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22/07/2012

Les dimanches poétiques (79)

"Et maintenant c'est à vous, écrivez-moi, Emmi. Ecrire, c'est comme embrasser, mais sans les lèvres. Ecrire, c'est embrasser avec l'esprit."

Daniel GLATTAUER Quand souffle le vent du nord

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15/07/2012

Les dimanches poétiques (78)

"Souvent on souhaite la répétition des choses; on désire revivre un moment échappé, revenir sur un geste manqué ou une parole non prononcée; on s'efforce de retrouver les sons restés dans la gorge, la caresse que l'on n'a pas osé donner, le serrement de poitrine disparu à jamais."

Mathias ENARD Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

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14/07/2012

La langue de l'autre

Elle dénoua le ruban qui retenait les lettres qu'elle avait conservées dans un petit coffret rococo et les jeta dans la cheminée avec quelques regrets. Tout son être se rebellait. Ses confrères avaient franchi le rubicond, leur conduite était impardonnable. Les flammes léchaient le papier comme les vagues le rivage. Bientôt il ne resterait plus rien de leur correspondance. La rumeur avait été plus forte qu'eux. Ce foutu rouleau compresseur de jalousie et de haine avait eu raison de leur attachement.

A dire vrai ils n'avaient pas besoin de se parler ni de s'écrire pour se comprendre. Ils avaient appris la langue de l'autre: les mots devenaient des codes, les intonations des clés. Les autres étaient verts de rage, ne comprenant rien à leur langage.

Ils s'étaient rencontrés en décembre. C'est  Victoria qui avait fait le premier pas. Elle lui avait parlé de la couleur de sa cravate, de roses et de chevaliers russes. Elle roucoulait. Lui écoutait sans rien dire. 

Mais leur relation n'avait pas été sans heurts. Il y avait eu quelques ratures. Victoria ne pouvait s'empêcher de dire le fond de sa pensée, le blessant parfois. Elle s'en voulait un peu de le malmener mais préférait la vérité - fusse-t-elle difficile à entendre - plutôt que des encouragements hypocrites. Elle râlait souvent et il la trouvait parfois rasoire.

Lui ce n'était pas vraiment un rigolo mais Victoria aimait les hommes au caractère bien trempé. C'était un adepte du rodéo fier de montrer sa récolte de trophées. Un autre de ses dadas était la chasse au ragondin. Dans son village ils en faisaient du pâté. Victoria avait pris un air dégoûté quand il lui avait raconté. A-t-on idée de faire du pâté avec un animal aussi peu ragoûtant? 

Texte écrit dans le cadre du jeu  Les plumes de l'été (R) initié par Asphodèle. Il n'est pas libre de droits, la photo non plus.

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11/07/2012

Parle-leur de batailles... - M. ENARD

livres,littérature,mathias énard,romans,michelange,actu,actualitéVoilà un très beau roman que j'avais repéré il y a quelques temps sur la blogosphère. Tous les billets que je lisais en disaient du bien. Et je ne vais pas faire exception. C'est une formidable histoire que nous raconte Mathias Enard dans une langue française taillée comme un diamant. 

En 1506 Michel Ange est invité à Constantinople par le Sultan Bayazid qui le charge d'élaborer les plans d'un pont qu'il souhaite construire au-dessus de la Corne d'or. Un travail ardu dans lequel a échoué le célèbre Léonard de Vinci. Michel Ange est choyé comme un prince, tout est mis à sa disposition afin qu'il puisse travailler dans les meilleures conditions. On lui donne un atelier avec des dessinateurs, des serviteurs qui ne savent pas quoi faire pour le combler et de l'argent pour ses frais quotidiens.

Mathias Enard imagine le travail de Michel Ange mais aussi ses rencontres, ses impressions sur Istanbul et ses réactions sur les Stambouliotes. Des complots sont tissés autour de lui, des jalousies se font jour. Mais ce que je retiendrai plus particulièrement de ce roman c'est l'éveil des sens et la fascination de l'artiste pour une jeune danseuse (dont on ne saura que très tard s'il sagit d'un homme ou d'une femme). Le toucher et la vue de l'artiste sont constamment mis à contribution et on le suit avec plaisir de découverte en découverte.

Ce fut vraiment un bon moment de lecture. Il me reste l'impression d'un conte que j'aurais rêvé et qui ne se serait pas évanoui à mon réveil.

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants - Mathias ENARD - Ed. Actes Sud - 2010

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01/07/2012

Les dimanches poétiques (77)

"Cette réponse causa à Darcy un bonheur tel que sans doute il n'en avait point encore éprouvé un semblable, et il l'exprima dans des termes où l'on sentait toute l'ardeur et la tendresse d'un coeur passionnément épris. Si Elizabeth avait osé lever les yeux, elle aurait vu combien l'expression de joie profonde qui illuminait sa physionomie embellissait son visage. Mais si son trouble l'empêchait de regarder, elle pouvait l'entendre: et tout ce qu'il disait, montrant à quel point elle lui était chère, lui faisait sentir davantage, de minute en minute, le prix de son affection."

Jane AUSTEN Orgueil et préjugés

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Cloître Saint-Trophime à Arles

(La photo n'est pas libre de droits.)

28/06/2012

Nuit d'encre - Ph. HUET

livres, littérature, romans, presse, journalisme, philippe huet, actu, actualitéJ'ai beaucoup aimé ce polar qui se passe dans le milieu de la presse. Nous sommes dans les années 70 et Paul-Henry Sternis est le tout-puissant patron d'un quotidien régional. Bien que diminué par la maladie, il semble indestructible. Tel un phénix, il renaît chaque fois qu'il respire l'atomosphère de son journal.

Mais Sternis a des ennemis, notamment ceux qui ont tout perdu lors de la dernière guerre. Beaucoup acceptent mal que le petit imprimeur d'origine juive soit devenu le patron du journal régional de référence. Les rancunes ne sont pas éteintes et lorsqu'un flibustier de la presse lance une offensive pour racheter le titre, c'est le début de la fin. Tous ceux qui jusque là avait tu leurs rancoeurs ne vont pas se priver pour lui tirer dans le dos.

Philippe Huet a fignolé les portraits de ses personnages tant sur le plan physique que sur le plan psychologique. Un vrai régal. Une belle plume qui mérite le détour. Les principaux personnages ont été inspirés de patrons de presse et de journalistes ayant existés. Ceux qui connaissent l'histoire du quotidien Paris Normandie les reconnaîtront sans difficulté.

Nuit d'encre - Philippe HUET - Ed. Albin Michel - 2012 

24/06/2012

Les dimanches poétiques (76)

Le Pont Mirabeau - Guillaume APOLLINAIRE

Sous le point Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu'il m'en souvienne

La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante

L'amour s'en va

Comme la vie est lente

Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

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