va empirer. Leandro se paie les faveurs d'une prostituée Nigériane pour oublier le quotidien. Mais la prostituée se fout bien de lui. Ce qui l'intéresse c'est l'argent. Leandro va aller jusqu'à hypothéquer sa maison pour ses folies sexuelles et va se brouiller avec un ami pianiste à la renommée internationale. Lorenzo tente à la fin de rattraper les bêtises de son père et ne lui demande pas trop d'explications. A-t-il le droit, d'ailleurs, de lui demander des comptes après ce qu'il a fait lui-même?

Sylvia va quant à elle nouer une relation avec Ariel, un footballeur argentin, après qu'il l'ait renversé un soir où il était ivre. Il est allé à l'hôpital pour lui demander pardon. Le jeune argentin, recruté pour son pied gauche extraordinaire, va en fait faire une saison passable dans l'équipe madrilène et sera contraint de trouver une autre équipe pour la saison suivante. Sylvia délaisse les études et met en péril son année scolaire.

David Trueba a voulu nous montrer ici la décadence de la société. C'est pas joli joli! Les personnages connaissent tout d'abord des hauts, tout semble leur réussir, puis très vite c'est la chute, voire l'enfer. Il faut apprendre à vivre avec ses erreurs et s'adapter à de nouvelles situations. Chacun porte des blessures - plus ou moins visibles - et tente de les cicatriser. Les solutions ne sont pas toujours les bonnes...

La lecture a été longue et au début j'ai eu un peu de mal à accrocher. Je ne savais pas trop où l'auteur voulait m'emmener. Puis, je me suis attachée aux personnages. Certains m'ont dégoûtée... On sait exactement ce que chacun pense. Mais parfois David Trueba nous donne trop de détails. Il se perd en longueurs... De savoir comment les protagonistes s'envoient en l'air (que ce soit avec une prostituée ou leur petite amie) je m'en fiche pas mal. Ce qui m'intéresse c'est de savoir comment ils en sont arrivés là. Point.

Il y a cependant des moments forts dans ce livre. Mon avis est donc partagé, vous l'aurez compris.

Ce livre a été chroniqué dans le cadre d'un partenariat avec Chroniquesdelarentreelitteraire.com et Ulike.

Savoir perdre - David TRUEBA - Ed. Flammarion - 2010

12/11/2010

Bacalao - N. CANO

9782869599093[1].gifJe tiens tout d'abord à remercier Nicolas Cano d'avoir eu la gentillesse de me faire parvenir un exemplaire de son ouvrage. Je vais essayer de vous en rendre compte fidèlement, en évoquant ce qui m'a plu et aussi le reste. C'est mon point de vue - un parmi tant d'autres - et il n'engage que moi.

L'auteur nous livre ici une histoire d'amour. Une jolie histoire d'amour mais plutôt à sens unique. Vincent Bergès, professeur de lettres dans un lycée privé, tombe sous le charme d'Ayrton, un étudiant d'origine portugaise qui effectue sa rentrée après tous les autres. L'adolescent devient l'obsession du professeur qui en pince sacrément pour lui. Il va jusqu'à accompagner le jeune homme à Madère où vit sa grand-mère pendant les vacances de la Toussaint. Vincent Bergès renierait famille, amis et patrie pour les beaux yeux d'Ayrton qui a bien conscience que le prof est à sa merci.

J'ai été charmée par l'écriture fluide, les phrases musicales et les chapitres qui en disent assez sur l'avancement de l'histoire sans être trop longs. Nicolas Cano ne se perd pas en fioritures, il ne dévoile pas tout, ou en tout cas pas tout de suite... Ce qui nous pousse à tourner les pages rapidement pour connaître la suite et le dénouement de l'histoire.

Même si c'est un amour à sens unique, on ne peut pas réellement parler d'une passion platonique. On constatera d'abord que la libido du prof fonctionne à merveille! De savoir qu'il a une érection (appelons un chat un chat) dès qu'Ayrton l'effleure, je m'en fiche un peu à dire vrai. Et ça n'apporte rien au livre. Par ailleurs, je vois mal un garçon de 17 ans dire à son prof de lettres qu'il "a envie de se faire sucer" alors qu'ils sont censés travailler sur la syntaxe lors d'un cours particulier...

Ceci étant dit, il y a de très beaux passages dans ce livre qui nous parle d'une certaine façon de la "maladie d'amour".

Bacalao - Nicolas CANO - Ed. Arléa - 2010